Le 17 avril 2024, Jérémie Peltier, co-directeur général de la Fondation Jean Jaurès est intervenu lors du 4ème webinaire organisé dans le cadre de la démarche participative « Jeunesses : le droit au bonheur », menée par la Fédération Léo Lagrange depuis plus de deux ans. Retour sur ce nouveau temps d’échange axé sur la question : « Jeunesses en France : toujours en soif… ou en panne d’idéal ? »
À partir de différentes études publiées par la Fondation Jean Jaurès, Jérémie Peltier et Benjamin Mauduit, responsable du plaidoyer et des relations extérieures de la Fédération Léo Lagrange, ont mené une discussion ouverte à laquelle étaient invité·es à réagir les participant·es. Comme pour les autres webinaires organisés dans le cadre de la démarche « Jeunesses : le droit au bonheur », les réflexions collectives issues de ce temps de partage vont nourrir les propositions soumises au Congrès fédéral de septembre 2024.
Au programme de ces échanges : temps libre, droit à la paresse, vision idéale de la société par les Français·es… Autant de thématiques auxquelles s’intéressent la Fondation Jean Jaurès et la Fédération Léo Lagrange, lesquelles ont toutes deux été fondées par Pierre Mauroy !
La fête est-elle vraiment finie ?
En 2021, Jérémie Peltier faisait paraître aux éditions de l’Observatoire « La fête est finie ? », un ouvrage questionnant les relations sociales, le rapport au collectif et le goût de la fête en France après la crise sanitaire du Covid-19. Corinne Bord, vice-présidente de la Fédération Léo Lagrange le réaffirme « les temps festifs sont fondamentaux, pour faire vivre cette belle valeur qu’est la fraternité ».
L’un des constats que pose « La fête est finie ? » est la disparition progressive et antérieure à la crise sanitaire de lieux festifs tels que les bistrots ou les discothèques. Par ailleurs, les « fêtes à la maison » se sont généralisées, traduisant une certaine fatigue sociale et un besoin de contrôle dans les situations collectives. « C’est en cela que le sujet de la fête dit beaucoup du rapport à l’autre, et de l’acceptation de l’Inconnu » explique Jérémie Peltier. Il poursuit : « on se regarde beaucoup plus faire la fête aujourd’hui qu’on ne la fait réellement » Filmées, relayées en direct et en permanence, les fêtes perdent de leur rôle d’oxygénation, de relâchement permis. Cela a matière à inquiéter selon notre invité : « Si la frustration intrinsèque à notre société ne s’exprime plus dans des lieux de fête, elle va s’exprimer dans la rue, dans des rapports sociaux etc. »
Fatigue sociale
Fatigue informationnelle, sonore, psychologique, et physique sont autant d’observations qui ressortent d’études menées par la Fondation Jean Jaurès, notamment « Grosse fatigue et épidémie de flemme : quand une partie des Français a mis les pouces », parue en 2022, et « La société idéale de demain aux yeux des Français » en 2023. L’issue de la crise sanitaire a révélé « une forte augmentation de la vulnérabilité de la population » explique Jérémie Peltier, « 30 à 40% des Français se disaient plus fatigués qu’avant la crise sanitaire, moins motivés à sortir de chez soi, faire du sport ou aller voir des amis… » Dès lors, la société rêvée aux yeux des Français telle que l’a sondée la Fondation Jean Jaurès est faite « de calme, d’apaisement, d’un niveau sonore (dans les débats publics, les rapports sociaux) qui baisse considérablement. » Une intolérance au bruit général qui se remarque dans beaucoup de pans de la société : le bruit des autres, de la ville, des enfants… en témoigne le souhait partagé par une majorité de Français d’habiter une maison individuelle (9 Français sur 10) isolée des autres (plus d’un Français sur deux).
La démocratie selon les jeunes : une démocratie radicale ?
Quand on demande à la jeune génération quelle serait l’entreprise rêvée, elle se prononce davantage en faveur d’une gouvernance partagée, solution démocratique à la gestion d’entreprise alors même que Jérémie Peltier souligne « une proportion grandissante de jeunes tentés par une forme de radicalité politique » que traduisent un grand nombre de réponses aux questions posées dans « La société idéale de demain aux yeux des Français ».
Cette étude montre que le monde se transforme et que les idéaux comme les opinions évoluent. Face aux attentes des Français, et des jeunes notamment, d’une société plus douce, moins bruyante et plus à l’écoute, l’éducation populaire peut être un vecteur d’apaisement. Jérémie Peltier conclut son intervention ainsi : « Vous [l’éducation populaire] avez un rôle à travers le collectif que vous êtes capable de structurer et d’animer : c’est le collectif qui permet de mieux résister. Aujourd’hui on encaisse les crises et les chocs de façon bien plus seule qu’auparavant. Un collectif est bien plus résilient et imperméable face à cela. »
Retrouvez le replay de ce webinaire en libre accès sur notre plateforme « Jeunesse : le droit au bonheur » : https://www.ledroitaubonheur.fr/replay-webinaire-04-jeunesses-en-france-en-soif-ou-en-panne-dideal-avec-jeremie-peltier-17-04/