Formée à la médiation culturelle pour créer des ponts entre les arts et les publics, Imène Dahmani est coordinatrice culturelle au centre pénitentiaire Osny Pontoise (95). Grâce à sa créativité et à sa connaissance des milieux artistiques et culturels, elle réalise une programmation adaptée au public spécifique avec lequel elle travaille : les personnes détenues. Utilité sociale et découvertes culturelles : c’est l’alliance réussie pour la professionnelle !
La médiation culturelle pour transmettre
Dès le lycée, Imène a choisi les arts puis s’est spécialisée dans la médiation culturelle pendant son cursus universitaire. Pour disposer de connaissances diversifiées, elle a suivi un parcours « musée et patrimoine » en licence, puis spectacle vivant et enfin management des organisations culturelles et artistiques en master. « Je ne voulais pas me spécialiser dans un domaine, ce qui m’intéresse c’est la transmission et de créer des ponts entre les arts et les publics » explique-t-elle.
Après un stage de fin d’études dans un musée d’archéologie, la jeune diplômée poursuit dans le même établissement et est recrutée en tant que chargée des publics. Elle assure l’animation de visites et d’ateliers pour les scolaires ainsi que pour les personnes en situation de handicap. Elle précise : « travailler avec des publics spécifiques ou empêchés m’a toujours intéressée, cela challenge un peu plus la médiation culturelle ! Je dois m’adapter, bien connaître mon public pour réaliser des propositions adéquates ».
Après 3 ans sur ce poste, Imène recherche une nouvelle expérience. Le milieu carcéral faisait partie des pistes envisagées, elle a donc candidaté lorsque le poste à la maison d’arrêt d’Osny s’est libéré. La professionnelle a pris ses fonctions en septembre 2021, à la sortie de la crise sanitaire qui a bouleversé et mis à l’arrêt les projets en milieu pénitentiaire : « ma prédécesseure avait préparé des projets, je devais relancer la dynamique ! » se souvient-elle.
Assurer le lien entre dedans et dehors, pour la réinsertion des personnes détenues
La mission de coordination culturelle à destination des personnes détenues vise à leur proposer une programmation variée, tout en tenant compte des contraintes de leur environnement. Pour Imène, il s’agit de « faire du lien entre le monde extérieur et la maison d’arrêt, entre le dedans et le dehors, par le prisme artistique et culturel ».
Son rôle : très bien connaître son public afin d’aller chercher les partenaires qui sauront mettre en place des projets qui feront sens et qui contribueront à la réinsertion des personnes détenues.
Pour cela, Imène collabore avec de très nombreux interlocuteurs : le service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), les surveillants, le centre médical, le psychologue, l’addictologue, le service scolaire, les éducateurs sportifs, les financeurs et les acteurs du monde artistique.
Même si Imène fait appel à des intervenants extérieurs, sa partie créative s’exprime dans sa mission : « je mets ma patte dans la programmation car elle est issue de mes idées, de mes inspirations et cela me plaît beaucoup ! ». Autre motivation forte : les relations humaines. La coordinatrice poursuit : « agir au contact permanent des personnes détenues et des partenaires est très enrichissant. Ma mission revêt une réelle utilité sociale, je le sens dans mes interactions avec tous mes interlocuteurs ».
Confiance en soi, développement de compétences, bien-être et lien social
Imène est très attentive et présente à chacune des activités de sa programmation, elle observe les participants et les voit évoluer : « constater le cheminement des personnes, voir qu’elles ne sont pas tout à fait les mêmes à la fin d’un projet, c’est très stimulant et plaisant ! Les activités culturelles et artistiques leur permettent de renforcer leur confiance en eux et de révéler leurs compétences. Nous leur ouvrons des fenêtres pour les aider à mieux se connaître et avancer dans leur parcours de vie. » L’objectif : que les personnes puissent préparer leur réinsertion et se projeter différemment, une fois leur peine d’emprisonnement terminée.
Déployer des projets dans un environnement aussi contraignant que le milieu carcéral demande de l’abnégation et de la patience, afin d’assurer le bon déroulement de la programmation tout au long de l’année. Le sens de la mission permet de garder l’endurance nécessaire : « nous agissons pour l’éducation et la culture, et nous constatons tous les jours ce qu’elles permettent de faire. Créer du lien social, développer des compétences, favoriser le bien-être : je nous encourage toutes et tous à continuer d’y croire ! »
Découvrez l’un des projets initiés par Imène : « Impulsion artistique », réalisé en partenariat avec la compagnie de danse Sophie Courtin en octobre/ novembre 2024. 10 personnes détenues ont créé et présenté la pièce « Réminiscence » d’une durée de 20 minutes. Voici le documentaire qui relate le projet :
Pour garder le contact :
Imène Dahmani
Coordinatrice culturelle au centre pénitentiaire Osny Pontoise
imene.dahmani@justice.fr