Lutter contre les inégalités de destin en accompagnant les parents et leurs jeunes enfants : tel est l’un des objectifs des maisons des 1000 premiers jours. La Fédération Léo Lagrange a ouvert cette année deux de ces dispositifs, à Dijon (21) et à Schiltigheim (67). Leurs référentes, Céline Rousselet et Lucile Antoine, nous expliquent leurs missions, de l’accueil inconditionnel de tous les parents à la dimension partenariale, indispensable à la réussite de ces lieux ressource sur la parentalité et le développement des tout-petits.
A l’origine : le rapport sur les 1000 premiers jours remis en 2020
La création des Maisons des 1000 premiers jours fait suite à l’une des préconisations formulées par le groupe d’experts, réunis autour du neuropsychiatre Boris Cyrulnik en 2020. Le rapport qu’ils ont remis au gouvernement avançait que 50% des parents se déclaraient en difficulté dans leur parentalité.
« Nous savons que les 1000 premiers jours représentent un moment crucial pour le développement de l’enfant et c’est aussi une période de grands bouleversements au sein du couple, dans la fratrie et pour chaque parent. Notre mission est donc de soutenir les parents pour qu’ils accompagnent au mieux leur bébé dans son développement », détaille Lucile Antoine, référente de la Maison des 1000 premiers jours de Schiltigheim.
Pour Céline Rousselet, référente de la Maison des 1000 jours à Dijon : « notre mission c’est aussi de lutter contre toute forme d’inégalités dès le plus jeune âge, inégalités sociales et de santé. Nos actions ont pour objectif de développer les compétences psychosociales des parents et futurs parents, afin de leur donner les « clés » pour favoriser le développement harmonieux du bébé, leur bien-être, leur confiance en soi, pour faire émerger les compétences parentales. On ne naît pas parent, on le devient ! »
Un diagnostic local pour identifier les besoins et co-construire des actions en complémentarité de l’existant
Les deux maisons des 1000 premiers jours Léo Lagrange sont installées dans les locaux de centres sociaux gérés par Léo Lagrange Centre Est : au Tempo pour Dijon et au centre social et familial Victor Hugo pour Schiltigheim.
Lucile a ainsi installé son matériel et le mobilier pour accueillir les familles dans les locaux de l’accueil de loisirs. Elle a pris ses fonctions en mars dernier et a démarré son poste par une phase de diagnostic local. Son objectif : identifier les besoins des familles, repérer les acteurs et actions déjà existantes et vérifier si elles touchent bien les familles du quartier prioritaire où est installé le dispositif. Ensuite, la professionnelle a commencé à élaborer son programme d’actions pour répondre, en complémentarité et en partenariat, aux besoins des parents.
Accueillir et accompagner les parents, être un lieu ressource sur la parentalité
La première mission des référentes du dispositif : l’accueil inconditionnel et gratuit de tous les parents qui la solliciteront. Les habitant.es des quartiers prioritaires représentent toutefois un public privilégié.
Lucile les accueille, leur présente la Maison, les écoute pour comprendre quels sont leurs besoins. En fonction de leurs demandes, elle les orientera éventuellement vers d’autres acteurs ou les accompagnera dans ces démarches. Elle précise : « nous ne sommes pas là pour dire comment être parent. Nous voulons être des lieux ressources pour que les parents trouvent toute l’information dont ils ont besoin, afin qu’ils puissent ensuite choisir ce qui leur convient et leur ressemble. »
Céline complète : « Nous avons l’ambition de développer le pouvoir d’agir des parents. »
Les 2 professionnelles ont également un rôle de prévention et transmission de messages en santé publique.
Créer un réseau partenarial pour orienter, se faire connaitre et co-animer des ateliers
Les référentes du dispositif doivent pour cela tisser progressivement un réseau partenarial, afin d’être en veille sur les actions qui pourront aider les parents et co-construire avec les acteurs compétents des événements et ateliers réguliers.
Les premiers ateliers ont démarré fin septembre à Schiltigheim. Sont prévus au programme :
- Un groupe d’échange intitulé « être parent, parlons-en », co-animé par Lucile et une psychologue. Pas de thème précis, si ce n’est répondre aux interrogations et inquiétudes des participant.es. Il s’agit d’un moment de répit, pour rompre l’isolement dont souffrent beaucoup de parents.
- Les bébés lecteurs, sur l’usage du livre avec les tout-petits et la découverte de la bibliothèque. Cet atelier est co-animé par Lucile et Florence, référente du secteur famille du centre social et familial Victor Hugo.
- L’atelier jeu et éveil, co-animé avec la ludothèque.
- Le yoga parent-bébé, pour travailler le lien parent-enfant et observer le bébé, ses signaux. L’atelier est animé par une intervenante extérieure.
- Le baby-gym, pour la motricité des tout-petits, animé par une psychomotricienne
- L’atelier « lien avec mon bébé », animé par Lucile, sur la notion d’attachement et de séparation.
Les référentes Maison des 1000 premiers peuvent en effet animer ou co-animer des ateliers, elles sont à minima présentes afin d’accueillir les parents et l’intervenant.e. Céline poursuit : « cette mission de référente est centrale pour créer avec chaque famille, le lien de confiance. La régularité des rencontres, des contacts, permet de tisser des liens solides et fiables, et de repérer les besoins avec pertinence. C’est ainsi que nous pouvons transmettre le bon message, au bon moment, c’est-à-dire quand le parent est prêt à l’entendre. »
De plus, elles réalisent la promotion du dispositif sur le territoire afin de le faire connaître. Les professionnelles vont à la rencontre des partenaires qui reçoivent des parents afin qu’ils puissent relayer l’information. Lucile a communiqué au sein du centre social et familial, auprès des coordinatrices petite enfance des 2 territoires ciblés par le dispositif. Une rencontre est prochainement prévue avec les maternités et elle échange globalement avec tous les partenaires de la santé, de la petite enfance, du médico-social et de la culture.
Pour Céline, ce travail de communication se réalise progressivement : « le lien avec les partenaires a débuté lors de la phase de préfiguration du projet, dès 2021.Il s’est formalisé et amplifié en 2023. J’ai organisé des demi-journées partenaires peu avant l’ouverture, cela a permis aux acteurs de terrain de découvrir le lieu, de me rencontrer et de disposer des premiers outils de communication. »
Un nouveau challenge pour Lucile et Céline !
Pour Lucile comme Céline, cette mission représente un nouveau challenge ! La référente à Schilitigheim est enthousiaste : « les 1000 premiers jours représentent une période très importante, il y a un réel besoin, pour les parents comme pour les bébés. Auparavant, je travaillais dans la protection de l’enfance, être aujourd’hui du côté de la prévention c’est très stimulant ! De plus, construire un nouveau dispositif et travailler en partenariat est très enrichissant ! »
Quant à Céline : « un nouveau challenge oui, au travers de la concrétisation d’un projet innovant et concomitant, pour moi, à l’obtention d’un diplôme universitaire de prévention et promotion en santé ! Cette maison c’est le lieu de tous les possibles, avec et pour les familles, avec les acteurs du territoire, pour une cohérence dans l’accompagnement de ces futurs et jeunes parents, ces bébés en devenir, pour lesquels la pression de la société est forte, dès le plus jeune âge ! »
Pour garder le contact :
Céline Rousselet
Déléguée territoriale à la petite enfance et référente Maison des 1000 premiers jours à Dijon
celine.rousselet@leolagrange.org
Lucile Antoine
Référente Maison des 1000 premiers jours à Schiltigheim
lucile.antoine@leolagrange.org