Alors que la rentrée scolaire bat son plein et que les enfants, adolescents et jeunes adultes retrouvent les bancs de l’école ou les centres de formation, il est temps de s’interroger : que reste-t-il de leurs vacances ? Pour certains, des souvenirs éclatants de plages ensoleillées, de randonnées en montagne ou de voyages exotiques. Pour d’autres, des moments plus sédentaires et routiniers.
En cette année 2023, la France connaît son taux de chômage le plus bas depuis quatre décennies. Cependant, il est alarmant de constater que près d’un Français sur deux ne part toujours pas en vacances*. Le fait de partir en vacances ou non est très souvent lié aux inégalités de niveau de vie. Selon le CREDOC, les vacances et les loisirs sont, « chaque année depuis près de quarante ans », le poste de dépenses sur lequel les Français déclarent se restreindre en priorité. D’autres obstacles subsistent, tels que le non-recours aux droits sociaux, l’absence de culture de la mobilité ou encore l’auto-censure, qui contribuent à cette inégalité persistante.
Le droit aux vacances : une priorité pour la Fédération Léo Lagrange
La Fédération Léo Lagrange a toujours considéré le droit aux vacances pour tous comme une préoccupation centrale. Comment se sentir citoyen à part entière lorsque l’on est exclu de la possibilité de prendre des vacances ? Notre engagement en faveur de ce droit se manifeste tout au long de l’année à travers diverses actions et initiatives.
Bien que cette question semble souvent reléguée au second plan par nos responsables politiques, nous saluons les récents débats suscités par des propositions concordantes de divers acteurs, tels que la Fondation Jean Jaurès, ATD Quart Monde, et bien sûr, la Fédération Léo Lagrange. La création d’un « pass colo, » annoncée par le gouvernement cet été et que nous avons ardemment soutenue au sein de la Jeunesse au Plein Air, est également une avancée notable.
Au-delà des vacances d’été : L’importance du temps libre
La question du temps libre ne se limite pas aux vacances d’été. La culture du temps libre a, en effet, pris une place prépondérante dans la vie des Français, surpassant même celle du travail. Pour nos enfants, ces moments quotidiens dédiés aux loisirs, au repos et à l’acquisition de nouvelles compétences sont cruciaux. Qu’ils soient vécus en groupe ou individuellement, dans nos accueils de loisirs et périscolaires, nos centres sociaux, les clubs associatifs, ou même en famille, ces moments sont tout aussi essentiels à leur apprentissage et à leur épanouissement que le temps passé en classe. Ils viennent en complément de l’éducation formelle et de la formation académique, enrichissant ainsi le parcours éducatif de chaque jeune.
Une politique publique du temps libre ne peut donc se résumer à quelques mesures, elle doit engager un véritable changement de paradigme. C’est dans cet esprit qu’au début de l’été les principales fédérations d’éducation populaire ont soumis au comité de filière de l’animation un certain nombre de propositions et orientations concrètes. Mais au-delà de ce cadre, il est essentiel de remettre autour de la table l’ensemble de la communauté éducative : familles, éducateurs, enseignants, animateurs, associations, élus, chercheurs, afin d’organiser une convention citoyenne qui pourrait déboucher sur une véritable réforme des temps libres, alors que la dernière grande loi sur les rythmes éducatifs nous a laissé un arrière-goût de révolution inachevée. Il n’est jamais trop tard pour en reprendre le chemin collectivement.
*Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), on appelle vacances, depuis 1995, l’ensemble des déplacements d’agrément comportant au moins quatre nuits consécutives hors du domicile.