Depuis 2020 et au regard des conséquences de la pandémie dans la société, la Fédération Léo Lagrange s’est particulièrement mobilisée sur le terrain de la santé mentale des adolescent.es et des jeunes. Ainsi, la convention professionnelle adolescence jeunesse de mars dernier était consacrée à ce sujet central dans le quotidien des équipes Léo.
La convention professionnelle adolescence jeunesse 2022, qui s’est déroulée les 17 et 18 mars à Campus Atlantica, à Artigues-près-Bordeaux, consacrait l’ensemble de son programme au bien être et à la santé mentale des jeunes. La table-ronde du jeudi comme les ateliers du vendredi visaient à apporter aux professionnel.les Léo des connaissances et réflexions sur la santé mentale des publics qu’il.elles accompagnent.
Ce sujet avait en effet été plébiscité par les professionnel.les Léo lorsqu’ils ont été interrogé.es à l’automne 2021. Guillaume de Chazournes, chef de projet Hub Léo, secteur adolescent rappelle : « nous avions identifié plusieurs thématiques possibles pour la convention professionnelle 2022. Nous avons adressé un questionnaire aux pros et ils ont plébiscité la santé mentale. Nous ne nous attendions pas à cela ! ». Lorsque la thématique a été communiquée au réseau, les équipes ont fait part de leur satisfaction : ce sujet répond pleinement à une problématique qu’elles rencontrent et face à laquelle elles ne sont pas toujours outillé.es.
Des spécialistes de la santé mentale à la convention professionnelle ado-jeunesse
Quatre intervenant.es, spécialistes du sujet, ont été invité.es à la table-ronde :
- Céline Loubières, responsable édition et participation des usagers chez Psycom, organisme public d’information sur la santé mentale et de lutte contre la stigmatisation,
- Isabelle Lacroix, chargée d’études et de recherches « Vulnérabilités, Politiques sociales de jeunesse » à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire (INJEP),
- Agnès Aubert, instructrice jeunes chez Premier secours en santé mentale (PSSM) France, qui lutte contre la stigmatisation et ses conséquences économiques et sociales,
- Jean Petrucci, neuropsychologue chez FondaMental, fondation dédiée à la lutte contre les maladies mentales.
Il.elles ont tout d’abord apporté des éléments de définition et de contexte. La santé mentale peut être appréhendée comme un mouvement permanent et non figé. Elle correspond à un état de bien-être qui permet de s’accomplir individuellement et au sein d’une collectivité. Pour le neuropsychologue, « la bonne santé mentale se traduit par une conception de soi relativement stable, une capacité interpersonnelle mais aussi des capacités d’adaptations. »
38 % des jeunes de 18-30 ans confrontés à une dépression en 2020-2021
Isabelle Lacroix de l’INJEP communique plusieurs chiffres-clés issus du baromètre annuel DJEPVA https://www.leolagrange.pro/synthese-du-barometre-de-la-jeunesse-2021-de-linjep/ auquel près de 5 000 jeunes de 18 à 30 ans ont répondu. La moitié des répondant.es ont trouvé la pandémie très pénible et 38 % d’entre eux.elles ont déclaré avoir été confronté.es à une dépression au cours de l’année qui précède l’enquête. Ils sont également 40 % à éprouver régulièrement un sentiment de solitude et 60 % manquent de contacts. Enfin, un.e adolescent.e de 11-14 ans sur quatre souffrait de troubles anxieux en 2021.
Face à ces chiffres inquiétants, quel est le rôle des professionnel.les de l’animation, qui ne sont pas des soignant.es et souvent ne disposent d’aucune formation en santé mentale ? Les équipes au contact des publics ont un rôle de veille et de repérage des jeunes en souffrance. Agnès Aubert de PSSM s’adresse aux participant.es, « Votre rôle de pros de l’animation est la vigilance. Il est nécessaire de voir s’il y a des comportements, des signes qui perdurent dans le temps. »
Ensuite, il.elles ont la responsabilité d’être des relais avec les familles et les professionnel.les de santé. En effet, d’après Jean Petrucci, « selon un sondage Ipsos, un tiers des 18-24 ans ne savent pas à qui s’adresser en cas de besoin lorsqu’ils sont en souffrance mentale »
Orienter vers des soignant.es et proposer des activités physiques et culturelles
Les professionnel.les Léo présent.es n’ont pour la plupart jamais mis en place d’actions relatives à la santé mentale, même s’ils connaissent des structures sur leurs territoires qui sont compétentes sur ces sujets. D’ailleurs, la majorité d’entre eux.elles pense avoir déjà reçu un.e jeune présentant des troubles psychiques.
Ainsi, les professionnel.les de l’animation ont bien un rôle à jouer, en accueillant et en écoutant les jeunes en souffrance. Comme le rappelle Jean Petrucci, « Vous n’êtes pas pros de la santé, cela a des avantages car vous connaissez les jeunes au quotidien. Vous avez « accès » aux jeunes d’une autre manière, plus humaine, plus simple avec des mots moins compliqués ». Les pros, grâce à la relation de confiance créée avec leurs publics, peuvent ainsi, si besoin, les orienter vers des soignant.es ainsi que vers des partenaires associatifs qui peuvent contribuer à l’amélioration de leur état mental et physique. Il a été rappelé que les activités culturelles et physiques ont un effet bénéfique pour tou.tes !
Avec le CRIPS : un jeu vidéo pour lutter contre les addictions
Les addictions ont également été évoquées, elles sont très souvent liées à une problématique psychique, en étant le déclencheur de pathologies ou bien le signal d’un mal-être. La Fédération Léo Lagrange a justement noué un partenariat avec le Centre régional d’information et de prévention du sida et pour la santé des jeunes (CRIPS Île-de-France) début 2021.
L’objectif de ce partenariat est de créer un serious game, un jeu vidéo sur mobile, qui aura pour objectif de protéger les jeunes des consommations de substances psychoactives, tabac, cannabis et autres drogues. Des professionnel.les de l’animation et des jeunes ont été impliqué.es dans la phase de conception afin que le jeu corresponde à leur vécu et à leurs attentes. Une version test de ce jeu sera déployée courant 2022.
Une recherche-action, des outils et des formations pour lutter contre le harcèlement
Par ailleurs, le harcèlement est à l’origine, chez de nombreux enfants, jeunes et adultes, d’un mal-être et d’une souffrance psychique pouvant avoir de graves conséquences. Le réseau Léo est fortement mobilisé sur ce sujet depuis plusieurs années. Des supports pédagogiques ont été créés pour sensibiliser les enfants : le programme les petits citoyens a créé de nombreux outils pour les 7-11 ans https://www.leolagrange.pro/journee-nationale-de-lutte-contre-le-harcelement-scolaire-nos-outils-et-savoir-faire/ . De plus, une recherche-action visant à comprendre le harcèlement chez les ados est en cours de réalisation avec un laboratoire de psychologie de l’Université de Toulouse https://www.leolagrange.pro/une-recherche-action-sur-le-harcelement-des-ados-au-sein-du-reseau-leo/ .
Enfin, des formations sont proposées aux professionnel.les Léo afin qu’il.elles détectent et sachent agir dans ce type de situation. Qu’il s’agisse du plan de développement des compétences (PDC) fédéral ou des PDC régionaux, plusieurs formations visent à accompagner les équipes à faire face à ces problématiques dans leur pratique quotidienne : « Harcèlement entre enfants : détecter et réagir », « Agir sur les situations d’agressivité (évaluer, agir, prévenir) », « Faciliter l’inclusion d’enfants présentant des Troubles du Spectre Autistique (TSA) », « Prévenir harcélement et situations de violence », « Troubles du comportement chez l’enfant et l’adolescent » …
Les équipes Léo sont au contact des publics au quotidien et ont un rôle essentiel à jouer dans la détection et l’accompagnement des personnes en souffrance. L’engagement du réseau au sein de collectifs et de partenariats, la recherche-action, la création d’outils pédagogiques et la formation sont des leviers indispensables pour agir au quotidien pour la santé et le bien-être de tous les publics accueillis et accompagnés dans les structures Léo.
Pour en savoir plus :
https://www.nous-demain.fr/une-recherche-action-sur-le-harcelement-des-ados-au-sein-du-reseau-leo/