Le jardin partagé du centre social Calcaïra à Vitrolles (13) n’est pas seulement dédié au maraîchage : c’est un véritable lieu de vie et générateur de lien social ! Co-construit avec Logis Méditerranée, le bailleur social du quartier et avec la participation des habitants, le jardin a réalisé ses premières plantations fin 2017 et accueille aujourd’hui les enfants et familles du quartier.
Créé au cœur du quartier, au pied des immeubles et jouxtant un parking, ce jardin partagé a été pensé et voulu pour créer du lien social dans le quartier de la Frescoule.
Initier un tel projet demande du temps et de rompre aussi avec certaines idées reçues ! Fanny Benaïm, directrice du centre social se rappelle : « Au début nous idéalisions ! Nous avons dû, peu à peu, faire la part des choses entre ce qui était du fantasme et ce qui était réaliste ! Entre tout ce que nous voulions planter et la dimension participative du lieu, nous avons dû faire preuve de patience et d’endurance ! »
Un partenariat avec Graine de soleil, atelier chantier d’insertion
L’objectif de ce jardin partagé est bien qu’il soit entretenu et animé par des habitants du quartier. La constitution d’un collectif de jardiniers, suffisamment réguliers et impliqués, n’est pas évident et a également demandé du temps.
L’originalité de ce dispositif : aucun salarié du centre social n’est dédié à la gestion du jardin. Nadia Thary, médiatrice sociale de CalcaÏra, passe du temps avec les jardiniers, Nicolas Falher, responsable enfance-famille peut également être mobilisé pour les activités avec les enfants et leurs parents.
Pour aider les habitant.e.s dans le maraîchage, une collaboration a été mise en place avec Graine de soleil, un atelier chantier d’insertion en maraîchage bio. Une à deux fois par mois, une salariée de cette structure passe la matinée avec les jardiniers et leur prépare un planning afin qu’ils organisent leurs plantations sur la saison. De plus, un lundi matin par mois d’avril à novembre, dans l’enceinte du jardin, Graine de soleil tient un stand et vend sa production aux habitant.e.s du quartier.
Fanny mesure le chemin parcouru : « aujourd’hui nous avons un noyau dur de 7 à 10 jardiniers qui sont là tous les lundis, même l’été. Il a fallu un peu de temps afin que ce groupe se constitue. Ils s’entendent très bien et nous pouvons nous appuyer sur eux pour faire du jardin ou outil de médiation dans le quartier. »
Jardinage, café, discussions
Parmi les jardiniers très investis, Chantal Lamy retraitée, salariée Léo pendant plus de 20 ans et présidente depuis plusieurs années du Club Léo local. Le Club Léo organise des activités loisirs, principalement en fin de semaine, en complémentarité du centre social.
Jacqueline, Fabien, Nicole, Marie-Jeanne, une autre Chantal : il.elle.s apprécient autant de pouvoir s’occuper des légumes que de pouvoir passer du temps ensemble. Certaines habitantes rejoignent les jardiniers pour le café en sortant de leur cours de gym. D’autres passent les saluer et discuter quelques minutes.
Pendant la crise sanitaire, c’était un réel avantage de disposer de cet espace extérieur, accueillant et aménagé en plein cœur du quartier. Fanny insiste sur ce point : « C’est un formidable outil de médiation, pendant le Covid, le jardin a contribué à ce que nous gardions le lien avec les habitants. »
Activités manuelles et musicales pour les enfants, concerts…
Fanny précise qu’un diagnostic de territoire avait identifié une problématique spécifique avec les enfants de 4 à 12 ans : « les enfants sont souvent seuls dehors, sachant que le quartier n’est pas très sécure. De plus, il s’agit de familles qui ont un fonctionnement plutôt communautaire. Nous avons donc eu l’idée de nouer des liens avec elles via les enfants et le jardin. Trois fois par semaine, après l’école, nous organisons au jardin, entre autres, des activités manuelles, de l’éveil musical, à destination des enfants. ». Une fois la relation de confiance créée avec les parents, l’objectif est d’amener ensuite ces enfants vers les accueils de loisirs et les autres structures éducatives.
L’espace non-cultivable du jardin est même assez spacieux pour organiser des concerts ! « Nous avions même enlevé les grilles qui délimitent le jardin ! » se remémore Fanny. Musique du monde, musique classique, les habitant.e.s sont sollicité.e.s pour participer à l’organisation, sur la logistique ou la décoration par exemple.
…Concours de soupe, fête de la Sainte-Catherine, ateliers coiffure… au jardin !
L’objectif de l’équipe à présent : Toucher et impliquer davantage de familles dans le quartier et communiquer largement sur les activités périphériques organisées au jardin.
Concours de soupe, concerts, fête de la Sainte-Catherine, atelier avec Look and Job, l’association de coiffure solidaire, partenariat avec le collège pour les adolescent.e.s exclu.e.s et bientôt avec l’école maternelle : le jardin remplit pleinement sa fonction de médiation sociale en s’ouvrant à l’ensemble des habitant.e.s du quartier et en favorisant les rencontres.
L’éducation populaire s’exprime ici pleinement parmi les plantations de légumes, arrosoirs et autres outils de maraîchage !