L’Espace Paris Jeunes (EPJ) le Miroir co-pilotait mercredi 10 mars une après-midi dédiée aux relations affectives et sexuelles des jeunes, dans le cadre de la journée des droits des femmes. Des jeunes et leurs animateur.rice.s, de plusieurs structures jeunesse, ont participé à cet événement innovant, mixant des temps en plénière en visio et un temps en atelier, en présentiel, dans chaque structure.
Mélanie Monnet, responsable de l’EPJ le Miroir et Lise Joseph, déléguée territoriale à l’animation ont accueilli les participant.e.s et ont introduit l’après-midi. Lise a tout d’abord donné des éléments de contexte sur le harcèlement et les violences faites aux femmes : en France, une femme décède tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint et une femme sur dix subi des violences dans son couple, dont des viols.
Après ce constat dramatique, Lise a laissé la parole à Mehdi Koumdadji, responsable du pôle engagement Léo Lagrange Nord Île de France. Mehdi a rappelé l’objectif général de l’après-midi : développer les compétences relationnelles, étayer les questionnements et faire réfléchir afin de parvenir au bonheur en s’épanouissant dans des relations affectives et sexuelles choisies. Il a ensuite rappelé le rôle des réseaux sociaux comme « amplificateur des phénomènes de harcèlement et de réputation. »
Un court-métrage a été diffusé, mettant en scène quatre lycéen.ne.s qui débattaient sur la réalité de propos sexistes tenus, leur perception en tant que tel et leur réception par la victime.
Les relations affectives, sexuelles et le consentement
Après cette première partie permettant aux jeunes de disposer de premiers éléments de réflexion, chaque équipement jeunesse a amorcé un temps de débat avec ses jeunes, dans ses locaux, à partir d’une trame commune.
Pauline et Nassim, animateur.rice.s jeunesse à l’EPJ le Miroir, à Paris 14e ont lancé le débat avec les quatre jeunes présent.e.s, à partir d’une jeu de photolangage créé par Pauline. Chaque carte est composée d’une photo et d’une affirmation qui initie l’échange et la réflexion sur le consentement dans la relation amoureuse : « quand on est en couple, il est normal de contrôler les sorties et le look de l’autre », « lorsqu’on est amoureux, on ne doit plus voir ses amis », « si il/elle ne dit rien, cela veut dire oui », « lorsqu’on est en couple, on doit faire tout ce que l’autre nous demande ».
Si la notion de consentement était bien comprise et partagée, la question de la tenue vestimentaire féminine a beaucoup fait débat. En effet, pour les ados présent.e.s, si une femme porte une jupe courte, elle va attirer les regards donc elle provoque. « Est-ce qu’une petite copine peut sortir juste avec ses amies tout en étant habillée de manière sexy ? » interroge Pauline. L’égalité dans la relation amoureuse semblait complexe et parfois à géométrie variable.
Les photos « nude » et les filtres beauté
Tous les jeunes se sont ensuite retrouvés à nouveau en plénière afin d’assurer la restitution des échanges qu’ils ont eu dans leurs groupes respectifs.
La place des réseaux sociaux dans la relation affective faisait partie des sujets traités par certaines structures jeunesse. A la question : « si je t’envoie un nude, qu’est-ce qu’il se passe ? », certain.e.s ados ont répondu «partager son intimité c’est effrayant, c’est mauvais, on ne sait pas ce qui sera fait avec cette photo. » Cette question a également fait réfléchir les jeunes sur la relation amoureuse à distance : « le relation à distance est possible à condition d’avoir des visites régulières et beaucoup d’amour » a estimé l’un.e des participant.e.s.
« Pour plaire à quelqu’un, faut-il envoyer une photo de soi avec un filtre ? » : les jeunes semblaient unanimes, « oui, car c’est devenu une habitude, c’est quotidien, c’est une habitude de cacher les petits défauts ». Le filtre est donc devenu l’un des incontournables de la séduction !
Les stéréotypes de genre ont également fait l’objet de débats dans les groupes, « c’est toujours les garçons qui font le premier pas », « en couple chacun doit tenir son rôle » constituaient quelques-unes des affirmations proposées aux groupes afin de débattre sur le relation affective et sexuelle.
Accompagner la pensée, semer des graines
L’équipe de l’EPJ le Miroir s’était mobilisée pour cette action : Mélanie a participé à l’élaboration de cette activité et a géré les aspects techniques de la visio, secondée par Nassim. Pauline et Nassim ont animé leur groupe de jeunes, ils ont questionné, ils ont accompagné la pensée pour l’amener plus loin et semer des graines.
Pour des relations amoureuses responsables et respectueuses
Même si ce n’est pas simple de mobiliser des ados pour débattre en collectif de ce sujet intime, proposer aux jeunes de débattre sur la relation affective et sexuelle, en particulier aux ados, est tellement pertinent ! Cette période charnière de leur construction n’est pas simple à traverser pour beaucoup d’entre eux, leurs sens et leurs émotions sont en ébullition, le rapport à leur propre corps et à ceux des autres change, la pression des réseaux sociaux, des groupes de pairs… C’est bien le rôle de l’éducation populaire de les accompagner à passer ce cap-là également. Afin de devenir un jour des adultes responsables et respectueux dans leurs relations amoureuses.
Ont également participé à cette demi-journée :
A Paris : Feu Vert, association d’éducation de prévention, l’EPJ le 27, le centre social Noguès.
Le Hub Léo de Mainvilliers et le Hub Léo de Margny-lès-Compiègne.
Focus EPJ le Miroir
L’équipe est composée des animateur.rice.s jeunesse : Nassim, Pauline, Françoise, d’un informateur jeunesse, Evyn, et de la responsable du lieu, Mélanie Monnet.
Plus de 400 jeunes fréquentent l’EPJ le Miroir chaque mois dont 150 qui sont connus et identifiés par les pros. Un point information jeunesse et des activités loisirs sont proposés toute l’année aux jeunes sur la base du volontariat et sur inscription pour les activités organisées pendant les vacances scolaires.
Pour garder le contact :
Mélanie Monnet, responsable de l’EPJ le Miroir melanie.monnet@leolagrange.org