Léo Lagrange Nord-Île-de-France a démarré, en mars, des interventions Défis & Différences (D&D) au sein des écoles parisiennes. Émeline, volontaire en service civique et Françoise, animatrice jeunesse ont été formées en décembre et janvier derniers à l’animation de ce programme de lutte contre les discriminations par le pôle engagement Nord-Île-de-France. Jeudi 11 mars, elles intervenaient auprès d’une classe de CM1 de l’école Simon Bolivar à Paris 19e.
Juliette Boisse, responsable de l’Espace Paris Jeunes (EPJ) Le 27, à Paris 17e , était également présente pour les accompagner dans leurs premiers pas d’animatrices D&D ! Emeline est actuellement en service civique à l’EPJ Le 27 et Françoise est animatrice jeunesse à l’EPJ Le Miroir à Paris 14e.
Après avoir installé la salle, les trois pros ont accueilli les élèves qui rentraient de leur récréation. Distribution des badges D&D avec les prénoms, rappel des sujets abordés la semaine précédente : il s’agit en effet de la 2e intervention sur les cinq prévues auprès de cette même classe. Un élève résume l’objectif de la dernière séance : « savoir se mettre en groupe ».
Comprendre l’empathie grâce aux émotions
Les animatrices annoncent ensuite les sujets du jour : tout d’abord les émotions et l’empathie puis la violence. Émeline demande au groupe « Est-ce que vous savez ce qu’est l’empathie ? ». Les élèves tentent quelques définitions approximatives ou hors-sujet et l’animatrice conclut en expliquant ce concept.
Démarrage du jeu : tous les élèves se positionnent en cercle, puis l’un après l’autre ils devront se positionner au centre, dire quelle émotion ils ressentent et l’accompagner d’un geste correspondant à cette émotion. Tous les élèves devront ensuite, simultanément, répéter ce geste.
« Je ressens de l’amour pour quelqu’un dans la classe », « je ressens de la joie car mes amis sont là pour moi », « de la fatigue », « de la peur » … Certains gestes sont très évocateurs, d’autres relèvent davantage du spectacle !
Un deuxième jeu est proposé dans la foulée, Françoise explique « vous vous déplacerez dans l’espace libre, sans vous toucher et vous vous arrêterez quand Émeline prononcera un mot correspondant à une émotion et vous ferez alors un geste correspondant à cette émotion. Puis vous recommencerez à vous déplacer. » Joie, peur, fatigue, sont quelques-unes des émotions proposées pour ce jeu de mimes qui a eu beaucoup de difficultés à rester silencieux !
Apprendre à partager et à verbaliser ses émotions
Retour sur un temps calme d’échanges, Émeline leur demande : « est-ce que c’est plus facile de dire ou de mimer ses émotions ? » Carton vert ou carton rouge pour répondre, la plupart préfère verbaliser les émotions. Les élèves doivent argumenter : « c’est plus facile de comprendre avec des mots », « tu as juste besoin de dire un mot, alors que mimer c’est plus long ».
Émeline poursuit : « est-ce que dans la vie on reconnaît toujours les émotions des autres ? ». Pour la plupart des élèves, c’est effectivement très difficile.
Dernière question du débat : « Dans la vie de tous les jours, est-ce que vous partagez facilement vos émotions avec votre entourage ? ». Les enfants répondent de manière assez différente les uns des autres : « non, car ça ne les regarde pas », « oui, si c’est des amis qui ont l’habitude et me connaissent », ça dépend des émotions », « oui, parfois, un peu trop même ! » « Des fois oui, des fois non ».
La première heure est clôturée par Émeline : « Nous avons vu ce qu’était l’empathie. Nous avons ensuite constaté que ce n’était pas facile car nous ne montrons pas tous nos émotions de la même façon. »
« La violence, c’est des mots et des poings »
Presque une transition pour la dernière partie de l’intervention, consacrée à la violence : Françoise demande « qu’est-ce que vous évoque la violence ? ». Les enfants énoncent pêle-mêle : violence physique, violence sexuelle, harcèlement, « on peut aussi se faire mal à nous-mêmes », « quand ce sont des grands qui se battent, et pas du même pays, cela peut mener à la guerre », « certains dans la classe disent que ce n’est pas bien la violence mais ils continuent et les bagarres, cela peut tuer des gens ».
A nouveau carton vert et carton rouge pour se positionner sur des affirmations proposées par les animatrices. Parmi celles-ci : « Est-ce violent de se moquer d’un camarade car il est roux ? ». Les élèves veulent s’exprimer et lèvent bien haut leurs cartons ! « C’est de la méchanceté, la violence et la méchanceté c’est pas pareil », « la violence c’est des mots et des poings ».
Émeline recentre le débat sur la violence verbale : « est-ce qu’il est possible que cette personne, dont on s’est moqué, le prenne très très mal ? ». Françoise poursuit : « On a tendance à se moquer de la différence. Si on est différent, alors on va se moquer de nous et on va se sentir seul et penser oh, je suis différent alors ».
Être témoin et savoir agir
En fin de séance, Émeline revient sur les différentes formes de violence : verbales, physiques et sexuelles ainsi que sur l’objectif de l’activité : « quand on est témoin d’une scène de violence, il faut aller consoler la personne et aller voir un adulte. Il ne faut pas ignorer ce qui s’est passé, il faut éprouver de l’empathie pour l’aider mais aussi éviter d’être violent avec les autres ».
Dans quelques années ces enfants seront des adolescent.e.s qui peut-être, un jour, seront pris dans l’engrenage de la violence ou en seront témoins. Les interventions D&D poursuivent cette ambition de former les plus jeunes à l’empathie, à la solidarité et au respect de l’autre, pour en faire un jour, des citoyen.ne.s responsables et éclairé.e.s.
Pour garder le contact
Pôle engagement Nord-Île-de-France
poleengagement.nordiledefrance@leolagrange.orgJuliette Boisse
Responsable de l’EPJ Le 27
epjle27.direction@leolagrange.orgEn savoir plus sur le programme Défis & Différences