Ce mercredi 17 janvier, la Fédération Léo Lagrange inaugurait une nouvelle forme de rencontres dans le cadre de sa démarche participative « Jeunesses : le droit au bonheur », initiée en vue du congrès 2024 de la Fédération en septembre prochain. Tout au long du premier semestre 2024 seront organisés des webinaires thématisés, abordant chacun des sujets liés à la jeunesse et au droit au bonheur. Ce premier rendez-vous virtuel s’est articulé autour de la question : « Le monde du travail se réinvente : quels enjeux éducatifs pour la jeunesse ? »
Poursuivre la démarche de consultation et d’échange autour de la question des jeunesses
C’est Corinne Bord, vice-présidente de la Fédération Léo Lagrange qui introduit ce premier webinaire, en adressant ses meilleurs vœux aux quelques 50 participant·es connecté·es ce soir-là : « Je vous souhaite le meilleur, et du bonheur ! L’épanouissement, qu’il soit individuel ou collectif, est une question capitale, qui va guider la Fédération tout au long de l’année. » En effet, en septembre prochain se tiendra le Congrès 2024 dont l’axe principal de travail sera la question de la jeunesse. C’est dans cette perspective qu’est menée depuis 2022 la démarche collaborative « Jeunesses : le droit au bonheur » par Benjamin Mauduit, responsable des relations extérieures et du plaidoyer à Léo Lagrange. Au fil des rencontres, rendez-vous et contributions de salarié·es, bénévoles, administrateur·rices, usager·ères et volontaires, les sujets de réflexions et des nuances s’additionnent dans le but de cadrer une orientation de la Fédération en faveur de la jeunesse lors du Congrès 2024.
Qu’est-ce qu’être jeune en 2030 ? Ça veut dire quoi être jeune et être heureux ? Quelle place doit tenir la Fédération en tant qu’actrice de l’éducation populaire engagée sur ces questions ? « C’est avec tout ce que nous sommes que nous souhaitons répondre à ces questions. Nous allons construire progressivement la somme des propositions que l’on estime être celles de Léo Lagrange pour la jeunesse et le droit au bonheur que l’on revendique. » explique Corinne Bord.
« La valeur travail » : une notion obsolète ?
Un chiffre est lancé par Benjamin Mauduit qui anime le webinaire : 42 % des moins de 45 ans auraient envisagé une démission selon une étude menée par Opinion Way en 2022. La DARES va jusqu’à parler de « Grande démission », en écho à la crise économique des années 1930. Le taux de chômage augmente et de nombreux changements sont observés dans les attentes des entrant.es dans le marché du travail : quête de sens, reconnaissance salariale et nouveaux diplômes rejoignent par exemple dans l’équation. Alors comment analyser et accompagner ces phénomènes sociaux ? Ce questionnement est notamment celui d’Olivier Vandard, directeur adjoint à l’éducation, la jeunesse et la formation professionnelle auprès du Secrétariat Général pour l’Investissement, notre invité pour ce premier séminaire.
Olivier Vandard propose d’abord une rétrospective des révolutions qui ont marqué le monde du travail et plus globalement les sociétés, la dernière desquelles étant la révolution numérique. De l’automatisation de filières métier jusqu’à l’avènement du télétravail après la crise sanitaire, en passant par l’activisme revendiqué par une partie de la jeunesse contre le dérèglement climatique, le monde du travail est chamboulé. « En France entre 2021 et 2022, 520 000 personnes ont démissionné parce qu’ils avaient besoin de sens, et 4 5% d’entre elles avaient moins de 30 ans. On a vu des valeurs d’égalité, d’équité, d’équilibre entre la vie professionnelle et personnelle émerger, et ce sont les jeunes qui les portent. […] J’ai foi en cette jeunesse et en sa capacité à bousculer le monde », déclare notre invité.
L’intervenant souligne également un bouleversement dans le monde de la formation professionnelle : le diplôme n’a plus la même valeur, et de nombreuses opportunités de formation tout au long de la vie émergent et s’affirment face au système traditionnel des études supérieures. « Notre système de formation est en train de s’ouvrir, cela permet à la jeunesse de pouvoir envisager d’autres possibles, d’autres horizons. C’est un cadeau mais également un défi pour elle, qui va devoir évoluer dans un monde plus dangereux », explique Olivier Vandard.
La jeunesse contre « l’engourdissement » collectif
Crise climatique, défis économiques, inégalités grandissantes, conflits armés sont autant de motifs légitimant une anxiété croissante des populations, notamment des plus jeunes. Paradoxalement, c’est cette même jeune génération qui refuse les états de faits et voit l’avenir d’un meilleur œil. D’après une enquête Ipsos réalisée pour la Fondation Jean Jaurès et la CFDT, 72 % des jeunes se déclarent optimistes face à l’avenir (2023). « Les jeunes n’ont plus rien à perdre au travail. Il y a plus de colère saine dans la jeunesse : celle de se dire que ce n’est pas normal, au lieu de se dire que ça ne changera pas. […] Les jeunes ne s’engourdissent pas, ils vont chercher à aller au devant des difficultés et à vouloir ce changement ! » étoffe Olivier Vandard.
Lors des questions réponses avec les participant·es au webinaire, l’un d’eux souligne le « paradoxe d’une jeunesse qui se dit heureuse mais écoanxieuse : c’est la fin du monde mais vous avez plein d’opportunités, il faut vous en saisir… », remarque que l’intervenant abonde : « C’est tout le défi qui est devant nous. Mais une fois qu’on a dit que tout va mal, on pousse au chacun pour soi, et on accélère la mort de l’humanité… On est bien plus forts et heureux quand on est ensemble. Oui, il faut être heureux, il ne faut pas laisser le mot bonheur devenir tabou ! »
C’est ainsi que se termine ce premier webinaire « Jeunesses : droit au bonheur », fait d’une intervention très enrichissante tant pour les participant·es que pour la démarche générale de la Fédération Léo Lagrange. Un grand merci à Olivier Vandard de nous avoir accompagnés sur ce chemin collectif, à la poursuite du bonheur ! Retrouvez les webinaires « Jeunesses : droit au bonheur » chaque mois en ligne, ou en replay sur notre plateforme dédiée ledroitaubonheur.fr