Alors que les premières fraicheurs s’installent et que l’automne commence à montrer ses couleurs, un retour inspirant sur quelques projets menés cet été nous rappelle l’importance des projets intergénérationnels et interculturels. Echanger au-delà des différences, aller à la rencontre de l’autre, tels sont les objectifs pédagogiques partagés par nos structures en région. Certaines parviennent même à traverser les frontières… sans bouger de sa ville.
Rencontre avec Mathieu, Antoine et Samuel, porteurs de projets et animateurs à Valence, Arize-Lèze et Kpalimé (Togo). Ils ont obtenu un financement Initiative de solidarité internationale (ISI) auprès du FONJEP.
En quoi a consisté votre projet ?
Mathieu : Suite à la crise sanitaire des jeunes de la MPT du petit Charran ont souhaité mener une action pour lutter contre l’isolement à la fois des seniors, mais aussi des habitants du quartier. Nous sommes en partenariat avec la Maison des Cultures Urbaines de Matam, partenaire sénégalais qui agit aussi à l’échelle de son quartier pour la solidarité Le projet consiste à monter un film qui présente les 2 régions et les actions de solidarité des jeunes dans leur quartier. A travers le prétexte de la sensibilisation au Covid-19 (à Matam) et de promenades et d’échanges sur la vie du quartier (à Valence), les jeunes souhaitent filmer et interroger des habitants, en leur demandant notamment « qu’est-ce que la solidarité ? ». Ce film en commun permettra un travail d’échange et de réflexion sur la solidarité internationale.
Antoine : Du 19 au 23 Juillet au centre de loisirs du Mas d’Azil et en lien avec Léo Lagrange Togo à Kpalimé, nous avons créé un conte multimédia autour du patrimoine culturel et naturel mettant en avant les traditions de nos pays. Il s’agit de découvrir les différences mais aussi les complémentarités de chacun.
Samuel : En plus du projet avec Antoine, nous avons également participé, avec les structures de Saint Priest, à une semaine d’animations « Citoyens du monde » pour les 11-17 ans. Touchant près de soixante jeunes venant des quartiers de Danyinou, de Nogo, de Lom Nava et de Kpodzi, l’évènement a consisté en des ateliers de découverte interculturelle.
Quels sont les apports/avantages/intérêts des courts projets de solidarité internationale pour les usagers et participants ? et pour votre structure ?
Mathieu : S’inscrire dans cette démarche de solidarité internationale permet d’ouvrir davantage le « aller vers ». De découvrir que le monde qui nous entoure est bien plus vaste et intéressant qu’on ne le pense, que les échanges apportent d’autres nuances, d’autres points de vue qui, s’ils ne peuvent s’appliquer sur un territoire, apportent des explications et une compréhension de l’autre et de son territoire. D’une action commune, simple, la rencontre d’un voisin l’on peut échanger avec un groupe d’un autre continent sur les mêmes problématiques (ou d’autres). Cette richesse est une force pour les groupes, un savoir qui se transmet ou transmettra ici par la réalisation d’un film choral. Ce film permettra aux habitants, mais aussi à la structure d’aller à la rencontre de l’autre et de partager ce goût de l’altérité.
Antoine : Pour les enfants français, il apparaît qu’ils connaissent très peu le monde extérieur à leur environnement de vie. Ces échanges favorisent la pensée critique et objective. Ce sont des temps d’échanges qui favorisent la curiosité, la tolérance, l’imaginaire et la créativité.
Au niveau des équipes, l’apprentissage également est mutuel. Les partenaires au Togo ne bénéficient pas des mêmes moyens humains et financiers que les structures françaises. Ils nous ont montré qu’ils restaient en lien avec leurs publics avec des cadres différents que les structures françaises (suivi des jeunes pendant plusieurs années, implication de tous dans chaque nouveau projet, etc. En France, le « turn over » des usagers de nos structures est plus important et il peut être difficile d’impliquer les jeunes sur plusieurs actions, sur plusieurs années. Il apparaît donc important de pouvoir favoriser la mise en place de projets communs pour pouvoirs mutualiser les ressources en termes de connaissance, de positionnement, de méthodes et de matériel lors de ces projets.
Le projet a-t-il rassemblé des personnes qui ne fréquentaient pas la structure avant ? ou cela a renforcé les liens des habitués ?
Mathieu : Deux des trois jeunes ne connaissaient pas la structure, ils sont venus par la suite avec des amis ou de la famille et reviennent régulièrement. Le lien avec les habitants s’est renforcé, l’image des jeunes est valorisée. Les jeunes ont permis à des amies de se revoir après un an de confinement et d’isolement, à d’autres de rester en contact social ou à certaines de se balader accompagnés sur le quartier.
Le projet ISI, c’est easy (facile) ?
Antoine : Porteur de projet depuis deux ans, j’ai pu comprendre les objectifs de l’appel à projet, les partager avec les partenaires au Togo, mettre en place des projets y répondant. L’application internet et la mise en place de formulaire de candidature et de bilan (guidé et avec des questions simples) permettent un suivi administratif simple. Les difficultés rencontrées sont surtout sur l’aspect technique de la mise en place du projet : communication parfois difficile lors des rencontres Skype, acheminement difficile de matériel au Togo, etc. Le suivi et la valorisation du projet par le service international de la Fédération Léo Lagrange est un atout pour nos équipes et pour la mise en place des projets. Disons que c’est rassurant d’avoir l’avis de collègues spécialisé.e.s dans ce type de projet.
Mathieu : On peut dire ça. Ce qui a été facilitant, c’est l’engagement des jeunes. C’est eux qui ont fait le pas de venir à la MPT pour « aider les autres » pendant le deuxième confinement. L’un d’entre eux fréquentait la MPT et connaissait notre travail auprès des habitants. Il était donc easy d’apporter cette ouverture à l’international auprès de jeunes déjà mobilisés sur de « l’aller vers ». La suite a été un peu plus difficile, les contraintes sanitaires, la disponibilité de partenaires, mais les jeunes sont présents et le projet est juste décalé dans le temps.