Corinne, tu es conseillère régionale en Ile-de-France jusque dimanche. Peux-tu nous dire en quoi ce mandat consiste ?
Je suis élue conseillère régionale depuis 2010. J’ai été deux ans vice-présidente de la Région Ile-de-France. Etre élue cela signifie que l’on est sollicitée pour donner son avis sur l’ensemble des décisions prises par la collectivité locale. Quand on est dans la majorité du conseil, les élus contribuent à l’élaboration des décisions, aux choix, à la définition et à la mise en œuvre de nouveaux dispositifs, surtout lorsque l’on est vice-président.
Quelles sont les compétences de la région ? En quoi cela a-t-il un impact sur notre vie quotidienne ?
Les compétences de la Région ont été revues en 2014 avec la loi Notre. Principalement, la Région doit s’occuper des lycées, c’est-à-dire des bâtiments et des équipements, l’enseignement étant assuré par l’Education nationale. Si la Région en fait le souhait, elle peut doter les établissements scolaires en matériel numérique, en tablette pour les élèves, rendre gratuits les manuels scolaires, les équipements de l’enseignement professionnel. Elle peut aussi proposer des activités périscolaires, des interventions dans les lycées en matière de discriminations par exemple, de sensibilisation culturelle, sportive…
La seconde compétence majeure de la Région est l’aménagement des transports : les TER, les RER, les tramways, les bus. Elle le fait en lien avec les autres collectivités locales. Elle définit et met en œuvre le schéma des transports, définit les tarifs du billet, les conditions de mobilités, la qualité des transports, les prix, les fréquences… c’est elle.
La région est la cheffe de file pour le développement économique : elle assure le soutien à la création et au développement des entreprises et des emplois. Elle structure l’innovation, le développement. Elle permet à la recherche de trouver des débouchées économiques.
Elle est aussi cheffe de file en matière de formation en direction des demandeurs d’emploi et des personnes les plus fragiles.
Enfin, elle est l’échelon idéal et essentiel pour mobiliser l’ensemble des politiques publiques en matière d’environnement, d’écologie et de lutte contre le dérèglement climatique.
Les politiques régionales ont-elles des implications sur les associations comme la Fédération Léo Lagrange ?
Bien sûr, d’abord parce que Léo Lagrange est une association et par conséquent bénéficie, ou pas, des actions en faveur du développement associatif (soutien au bénévolat, mobilisation au titre de la politique de labile…). Mais Léo Lagrange est aussi un partenaire évident pour proposer des formations ou encore des interventions en direction des lycéens.
Enfin, notre mouvement est une entreprise associative dont les régions peuvent soutenir le développement y compris en matière de tourisme social.
Comment analyses-tu les résultats de ce premier tour des élections régionales et départementales ?
J’ai entendu nombre d’analyses sur l’abstention… Car il me semble que l’enjeu est notamment celui des 87% d’abstention chez les jeunes. Les uns et les autres s’attachent à expliquer que la propagande est arrivée trop tard, que le COVID a perturbé les opérations.
Mon sentiment, c’est que les raisons sont bien plus profondes. Je ne crois pas que les jeunes se désintéressent de la politique, au contraire. Je crois surtout qu’ils ne se déplacent que lorsque les enjeux, les propositions et les pratiques leur parlent, répondent à leurs attentes et bien plus, prennent en considération leur vision des enjeux et du monde.
Ces élections n’ont reflété que des enjeux de personnes, d’égo ou encore de positionnement.
C’est triste et inquiétant… Je le répète, il n’y a pas de démocratie sans électeur.
Qu’as-tu envie de dire aux personnes qui ne sont pas allées voter pour les convaincre d’y aller dimanche prochain ? Et à ceux qui n’y croient plus ?
A ceux qui ne sont pas venus, il est encore temps de participer… et ceux qui n’y croient plus, surtout de s’en mêler. Car ce n’est pas en désertant les urnes et les engagements que les choses vont s’améliorer.
Au contraire, il faut s’engager, être candidat, prendre parti pour changer les choses. Si les uns et les autres ne font pas confiance à ceux qui animent aujourd’hui les débats, et bien allez y ! Prenez la parole, prenez des adhésions, débattez, décidez et mobilisez autour de vous.
La reconquête des cœurs et des raisons passe par ce premier pas : celui de ne pas laisser l’espace…