Le centre social Léo Lagrange de la Belle de mai à Marseille (13) place la réussite éducative comme l’un des axes prioritaires de son action dans le quartier. Le 6 février dernier, l’équipement de proximité a organisé une rencontre sur le thème « Les réussites éducatives en débat » pour restituer les résultats de deux démarches. Il s’agit d’une part d’une évaluation de l’impact social d’un dispositif à destination de collégiens temporairement exclus de leur établissement et d’autre part d’une consultation auprès des habitant·es, en préparation d’une future labellisation « cité éducative » du quartier. Christophe Roedelsperger et Mickael Crolet, respectivement directeurs du centre social St Mauront et du centre social de la Belle de mai, reviennent sur ces projets qu’ils ont pilotés ces derniers mois.
Le centre social de la Belle de mai est reconnu comme un acteur essentiel de la vie du quartier, grâce entre autres à son travail de terrain pour la participation des habitant·es. C’est pourquoi, les partenaires institutionnels l’ont sollicité pour mener une des deux consultations permettant de préparer le dossier de demande de labellisation « cité éducative » du quartier de la Belle de mai.
Christophe, alors directeur de la structure et sur le point de changer de poste pour prendre la direction du centre social de Saint-Mauront, a sollicité Mickael pour piloter cette consultation, qui explique : « j’avais quitté mes fonctions de directeur du centre social Campagne L’Evêque et j’étais libre en attendant de remplacer Christophe à la Belle de mai ».
Une concertation pour collecter et porter la parole des habitant·es de la Belle de mai
Les salarié·es du centre social ont été mobilisés pour battre le pavé et questionner les habitants : qu’est ce que la réussite éducative et que nécessite t-elle ? De quoi avons-nous besoin pour y parvenir ?
La consultation a été déployée en deux temps :
- Collecte de la parole des habitants sur la réussite éducative: devant les écoles, les collèges, lors des ateliers parentalité, avec les enfants et les jeunes pendant les accueils de loisirs et les accueils jeunes. Cette phase a duré 6 semaines et a permis d’identifier les enjeux pour la réussite éducative grâce à plus de 700 contributions.
- Organisation d’une réunion publique le 12 décembre, toujours avec les habitants : les participants ont travaillé en ateliers pour transformer les enjeux en axes prioritaires.
« Nous n’avons pas seulement réalisé un diagnostic en collectant la parole, nous voulions aussi que cette consultation devienne une modalité pour développer le pouvoir d’agir des personnes, afin qu’ensuite elles s’approprient cette cité éducative » explique Mickael. L’implication des habitants représente bien le fil rouge des actions du centre social, qu’il s’agisse d’une réflexion sur les espaces de vie ou de la préparation d’une labellisation de leur quartier.
Le professionnel poursuit : « l’éducation populaire a été le maître-mot de notre démarche, dans sa méthodologie et sa philosophie, nous l’avons animée de manière concertée, pour donner la parole aux habitants et la porter. Nous nous sommes engagés à faire remonter les priorités qu’ils ont fixées. »
Le 6 février, une rencontre a été organisée par l’équipe Léo Lagrange sur le thème : « les réussites éducatives en débat ». Parmi les interventions à l’ordre du jour : la restitution des résultats de la consultation. Les points seyants issus de cette démarche sont :
- L’occupation de l’espace public avec le prisme du lien parent-enfant: les personnes sondées pointent le manque d’aires de jeux pour se retrouver. Ces lieux sont identifiés comme des critères importants d’une relation parents-enfants apaisés. Les espaces sportifs manquent également.
- Le triptyque parents, école, monde associatif (culturel, sportif, loisirs) : la réussite éducative se trouve à la croisée de ces 3 typologies d’acteurs, avec l’enfant au centre, pour une co-éducation réussie.
Une formation-action pour accompagner les salarié·es Léo Lagrange à évaluer l’impact de leur action
Toujours en lien avec la réussite éducative, une deuxième table-ronde a été animée le 6 février. Celle-ci visait à présenter l’évaluation de l’impact social d’un dispositif d’accueil des collégiens exclus temporairement. Le centre social pilote depuis plusieurs années cette action.
Christophe rappelle la genèse de ce projet : « en 2023, nous avons bénéficié d’un DLA, diagnostic local d’accompagnement, pour le renouvellement de notre projet social. Nous avons alors travaillé sur l’utilité sociale de la structure, nous voulions mettre l’accent et faire comprendre cette utilité sociale, tout en redonnant du sens à l’équipe sur notre action. Nous avons ensuite souhaité aller plus loin et évaluer l’impact social. »
L’activité de l’équipement étant vaste, l’équipe a choisi de concentrer son évaluation sur un dispositif partenarial, intersecteur et avec des données quantifiables. Christophe a fait appel à un organisme qui a accompagné 4 salarié·es de l’équipe dans une formation-action. Une série d’entretiens et questionnaires ont été réalisés, avec l’aide du formateur. Une vingtaine de collégiens, de parents et une trentaine de professionnel·les de l’Education nationale ont été interrogé·es.
Restitution des impacts et des préconisations pour l’amélioration du dispositif
Les 3 principaux impacts ont été observés :
- La prise de conscience par les adolescent·es des raisons de leur exclusion,
- Une évolution dans leurs relations aux autres et au travail scolaire
- Une continuité éducative rassurante pour la communauté éducative et les parents.
Ensuite, l’équipe a proposé plusieurs pistes d’amélioration du dispositif concernant l’organisation et l’animation du partenariat entre le centre social et le collège, pour une meilleure communication ainsi que la nécessité de mieux individualiser l’accompagnement de chaque collégien.
« Cette formation-action et l’évaluation de l’impact social que nous avons entreprise m’a beaucoup apporté. Je vais m’en inspirer au centre social St Mauront pour évaluer notre projet social, en vue de sa réécriture » complète Christophe.
Evaluer pour valoriser l’impact social de nos métiers
Le plan de développement des compétences (PDC) fédéral propose depuis 2 ans une formation à l’évaluation de l’impact social de nos actions. Tous métiers et environnements confondus, mesurer pour valoriser ensuite notre impact auprès de nos publics et sur les territoires est essentiel. Faire reconnaître le rôle incontournable du secteur associatif et de l’éducation populaire dans la vie de la cité représente un enjeu d’avenir. Les équipes Léo Lagrange s’investissent pleinement dans ce sens, pour promouvoir et faire vivre notre projet associatif.
Pour garder le contact :
Christophe Roedelsperger
Directeur du centre social Saint-Mauront
christophe.roedelsperger@leolagrange.orgMickael Crolet
Directeur du centre social Saint-Louis
mickael.crolet@leolagrange.orgPour aller plus loin :
Pourquoi et comment évaluer l’impact social de nos actions ?