Comprendre la laïcité et son application dans les services de l’État, dans l’espace public et dans les entreprises et associations représente un enjeu central pour le vivre-ensemble et afin d’éviter les crispations autour du fait religieux. C’est pourquoi, depuis 2015, l’Etat contractualise avec des partenaires pour dispenser la formation Valeurs de la République et Laïcité (VRL). La Fédération Léo Lagrange forme des formateur·rices depuis plusieurs années, lesquel·les formeront des professionnel·les et bénévoles au contact du public. Une nouvelle convention d’objectifs pluriannuels vient d’être signée pour les années 2024, 2025 et 2026.
Du 5 au 7 décembre derniers, Cécilia Malet, responsable du pôle engagement Léo Lagrange Ouest, animait la formation de formateurs VRL au FIAP à Paris pour 11 salarié·es Léo. La formation VRL est organisée en 3 niveaux :
- Niveau 1 : il s’agit des formateur·rices de formateur·rices, c’est le cas de Cécilia. 3 salarié·es Léo en France sont habilité·es.
- Niveau 2 : il s’agit des formateur·rices qui interviendront auprès des professionnel·les et bénévoles qui reçoivent du public ou encore auprès des élu·es et équipes des collectivités locales.
- Niveau 3 : correspond à la formation reçue par les personnes au contact du public.
Les 11 participant·es à la formation dispensée en décembre seront habilité·es au niveau 2.
Cette formation est principalement organisée autour de mises en situation qui correspondent aux activités que les futur·es formateur·rices VRL animeront face à leurs futur·es stagiaires. Après quelques rappels et messages-clés sur la laïcité le 1er jour ainsi que la présentation du kit pédagogique, créé par l’Etat et fourni à tou·tes les intervenant·es, Cécilia démarre les mises en situation issues de ce kit pédagogique.
Analyser des photos questionnant le respect du cadre juridique de la laïcité
Parmi les activités qui sont utilisées, figure l’analyse de photos. Les intervenant·es projettent une photo et interrogent le groupe sur la conformité de la situation au regard du cadre juridique de la laïcité.
Une 1ère photo montre des étudiantes voilées à l’université. Les stagiaires confirment que cette situation est conforme au cadre juridique de la laïcité dans les universités, car le port de signes religieux n’y est pas interdit.
Le groupe se rappelle de l’un des enseignements vus précédemment : les 2 questions à se poser sont le contexte et le statut de la personne.
La photo suivante concerne une procession orthodoxe en pleine rue. Est-ce autorisé ? Ici, il s’agit d’une manifestation déclarée et autorisée, donc aucun problème avec l’expression religieuse.
Partager des situations vécues au travail et les analyser
Après le passage en revue de plusieurs illustrations, une nouvelle séquence démarre. 2 stagiaires se lèvent et prennent le rôle de formateur·rices, leurs camarades joueront les stagiaires. 1ère étape : faire émerger des situations vécues en poste, questionnant la laïcité, pour les analyser par la suite. « Vous allez chacun nous faire part d’une situation que vous décrirez succinctement. Ensuite, vous voterez pour en retenir 3. Qui veut proposer une situation ? »
8 situations sont énoncées, 3 sont retenues par le vote. Des questions sont posées au sein du groupe pour apporter davantage de contexte et précisions sur ces situations qui sont ensuite mises sous enveloppe pour être débriefées le lendemain par des binômes qui devront préparer leur débrief.
Cécilia intervient pour évoquer le cas où aucun stagiaire ne propose de situations vécues : « vous pourrez alors en piocher dans le livret pédagogique ».
Quiz d’auto-positionnement sur la laïcité
Après la pause déjeuner, l’après-midi démarre par un quiz « vrai-faux ». A nouveau, 2 stagiaires entrent dans la peau des formateur·rices et animent le quiz, ce qui signifie être en capacité non seulement de donner la réponse mais d’expliquer.
- Etre laïque c’est être athée ? Faux. Explication : il est possible d’être de confession juive et laïque.
- La laïcité est un concept récent apparu il y a une dizaine d’année ? Faux. Rappel des éléments-clés vus la veille : la laïcité et son cadre juridique sont le fruit d’un processus historique vieux de plusieurs siècles.
- La laïcité est un principe garantissant la liberté individuelle ? Vrai. Rappel des 5 libertés fondamentales, dont celle de la liberté d’exercer un culte.
Jeu de rôle : se mettre dans la peau des protagonistes d’une situation problématique et animer le débrief
Cécilia assure la transition avec la séquence suivante : des situations interrogeant le cadre juridique de la laïcité sont lues dans le manuel pédagogique. Débat autour de chacune pour savoir ce qui s’applique. Ensuite, les 4 situations étudiées sont réparties entre les stagiaires qui doivent jouer la scène. Après 5 minutes de préparation, Solène et Arthur se lancent pour jouer leur saynète : Arthur est une salariée juive qui devient pratiquante, elle travaille dans une entreprise d’insertion en restauration. Solène est son encadrant technique.
- Arthur explique ses nouvelles contraintes, en raison de sa confession : il ne veut plus manipuler la viande car elle n’est pas casher et souhaiterait ne plus travailler le samedi car c’est Shabat.
- Solène est dans une posture d’écoute et de bienveillance et prend en compte le contexte d’insertion également : « cela fait partie de tes missions, on ne peut pas les changer, tu pourrais par exemple utiliser des gants pour la viande ? ». S’agissant du samedi : « c’est notre plus grosse journée de travail, nous avons besoin de tout le monde, si tu ne travaillais pas ce jour-là, la surcharge de travail reposerait sur tes collègues. »
- Arthur est embêté, Solène questionne son projet professionnel dans la restauration et propose de prendre le temps d’en parler au cours d’un rendez-vous dédié.
Cécilia interpelle ensuite le groupe pour le débrief. Sont mis en avant la qualité du dialogue et la prise en compte de la situation d’insertion de la salariée, la nécessité de parler de son projet professionnel et la pertinence de reporter la discussion ultérieurement, pour prendre le temps de réfléchir.
Le groupe s’interroge sur des solutions éventuelles pour répondre aux demandes de la salariée : « et si ses collègues sont prêts à la remplacer le samedi ? ». Cécilia explique qu’en terme organisationnel, il deviendrait compliqué de commencer à répondre aux demandes de chacun et que le non-respect du contrat de travail, ce qui est le cas ici, peut entraîner un licenciement.
Prévention de la radicalisation
Lors des mises en situations suivantes, dans la partie prévention de la radicalisation, plusieurs concernent le cadre du respect du contrat de travail et non pas le cadre juridique de la laïcité. « Certains cas pratiques questionnent l’obligation du salarié d’exécuter son contrat de travail ou le respect des règles de savoir-vivre » précise la formatrice.
La journée se termine par des apports théoriques sur la prévention de la radicalisation et la compréhension du phénomène.
La 3è et dernière journée de formation se poursuivra avec de nouvelles mises en situation dont le débrief des situations vécues et retenues par le groupe lors du 2è jour.
Ces nouveaux salarié·es Léo formé·es interviendront pour certains en formation VRL auprès d’animateur·rices périscolaires ou pourront la proposer à leurs partenaires locaux par exemple. La convention d’objectifs prévoit le financement de 10 interventions par an. En parallèle, des financements régionaux sont prévus pour aider les intervenant·es VRL à dispenser cette formation sur leur territoire.
Si vous êtes intéréssé·es par une intervention VRL pour vos équipes ou partenaires, voici les dates des prochaines formations en 2024 :
29 et 30 janvier : à Saint-Nazaire
Mars : à Nantes
Avril : à Nantes
6 et 13 avril : à Lille
Mai : à Nantes
Une session sera organisée à Paris, date à définir
Pour garder le contact :
Cécilia Malet
Responsable du pôle engagement Léo Lagrange Ouest
cecilia.malet@leolagrange.org