Désormais 11 ans que la Léo Lagrange Nord-île-de-France gère la coordination culturelle à destination des personnes placées sous-main de justice en île-de-France. La culture par tou.tes, pour tou.tes et en tous lieux, comme droit fondamental ; une formule qui rejoint l’initiative primordiale qui vise à maintenir ces publics au plus proche du champ culturel et de l’expression artistique. Un maintien ne s’opère pourtant pas seul : le rôle primordial des coordinateur.rices culturel.les au sein du réseau Léo Lagrange s’incarne dans la programmation et l’organisation de ces activités. Un poste que Camille Blumberg, coordinatrice culturelle au centre pénitentiaire de Paris-La Santé, place « parmi les plus beaux métiers du monde ». Cette fois-ci, focus sur l’entretien récent de Nelly et Adeline, respectivement coordinatrices au sein du centre pénitentiaire de Fresnes, et de la maison d’arrêt de Fleury-Merogis, afin de mieux comprendre leurs précieux rôles dans la démocratisation de l’art et de la culture.
Réanimer l’attrait culturel afin de diversifier l’offre artistique
Cette démocratisation suit d’abord l’envie d’utiliser le modèle extérieur culturel et artistique, afin de le calquer au sein du milieu pénitentiaire : « L’idée, c’est de proposer exactement la même programmation culturelle qu’il y a à l’extérieur, à l’intérieur de la détention. Pour ça, on va multiplier les disciplines qu’on va proposer. Il y a des disciplines auxquelles on pense assez facilement comme le théâtre ou l’écriture, mais on peut aussi avoir de la danse, du cirque, du yoga, des échecs… », indiquent d’abord Adeline et Nelly. Les pratiques ainsi que la création artistique et culturelle remises entre les mains des détenu.es, cette ouverture sur l’extérieur témoigne également d’une volonté de pluraliser, et de multiplier le champ créatif de chacune. « Le but c’est vraiment d’avoir un maximum de projets sur effectivement tous les champs artistiques que l’on peut trouver à l’extérieur. Et l’idée c’est vraiment d’accentuer l’aspect pluridisciplinaire aussi des actions culturelles que l’on mène en prison afin d’élargir la focale artistique des propositions mises en place. »
L’art et la culture, moteurs de réinsertion
Une fois acquise, explorée, la pratique culturelle et artistique est pour le détenu une échappatoire, par lequel nouvellement entrevoir sa relation avec soi et ses émotions, avec sa famille, ses proches, dans la perspective d’une réinsertion prochaine : le Kamishibaï créé par des pères détenus pour leurs enfants en visite au centre pénitentiaire de Bois d’Arcy, permet à la fois d’entretenir un lien familial précieux, tout en affirmant un goût renouvelé pour l’expression artistique ; une expression, qui selon Adeline et Nelly, relève du droit pour le détenu : « Il s’agit d’une mission du service pénitentiaire d’insertion et de probation que de proposer des actions culturelles à l’ensemble de la population pénale et il s’agit donc de participer activement à la réinsertion des personnes détenues à travers les actions culturelles. Donc effectivement c’est un droit pour les personnes détenues que de pouvoir participer à ces ateliers, l’idée c’est vraiment qu’on puisse recréer un lien et proposer à chacun un moyen d’expression qui lui est propre, et qui peut être différent de ce qui lui est proposé au quotidien. ». Le quotidien en détention, en ce qu’il demeure fixe et répétitif, se voit redéfini une fois l’expression artistique démocratisée et transmise par le.la coordinateur.rice. Ce dernier distribue des indices, utilisés par le.la détenu.e, lui permettant de mieux se connaître soi et ses émotions, favorisant par conséquent la constitution d’une perception et d’une expression renouvelées ; un renouvellement qui permet d’entrevoir, hors des murs, un futur encourageant et radieux pour chacun.e.
En savoir plus sur les actions culturelles en milieu carcéral :
https://www.leolagrange.org/laction-culturelle-en-milieu-carceral/
https://www.leolagrange.org/camille-blumberg-la-coordination-culturelle-en-milieu-carceral-une-vocation/
https://www.leolagrange.org/la-coordination-culturelle-en-milieu-carceral-en-ile-de-france-des-personnes-detenues-creent-un-kamishibai/