Pour remobiliser les personnes éloignées de l’emploi, la MPS formation développe depuis une dizaine d’années « Impacts », un dispositif d’accompagnement de 4 mois à temps plein qui alterne des temps de réflexion et d’enquête pour le projet professionnel, des périodes d’immersion en entreprise et un projet collectif artistique. La promotion actuelle de 10 stagiaires, accompagnée par Muriel Boissinot, travaille à la réalisation d’une reproduction du tableau de Delacroix « La liberté guidant le peuple ». Comment ? Par une composition photographique les mettant en scène !
Remise à niveau en bureautique et élaboration du projet professionnel
Depuis le 15 avril dernier, les 10 stagiaires se retrouvent tous les jours, sauf lors de leurs périodes en entreprise. Remise à niveau en bureautique, prises de contact pour leur projet professionnel, réalisation d’enquêtes métier, recherche de stages et découverte de la photographie pour leur projet collectif ponctuent chaque semaine. En parallèle, Muriel, formatrice, échange avec chacun pour comprendre les parcours de vie, identifier les freins périphériques pour accéder à l’emploi et mobilise les travailleurs sociaux et autres partenaires pour trouver les solutions adéquates.
A mi-parcours, la plupart ont identifié le métier ou le secteur d’activité auquel ils et elles se destinent : conseillère de vente, boulanger, petite enfance, aide à la personne, agent de production, systèmes réseaux ou encore agent de sécurité.
Un projet artistique collectif : une interprétation photographique du tableau « La liberté guidant le peuple »
Mercredi 12 juin, la journée est consacrée au projet collectif artistique. « Nous travaillons depuis longtemps avec Elisabeth, photographe, et la Fabrique Pola dont nous utilisons les installations et en particulier le laboratoire photo. De précédentes promotions Impacts ont fait du théâtre d’improvisation et réalisé un escape game par exemple », explique Eric Piboyeux, directeur des activités à la MPS Formation.
Lorsque tou·tes les stagiaires sont arrivé·es, direction la salle de cours où la photographe rappelle l’avancement du projet et le programme du jour. Pour réaliser leur interprétation photographique de « La liberté guidant le peuple », chacun·e doit être pris en photo individuellement avec un objet représentant son futur métier. Ce mercredi, c’est Alexandre qui est pris en photo avec des outils.
Elisabeth est à leurs côtés pour guider la prise de photos. Avant de démarrer, pendant les premières semaines, le groupe a été sensibilisé à l’usage et aux techniques de base : « nous avons commencé par visiter des expositions de photo, puis nous avons fait une séance de prise en main de l’appareil dans Bordeaux. A la suite de ces prises de vues, nous avons sélectionné des photos et commencé un travail d’écriture pour les légender et expliquer l’intention derrière chaque photo » détaille Elisabeth.
Après la séance photo, arrive un temps de travail en laboratoire ! Tout le monde se serre dans cette pièce équipée du matériel nécessaire pour développer des photos argentiques, mais pas seulement. Alexandre prépare un photogramme : lumières éteintes à l’exception de quelques lueurs rouges, il positionne ses outils sur une feuille blanche sous un appareil spécifique : une photo est prise où ses outils ressortent en ombre blanche : « les surréalistes dans les années 30 ont beaucoup utilisé ce procédé, ils utilisaient la trace des objets pour réaliser des images » commente Elisabeth. Anjani, l’une des stagiaires, prend le relais et trempe le papier photo dans le révélateur et en quelques secondes la création d’Alexandre apparaît sous les yeux de toute l’assemblée ravie !
Préparer le relai avec des partenaires lorsque le retour à l’emploi n’est pas possible
La semaine suivante, la plupart des stagiaires seront en stage, sauf quelques-uns qui ne sont pas encore prêts pour l’immersion en entreprise et ne trouvent pas de lieu d’accueil.
Muriel, formatrice à la MPS depuis 2003, explique que dans chaque promotion Impacts, certain·es stagiaires ne peuvent pas retourner à l’emploi immédiatement : « nous argumentons auprès du prescripteur afin qu’il reconsidère l’accompagnement à effectuer avec la personne. Il peut s’agir de problèmes de santé, de difficultés psychiques ou d’un handicap. Certaines personnes souffrent aussi d’addictions ou subissent des violences conjugales. De temps en temps nous recommandons une remise à niveau pour que le bénéficiaire puisse ensuite partir en formation. »
Muriel a commencé sa carrière professionnelle dans l’animation. Après un DUT carrières sociales, elle a occupé plusieurs postes en région parisienne, dont coordinatrice jeunesse pour la mairie de Saint-Denis. De retour à Bordeaux, sa région d’origine, elle trouve un premier poste de chargée d’accompagnement auprès de jeunes en difficulté et a évolué progressivement sur des fonctions de formatrice. Elle a rejoint la MPS en 2003.
Remobiliser les personnes éloignées de l’emploi passe aussi par l’identification de problématiques sociales ou de santé qu’il est indispensable de régler avant tout retour à l’emploi ou départ en formation. De plus, le projet professionnel et les actions réalisées en collectif redynamisent les stagiaires, leur redonnent confiance en eux et leur permettent de (re)découvrir leurs savoir-faire, leurs savoir-être et d’envisager un nouveau parcours de vie. L’éducation tout au long de la vie, pour tou·tes, quelles que soit les ruptures, ouvre de nouveaux horizons, garanti une égalité des chances et une place pour chacun·e dans la société.
Pour garder le contact :
Eric Piboyeux
Directeur des activités
e.piboyeux@mpsformation.fr