Le mois de l’économie sociale et solidaire (ESS) a lieu tous les ans en novembre. De nombreux événements sont organisés dans toute la France. C’est l’occasion de découvrir et de promouvoir l’ESS, de rencontrer ses acteur.rices et pourquoi pas de s’engager ! Corinne Bord, vice-présidente de la Fédération Léo Lagrange, répond à nos questions sur l’ESS.
L’économie sociale et solidaire existe depuis plusieurs décennies et a évolué sans cesse depuis ses prémisses. Elle a particulièrement évolué depuis la loi du 31 juillet 2014. Peux-tu stp nous en dire plus ? Qu’est-ce qui a changé ?
En effet l’ESS est même centenaire pour ses premières initiatives. La loi Hamon est à la fois l’aboutissement d’un processus et l’ouverture vers un projet.
Cette loi a été demandée par les acteurs du secteur de l’économie sociale pour assurer une reconnaissance, une sécurisation des statuts et une institutionnalisation du secteur. L’ancrage de l’ESS dans le pôle ministériel de l’économie, de Bercy, est une grande victoire. Avant l’ESS était soit à la vie associative, soit aux affaires sociales… Elle était pensée comme une économie caritative.
A ainsi été créée ESS France qui fédère les acteurs du secteurs trop souvent éparpillées. Les Chambres Régionales de l’ESS ont un rôle structurant dans les régions… les statuts des entreprises ont été enrichis et simplifiés en affirmant les 4 éléments fondateurs :
- La poursuite d’une utilité sociale ;
- La recherche d’un modèle économique viable;
- La gouvernance démocratique ;
- La lucrativité limitée ou la rentabilité mise au service de la finalité sociale.
Cette loi ouvre aussi vers la définition d’un projet économique, un projet de société. L’ambition affichée est toujours une volonté de pollinisation de l’économie. Cependant on est encore loin de cela, la logique lucrative absolue et de rendement maximal, la financiarisation ont toujours un poids considérable.
De nombreux et nouveaux acteurs s’inscrivent et relèvent de l’ESS. Quels défis cela pose aux plus anciennes structures ?
Il y a des nouvelles créations, tant mieux. C’est une stimulation’ ça impose aux plus anciens de se réinventer, de faire évoluer leur façon de faire. Il y a surtout de plus en plus d’étudiants qui construisent leur projet professionnel dans l’ESS’ par choix et non plus au gré des rencontres. Ils arrivent avec leur savoir-faire, leur vison, leur engagement et bousculent… et bien tant mieux cela fait bouger tout le système et c’est plutôt une bonne chose de pouvoir évoluer tout en étant ancré sur ses valeurs.
Comment s’adapte la Fédération Léo Lagrange à cet environnement actuel et en évolution ?
La fédération est une vieille dame certes, mais très dynamique. Progr’ESS (démarche de réorganisation en filière métiers et réflexion stratégique au sein du réseau Léo Lagrange) participe à cela. Se poser les questions de notre manifeste de valeurs, de notre organisation et de propositions pour le prochain congrès y contribue.
Et puis les générations bougent. Je croise de nouvelles têtes, de nouvelles pratiques… j’en suis ravie. Il n’y a rien de pire que de rester prisonnier des habitudes.
Par ailleurs, le fonds de dotation est aussi là pour aider à incuber de nouveaux projets d’intérêt général.
Je suis confiante, la vielle dame qu’est la fédération sait se régénérer pour aborder l’avenir, elle l’a prouvé.
En quoi est-ce un modèle d’avenir ?
L’ESS comme je le disais est aussi un projet de société, celui qui promeut l’existence de biens communs non concurrentiels, non marchands. Celui qui permet aux citoyens, citoyennes de prendre des initiatives y compris économiques, durables, locales au service de l’utilité sociale.
En Europe 18 pays ont pris une loi sur l’ESS, il est indispensable maintenant de mener la conviction à ce niveau pour mieux pénétrer le champ économique et faire reconnaître la spécificité de l’ESS qui représente en France 13,4% de l’emploi privé et 13,8 millions en Europe. La fédération Léo Lagrange prendra sa part dans cette mobilisation aux côtés des acteurs du secteur.
L’économie sociale et solidaire (ESS) désigne un ensemble d’entreprises organisées sous forme de coopératives, mutuelles, associations, ou fondations, dont le fonctionnement interne et les activités sont fondés sur un principe de solidarité et d’utilité sociale. En effet, les structures de l’ESS cherchent à concilier utilité sociale, performance économique et gouvernance démocratique, avec pour ambition de créer des emplois et de développer une plus grande cohésion sociale.
Pour en savoir plus :
Le mois de l’ESS lemois-ess.org
ESS et entreprise à mission : la nouvelle controverse de Valladolid ?