Les résident.e.s du Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) de Saint-Beauzire (43), près de Brioude (43) ont traversé le Covid comme une tempête de plus dans leur parcours d’immigration. La crise sanitaire est difficile et parfois tragique pour nous tou.t.e.s, mais elle l’est encore plus pour les réfugié.e.s qui ont laissé derrière eux leurs familles, leur pays, pour redémarrer une nouvelle vie.
Nous avons beaucoup entendu parler, à juste titre, des personnes âgées, des soignant.e.s, des métiers dits « essentiels », des professionnel.le.s de la culture, avec pour chacun.e, son lot d’adversités et de dommages collatéraux liés au Covid.
Quant aux résidents du CADA, cinquante places, et du Centre Léo Lagrange d’accueil et d’entraide des réfugiés réinstallés (CLLAERR), soixante places échelonnées sur deux ans, ils ont affronté un premier semestre 2020 semé d’embûches, source d’angoisses et d’inquiétudes supplémentaires. Par exemple, les rendez-vous planifiées en mars et avril auprès des instances dédiées, à Paris, pour leurs demandes de statuts de réfugiés ont été annulés. Certain.e.s attendent encore d’être à nouveau convoqué.e.s !
Vous ne voulez plus entendre parler de l’attestation de sortie ?
L’attestation ? Vous aviez tendance à l’oublier ? Vous avez ronchonné lorsqu’il fallait la remplir manuellement ? Imaginez un.e résident.e du CADA de Saint-Beauzire, en France depuis peu, qui ne maîtrise pas notre langue. Il faut lui expliquer qu’il.elle doit absolument compléter son attestation et surtout la conserver avec lui.elle, pour toute sortie et jusqu’à la fin de cette sortie. Car il.elle risque de se faire contrôler plusieurs fois sur son trajet par les gendarmes ! Les éducateur.rice.s, habituellement, déposent en minibus les résident.e.s en ville, à Brioude, puis reviennent les chercher quelques heures plus tard. Pendant le confinement : impossible ! Les éducateur.rice.s attendaient à proximité des boutiques, pour récupérer les résident.e.s, prêt.e.s à agir pour donner des explications, en cas de contrôle de gendarmerie !
Valérie Pravel, directrice du CADA et du CLLAERR a dû intervenir : « J’ai dû avoir une conversation avec le capitaine de gendarmerie pour qu’ils reprennent ces agents. Nos résidents étaient très contrôlés. Puis cela s’est régulé quand ils ont compris ce qu’il fallait montrer aux gendarmes. Le premier mois a été difficile et très angoissant. »
Le bénévolat : du lien et de la chaleur humaine
L’équipe du CADA et du CLLAERR, entre dix et quatorze professionnel.le.s, peut s’appuyer en temps normal sur une quinzaine de bénévoles, dont la présence est essentielle pour le lien social et l’intégration dans la société d’accueil des demandeur.se.s d’asile. Valérie Prevel explique : « les personnes accueillies ici ont besoin de liens sociaux, les éducateurs interviennent principalement pour les accompagner dans leurs démarches administratives. Pas uniquement mais principalement. Les résidents ont besoin de contact avec l’extérieur, ils ont laissé leur famille dans leur pays. Nous avons des bénévoles qui nous disent « moi je suis une tata pour eux ! » ».
Beaucoup de bénévoles sont âgé.e.s de plus de 60 ans, avec le Covid, ils ont été très prudent.e.s et ont donc été moins présent.e.s. L’enjeu 2021 pour Valérie Pravel ? « Nous espérons avoir un grand retour des bénévoles sur site ! Les résidents sont en manque de liens, nous espérons aussi pouvoir reprogrammer des sorties, nous en faisons mais c’est très réduit. ». L’enjeu est tel qu’un salarié est affecté à mi-temps sur la coordination et le développement du bénévolat pour le CADA, pendant deux ans.
Être bénévole dans un CADA, c’est avoir le souci d’apporter de la chaleur humaine, un sourire, à ceux.celles qui sont en souffrance, « c’est une délivrance pour eux, les bénévoles redonnent de la chaleur humaine à des personnes vulnérables. » conclut la directrice du CADA.
Travailler ou être bénévole auprès des demandeur.se.s d’asile et des réfugié.e.s, c’est éprouver quotidiennement notre altérité et notre fraternité, par-delà nos origines, nos langues et nos croyances.
L’éducation populaire est donc ainsi pleinement dans son rôle !
Précisions sur le CADA et le CLLAERR
Le CADA Saint-Beauzire dispose d’une habilitation de 15 ans pour 50 places. En 2021, le CADA répondra à un appel à projet pour augmenter le nombre de places conventionnées. La durée maximale d’hébergement est de deux ans.
Le CLLAERR Saint-Beauzire, conventionné pour 60 places, accueille uniquement des personnes provenant des camps de réfugié.e.s du Niger et du Tchad, qui ont obtenu sur place leur statut de réfugié.e.s, avant leur arrivée en France. La convention se terminera en juin 2021, lorsque les dernier.ère.s résident.e.s seront parti.e.s.