Face à l’augmentation des cas de harcèlement scolaire, il devient impératif de repenser les méthodes de prévention et d’intervention auprès des jeunes. Depuis 2021, la Fédération Léo Lagrange et l’Université de Toulouse Jean Jaurès travaillent ensemble pour mieux comprendre le harcèlement scolaire, ses causes et ses effets sur les jeunes. Ce projet de recherche-action vise à enrichir les recherches sur le sujet et à adapter les interventions des professionnel.les de l’animation en plaçant le ressenti des adolescent.es au cœur de l’analyse. Après une première phase de collecte de données, le projet amorce sa phase finale avec un colloque prévu en juin 2025 et la publication du rapport final à la rentrée scolaire prochaine.
Depuis l’initiation de la collaboration en 2021 entre la Fédération Léo Lagrange et le laboratoire de psychologie de l’Université Toulouse Jean Jaurès, le projet de recherche-action sur le harcèlement scolaire a fait des progrès significatifs. L’objectif de ce projet ambitieux est de mieux comprendre comment les adolescent.es perçoivent et ressentent les situations de harcèlement, pour adapter les interventions et outils de sensibilisation.
En 2024, Kassia Aleksic, ingénieuse d’étude à l’université de Toulouse, a mené une mission de cinq mois dans le cadre du projet. Elle a participé à la collecte des données et a rencontré plusieurs professionnels de l’éducation nationale et du réseau Léo (pôles engagement, animateurs, BAFA..). Son rapport, en cours de finalisation, inclura une revue de la littérature, une analyse historique et critique et des recommandations pour enrichir les pratiques des professionnels.
Pour cette fin d’année et début 2025, l’équipe du projet se concentrera sur l’analyse des données quantitatives, avec les 405 réponses aux questionnaires recueillies auprès des collégiens. Pour le volet qualitatif, des entretiens seront organisés avec des adolescents des Hubs Léo en février et en avril autour de dispositifs participatifs, tels que des ateliers de radio et des photoslangage.
Un changement de perspective : « accompagner et prévenir » plutôt que « surveiller et punir »
« L’approche individuelle du surveiller et punir est réductrice et insuffisante. Le harcèlement est un phénomène qui doit être compris et analysé dans un cadre plus collectif et systémique, en évitant d’essentialiser les figures du « harceleur et de l’harcelé », explique Guillaume de Chazournes, chef de projet au service ados jeunesse de la Fédération. Les réponses anonymes collectées révèlent ainsi des expériences plus complexes, parfois non identifiées comme du harcèlement, et qui s’inscrivent dans des dynamiques relationnelles, sociales et émotionnelles plus larges.
Aujourd’hui, l’équipe du projet, composée d’enseignant.es chercheur et de professionnels Léo, plaide donc pour une approche différente, en se focalisant davantage sur la socialisation des adolescents, le climat scolaire ou encore les mesures de prévention et de réparation. « Cette approche systémique implique aussi de prendre en compte les émotions, l’empathie et les dynamiques de groupe. Et surtout d’impliquer tous les acteurs de la communauté éducative, à commencer par les enseignant.es et directeurs.trices », ajoute Guillaume.
Une expertise renforcée et des résultats partagés
La fin du projet, prévue pour fin 2025, sera marquée par la tenue d’un colloque en juin réunissant tous les acteurs impliqués – professionnels de la Fédération, chercheurs, éducateurs et représentants de l’Éducation nationale – pour dresser un bilan des avancées et contribuer à enrichir le projet éducatif de la Fédération Léo Lagrange. Ce colloque sera aussi l’occasion d’avoir une première version du rapport de l’étude, dont la version finale sera publiée en septembre 2025.
L’objectif sera ensuite de diffuser ce document sous une forme vulgarisée à l’automne 2025, afin qu’il puisse servir de ressource accessible pour tous les animateurs.trices et devenir un véritable outil de travail. « Nous espérons qu’au terme de cette recherche, les animateur.rices et tous les acteur.rices du terrain disposeront de ressources pratiques et d’une compréhension plus approfondie du harcèlement et des dynamiques structurelles, émotionnelles et relationnelles qui s’y jouent. Nous travaillons pour faire émerger une communauté formée, prête à répondre avec sensibilité et efficacité », conclut Guillaume.
Un cadre déontologique rigoureux pour protéger les participants
Tout au long de l’étude, le projet respecte un cadre déontologique précis afin de garantir la sécurité et l’anonymat des adolescent.es participant.es. Chaque jeune fournit son consentement avant de participer, et des ressources de soutien sont mises à disposition pour ceux qui ressentiraient le besoin d’en parler. Une fiche-mémo est également remise aux professionnel.les administrant les questionnaires et conduisant les entretiens, pour assurer un cadre bienveillant et répondre aux incompréhensions éventuelles.
Pour en savoir plus :
La recherche-action est menée par le laboratoire de psychologie de la socialisation – développement et travail, de l’Université de Toulouse Jean Jaurès. En savoir plus.