Le programme Alphaléo propose un accompagnement à 360 degrés des jeunes de 16 à 25 ans, dans toutes leurs démarches : loisirs, formation, accès à la culture, orientation professionnelle, logement etc. Le non-recours au droit étant très répandu, les professionnel.le.s Alphaléo vont au-devant des jeunes pour sonder leurs besoins et leur proposer des aides et dispositifs répondant à leurs attentes.
Amine Lalou a 18 ans, il rentre en terminale science technologie de l’industrie et développement durable. Il vit avec sa sœur et son beau-frère depuis son arrivée en France, à Trélazé (49), il y a 2 ans.
Au début de l’été 2020, il a rencontré le centre social de son quartier, sur conseil de son beau-frère : « je voulais travailler, ils m’ont expliqué que c’était trop tard pour les jobs d’été mais qu’ils pouvaient m’accompagner. Le BAFA est arrivé dans la discussion et je me suis inscrit. »
Le BAFA avec Léo Lagrange : de la semaine théorique au stage pratique
Emilie, accompagnatrice Alphaléo l’a aidé dans ses démarches : « elle m’a aidé sur plein de choses. Je n’avais pas assez d’argent pour m’inscrire au BAFA par exemple, j’ai fait une demande d’aide financière à la mairie grâce à elle. Pour ma recherche de stage BAFA dans un centre de loisirs, elle m’a donné des contacts. »
Amine a effectué sa première semaine de formation au BAFA en octobre 2020, la crise sanitaire a repoussé à l’été 2021 la réalisation de sa semaine de stage pratique : « j’étais animateur dans une colo Léo Lagrange, je m’occupais des enfants de 8 à 10 ans. C’était plus fatiguant que l’accueil de loisirs mais il y avait une très bonne ambiance le soir entre les animateurs. A la fin de la colo, j’ai fait un bilan avec Sébastien, le directeur. Il m’a donné des conseils et m’a raconté son parcours. »
Amine espère finaliser son BAFA pendant les vacances de la Toussaint avec la semaine d’approfondissement théorique : « je veux voir avec Ludovic d’Alphaléo tous les thèmes qui sont proposés avant de choisir. »
« C’est eux qui m’appellent pour me proposer des choses… »
Le jeune homme n’ose pas demander de l’aide : « c’est eux [les accompagnateur.rice.s] qui m’appellent pour me proposer des choses et voir si cela m’intéresse, parce que moi je ne sais pas trop. Par exemple, j’ai fait 20h avec Léo Lagrange pour gagner de l’argent, c’était le rangement d’un garage du centre social et de la réparation de vélos. C’était une sorte de mini-job ». Il s’agit des ateliers jeunes volontaires, qui octroient une bourse de 80€ aux jeunes pour les aider à réaliser une activité à finalité loisirs ou éducative, en échange de leur implication dans un projet pendant 20h.
Alphaléo va à la rencontre des jeunes pour qu’il.elle.s puissent bénéficier des aides et dispositifs existants. Le non-recours aux droits est très répandu. Amine l’illustre parfaitement par ses propos : « Lorsqu’ils me proposent quelque chose je leur dis que c’est trop gentil de leur part, ils me répondent que c’est leur travail. Cela me gêne vraiment de demander, ils me disent toujours que c’est leur travail, mais moi je suis comme ça ! »
Amine vient toutefois régulièrement sur les sites où se déplace le véhicule Alphamobile : « je les aide à ranger à la fin de leur journée. ». Les professionnel.le.s Alphaléo accompagnent les jeunes qui essaient, à leur manière, d’apporter également leur contribution au programme !
« J’aimerais avoir mon propre salon de coiffure… »
Lorsqu’on interroge le lycéen sur ses projets, ses rêves pour plus tard, il se détourne parfois du chemin tracé par ses études : « j’aimerais avoir mon propre salon de coiffure pour hommes, je sais coiffer même si je ne suis pas un professionnel. J’ai appris dans ma famille et pendant les confinements car les coiffeurs étaient fermés ! ».
Amine présente le parcours de beaucoup de jeunes qui connaissent une rupture : d’une seconde générale au Maroc à une seconde technologique en France et l’orientation à priori impossible en coiffure. Mais il n’en avait pas parlé à Ludovic, son conseiller Alphaléo.
« Je ne sais pas encore, mais j’ai le temps, je dois déjà faire ma terminale… »
Quelques semaines passent et finalement, après de nouveaux renseignements pris, il découvre qu’il pourrait s’orienter vers un CAP coiffure après 18 ans : « je ne sais pas encore, mais j’ai le temps, je dois déjà faire ma terminale et obtenir mon BAC. J’aurais voulu rester en filière générale pour aller ensuite en école d’ingénieur, mais mon niveau de français était insuffisant. »
Après le BAC, Amine pourrait poursuivre en BTS puis avec un BAC+3 et un BAC+5 : « pour la terminale il faut choisir des spécialités, je voulais faire architecture et construction. C’est ce que je connais car mon père est architecte. Mais j’ai du choisir énergie et environnement. » Ingénieur, architecte, coiffeur, manager du sport : il a encore quelques mois pour réfléchir avant d’émettre ses vœux sur Parcours Sup.
Il n’est déjà pas simple de s’orienter à 18 ans, et encore moins lorsqu’un parcours migratoire complique les plans d’un jeune !
La coopérative jeunesse et l’entrepreneuriat
L’été 2021 était placé sous de meilleurs auspices que 2020, Alphaléo a proposé à Mohamed de participer à une coopérative d’activités jeunesse, ce qui est en parfaite adéquation avec ses envies d’entrepreneuriat !
Le jeune homme a été retenu et a travaillé tout l’été avec huit autres camarades : peinture de caves, lavage de voitures, vente de bocaux en verre, jardinage, animation… Les entrepreneur.se.s en herbe devaient gérer leur entreprise : « nous étions organisés en trois comités : finance, ressources humaines et marketing. Nous avons fait des flyers pour faire de la pub, nous avons passé des annonces sur les réseaux sociaux et nous avons fait du démarchage téléphonique. » Amine a voulu essayer tous les comités : « je voulais toucher à tout pour avoir une vision globale ».
L’expérience est plus que concluante et sur plusieurs plans ! Amine a beaucoup appris : réalisation de devis, négociation, gestion financière, organisation des chantiers et techniques de peinture, jardinage. De plus, ils ont dépassé des records de facturation : 8400€ pour l’été !
Le lycéen a repris le chemin des cours et s’apprête à solliciter Ludovic : « j’ai noté plein de choses à lui demander ! ». Inscription pour l’approfondissement au BAFA, enquête métiers pour avancer dans son orientation professionnelle, stage éloquence et théâtre : l’année s’annonce riche et pleine de projets !