Pourquoi danser ou chanter ? Pourquoi écrit-on sur soi ? Pourquoi performe-t-on ? Autant de questions auxquelles l’association Hors Pistes, affiliée à la Fédération Léo Lagrange, et dock europe e.V. basée à Hambourg, ont tenté de répondre en avril dernier, à Marseille. Au cœur de cette formation franco-allemande, 20 travailleurs de jeunesse aux trajectoires individuelles distinctes, tous réunis pour n’en former qu’une ; retour sur le projet « Trajectoires » plurilingue et interculturel, centré sur le potentiel de l’écriture de soi et de la performance.
L’écriture autobiographique jalonne la littérature depuis le IVe siècle et les confessions de Saint-Augustin. Devenu par la force du temps un genre littéraire à part entière, il permet de raconter son individualité, son évolution, un cheminement, ses performances… Un genre que les associations Hors Pistes à Marseille, affiliée à la Fédération Léo Lagrange, et dock europe e.V. à Hambourg, initialement organisatrices de projets de mobilité internationale et de formations avec le soutien de l’OFAJ (Office franco-allemand pour la Jeunesse) et le programme Erasmus + Jeunesse et Sports, ont traité du 17 au 24 avril dernier. Centré sur les thématiques de l’écriture et du rapport à la performance, ce projet avait vocation à s’ancrer dans des dynamiques d’échange, de partage, et de transmission : « 20 participants, majoritairement des travailleurs de jeunesse de France et d’Allemagne ont pu tester – dans un environnement bilingue – des méthodes ludiques et créatives permettant de dépasser les blocages liés à l’écriture, de lire et s’approprier collectivement nos récits de vie. » – « Ils se sont outillés afin de mettre en place des ateliers biographiques dans un cadre professionnel, bénévole ou militant auprès d’enfants, d’adolescents, de jeunes et d’adultes », précise Cassandre Bichet, chargée de projets et formatrice au sein de l’association Hors Pistes, membre de l’équipe organisatrice.
Par l’échange européen, provoquer l’échange artistique
Cette équipe, forte d’anciens membres ayant déjà animé des formations plurinationales, est composée de Alena Ottersbach (salariée de dock europe e.V), Kamil Hatimi (freelance et auteur) et Sarah Nuedling (freelance membre active du collectif « KreaturenKollektiv »), a conçu ce programme « comme un terrain de jeux et d’expérimentations autour de l’écriture, plus particulièrement de l’écriture biographique, des arts de la scène et des approches performatives ». Cette approche pluri-artistique autour des mots, de la danse, ou encore du chant a permis de favoriser un échange européen et plurinational, tout en « permettant aux participants de vivre une expérience de mobilité, de rencontrer leurs homologues européens, de créer des passerelles entre leur travail local et une approche européenne du monde de la jeunesse ». Si ce projet se trouve être pertinent à l’échelle collective, tant il permet l’échange et le partage de visions multiples, à l’échelle individuelle, ses participants « deviennent des démultiplicateurs de cette expérience enrichissante et apportent à leurs pratiques de nouvelles visions, une nouvelle énergie », poursuit Cassandre Bichet.
Se découvrir par l’écriture, un enjeu à transmettre aux plus jeunes
Une énergie créative qui a pu se propager, d’abord au travers de multiples ateliers d’écriture : dans la nature, en ville, en suivant des consignes, en solitaire, en groupe, en binôme, ou encore en lien direct avec la thématique de l’écriture. Si elle a permis à l’entièreté des participants de se raconter et de se découvrir, l’écriture n’était pas la seule discipline à permettre une découverte de soi : « Nous avons aussi passé du temps à découvrir une méthode spécifique intitulée la « table de mixage » permettant de mettre en scène et en mouvements des textes, tout cela de façon ludique et démocratique ». En plus d’incarner leurs productions artistiques, les participant.es ont pu observer l’exposition « rue du musée/musée de la rue » de l’association Noailles Debout ! « dont l’objectif est de construire une mémoire urbaine collective suite aux effondrements de la rue d’Aubagne à Marseille ». Au sortir de cette semaine artistiquement intense, jalonnés d’animations linguistiques permettant de se familiariser avec la langue française et allemande, d’energizers et de jeux, les participants ont pu mettre en commun leurs visions et leurs perspectives professionnelles avec lesquelles « réutiliser les méthodes découvertes tout du long de la semaine auprès d’un public spécifique (enfants, adolescents, jeunes, adultes). ».
Fort de retours très positifs de la part des 20 participants, la possibilité d’une deuxième phase du projet est grandement envisageable. Afin de poursuivre cette dynamique d’échange et de partage favorable à la création artistique, le groupe souhaiterait prolonger son apprentissage, et aurait jeté son dévolu sur la ville d’Hambourg. Alors, cap sur l’Allemagne ?
Afin d’en savoir plus sur les associations actrices de cet échange :