La Fédération Léo Lagrange et le laboratoire de psychologie de la socialisation – développement et travail, de l’Université de Toulouse Jean Jaurès ont signé fin août une convention de collaboration. Son objet : réaliser une recherche-action sur le harcèlement chez les jeunes afin de renouveler notre approche et nos méthodes d’intervention dans la lutte contre le harcèlement.
A l’origine de ce projet, le constat suivant : les pôles engagement sont fréquemment sollicités pour intervenir dans les établissements scolaires sur la thématique du harcèlement. L’intervention « copain vigilant » a d’ailleurs été conçue spécialement pour répondre à ces demandes. Rémy Lemaître, sociologue spécialisé sur ces phénomènes chez les adolescent.e.s avait déjà été sollicité pour travailler avec l’équipe du service des programmes et de la qualité.
Comprendre les ressentis face au harcèlement pour mieux le prévenir
Lucy Duffourg, chargée des programmes de lutte contre les discriminations, précise l’objectif de ce partenariat : « nous voulons mieux comprendre quels sont les ressentis des ados et comment ils perçoivent les situations de harcèlement, qu’ils soient victimes ou témoins. Cette recherche nous permettra ensuite de faire évoluer nos contenus d’intervention et de proposer des réponses plus adaptées au vécu et aux représentations des jeunes. Nous pourrons aussi tous monter en compétences sur ce sujet et former les professionnel.le.s de terrain. »
De plus, un livre blanc des grands enseignements de cette recherche-action sera réalisé à l’issue de cette convention. Il sera destiné à tous les professionnel.le.s de l’animation.
Un comité technique composé de salarié.e.s Léo
La recherche-action sera menée avec le laboratoire de psychologie de la socialisation, développement et travail de l’Université Toulouse Jean Jaurès. Elle se déroulera en plusieurs phases et se terminera à l’été 2023 :
- Les six premiers mois seront consacrés à l’analyse du contexte et à la co-construction de la méthodologie utilisée pour cette recherche. Cette phase permet également de définir les modalités de collaboration entre les chercheur.se.s et les professionnel.le.s Léo. Un document de synthèse présentera les objectifs, la méthodologie et le déroulement précis de la recherche-action.
- Une étude exploratoire de 9 mois donnera lieu à des collectes de données auprès des adolescent.e.s au sein des structures Léo, dont les Hubs, ainsi qu’auprès des animateur.rice.s. De nombreux entretiens dans toute la France ainsi que des questionnaires seront réalisés pendant cette phase. Les grandes problématiques rencontrées sur le terrain apparaîtront grâce à ce recueil qui donnera lieu à une analyse scientifique. Un rapport intermédiaire présentera ces premiers enseignements.
- Une étude approfondie des dynamiques de harcèlement sera menée ensuite pendant 9 mois.
- Le bilan et le rapport final seront rédigés au cours des trois derniers mois.
Estelle Rossi, directrice des programmes et de la qualité, Lucy Duffourg, chargée des programmes de lutte contre les discriminations et Guillaume de Chazournes, Chef de projet du département adolescents – Hub Leo suivront cette recherche-action pour la Fédération Léo Lagrange. Un comité technique sera constitué avec des professionnel.le.s Léo des pôles engagements et des Hubs.
Qu’est ce qu’une recherche-action ? Une recherche-action mène en parallèle l’acquisition de connaissances scientifiques et des actions concrètes et transformatrices sur le terrain. Chercheur.se.s et acteur.rice.s de terrain sont partenaires et co-construisent ensemble toutes les étapes de la recherche.
Un enjeu central des politiques publiques
Le harcèlement par les pairs touche environ 10% des collégiens en France. Ces dernières années les politiques publiques se sont saisies de cette problématique et en particulier l’Education nationale. Lucy observe que les enseignant.e.s et les conseiller.ère.s prioritaires d’éducation souhaitent être formé.e.s, se sentant souvent démuni.e.s face à ces violences : « Un tiers des interventions des pôles engagement dans les établissements scolaires portent sur les violences, dont le harcèlement. Nous savons que le cyberharcèlement amplifie ce phénomène en ayant un impact dans la vie réelle des adolescents. Parents, enseignants et animateurs ont besoin de clés pour mieux prévenir, repérer et réagir face aux phénomènes de harcèlement et de cyberharcèlement. »
Si le terme harcèlement est employé aujourd’hui assez couramment pour dénoncer des comportements toxiques et abusifs, il est le signe d’une ouverture : les victimes et les témoins s’expriment, les professionnel.le.s veulent répondre.
Le rôle des acteur.rice.s de l’éducation populaire est bien de prendre à bras-le-corps le harcèlement des ados afin de les accompagner au mieux à devenir des adultes apaisés, respectueux et émancipés.
Pour en savoir plus :
le laboratoire de psychologie de la socialisation – développement et travail, de l’Université de Toulouse Jean Jaurès