La Fédération Léo Lagrange et son maillage associatif de tiers- lieux jeunesse, Alphaléo et d’espaces d’animation pour les adolescent.es, Hub Léo, s’est mué, depuis le début d’année 2023, en terrain de voyages et d’échanges inter-structures par lequel créer, et mener des collaborations. Au programme de ces rencontres mobilisant des structures Alphaléo et Hub Léo vecteurs de ressources et d’accompagnements pour les jeunes, accueillant respectivement des individus âgés de 16 à 25 ans et des adolescent.es de 11 à 15 ans, une multitude de visites, des ateliers ludiques et artistiques, des discussions, afin de tisser un lien étroit à entretenir et préserver. Focus sur les échanges entre les tiers lieux Alphaléo La Grange aux Projets de Dijon, et le Hub Léo L’envol de Montbéliard.
Certes les villes de Dijon et de Montbéliard ne se situent pas à une grande distance l’une de l’autre. Une courte distance parcourue peut cependant rimer avec découverte, échange et partage : si le 10 février des ados issus du centre social Léo Lagrange L’envol ont visité Dijon et La Grange aux Projets, les membres de ce dernier ont fait le 12 avril, le chemin inverse avec la motivation d’engager une dynamique régionale, afin de mutualiser savoir et compétence entre les différents dispositifs et de stimuler la créativité et l’ouverture aux autres des jeunes. Si organiser de tels événements relèvent d’une certaine logistique, l’origine même du projet est assez simple, voire instinctive : « On a eu l’idée d’un échange et d’une rencontre simplement par le biais de discussions téléphoniques, d’abord avec la volonté d’emmener des jeunes aux festival de Cannes. On s’est ensuite dit que ce serait une bonne idée d’organiser des rencontres sur 24 heures dans nos villes », indique Anaïs Kromicheff, accompagnatrice de projets Alphaléo au sein de la Grange aux Projets. La visite de Dijon, comme celle de Montbéliard, envisagent de mettre en avant le pan touristique, au même titre que celui du partage et du dialogue ; ce dernier se voulant être pluriel et étendu, puisque les jeunes participant.es de Montbéliard ont en entre 11 et 16 ans, contre une moyenne de 25 ans pour les Dijonnais.es.
Se rencontrer dans la différence pour mieux tisser un lien
Ces rencontres s’organisent en deux temps, « des visites le matin, et des activités l’après-midi », poursuit Anaïs. Si découvrir les villes passe par la visite matinale de lieux culturels et emblématiques, comme le musée Peugeot de Sochaux ou encore le Jardin Darcy de Dijon, la journée se poursuit sur le terrain de l’échange et du partage ludique, comme l’indique Quentin, directeur du secteur ado de L’Envol : « On a fait connaissance autour de grands jeux de société et d’ateliers, un UNO géant, un jeux des qualités, puis on a échangé et partagé autour du temps des repas, du goûter, sur la vie d’EQPV et des quartiers ». Si ces activités ont brisé la glace entre des jeunes à l’écart d’âge non négligeable, cette différence est tout de même jugée « pertinente et utile » par Quentin. À Anais de compléter que « cette différence suscite également une certaine fraternité et sororité entre les jeunes issus de tiers-lieux différents. ».
A partir du dialogue de société, tisser un lien artistique
Des visites dont la finalité est de créer un pont entre deux lieux acteurs sociaux respectifs de leurs territoires ; un lien qui tend à impliquer artistiquement ceux qui participent à l’entretenir, précisément par les prismes audiovisuel et cinématographique : « On a permis aux jeunes de la rencontre d’utiliser Mashup Table, un outil de montage vidéo instantané. Après avoir rédigé leurs scénarios, les petits groupes ont monté un court métrage d’une minute, avec lequel ils ont pu repartir. » poursuit Anaïs. « Cet atelier répond à plusieurs discussions que l’on a menées avec ces groupes autour de l’éducation à l’image : comment une image seule peut avoir une signification, ou une toute autre lorsque cette même image est accompagnée d’images très différentes. ». La finalité, et pas des moindres, de ces approches audiovisuelles, serait une participation prochaine au festival de Cannes : « Un projet que l’on aimerait voir aboutir, celui, en 2024, de monter les marches du Festival de Cannes avec des jeunes de l’association Regards jeunes sur le Cinéma. On envisage, pour rassembler, une sensibilisation au harcèlement ou à la maladie sous forme de court-métrage. On va également accueillir des artistes et des acteurs culturels qui ont réussi, « percé », afin de les faire dialoguer avec des jeunes du centre ». Des partenariats que l’Envol de Montbéliard expérimente déjà, au travers de rencontres intergénérationnelles mensuelles au sein de la ville et du centre social : ce dialogue entre personnes âgées et adolescent.ess ouvre la voie à une activité commune prévue en Juin avec Ségolène Thuillarde, artiste plasticienne et performeuse, afin d’actualiser et revisiter, par le prisme jeune, la broderie et notamment le Cale a Diairi, un bonnet typique du pays de Montbéliard.
La multiplicité des dialogues et des projets artistiques ouvre le champ des possibles pour une jeunesse soucieuse de s’impliquer. Ces rencontres intergénérationnelles entre Alphaléo et Hub Léo, en plus de permettre la réunion d’individus d’âges et de lieux de vie différents, démocratise par la pratique et le dialogue les champs artistiques, qui plus est ceux de l’audiovisuel, et du cinéma. Les jeunes de Montbéliard et Dijon ont pu se revoir les 18 et 19 avril derniers à l’occasion d’une rencontre Horizon Aéro vouée à mettre la lumière sur les métiers de l’aéronautique et de l’aérien. Une nouvelle réunion qui ne les empêche pas d’envisager de se revoir une nouvelle fois cet été, peut-être à mi-chemin entre Dijon et Montbéliard. À Besançon ? Nous verrons !