Léo Lagrange Centre Est gère depuis 2022 le centre social Georges Levy à Vaulx-en-Velin (69), à la demande de la municipalité. Créé à l’initiative des habitant·es au début des années 80, le centre social fait partie intégrante de la vie des quartiers de la Grappinière et de Vaulx Village. Le projet social est en cours de renouvellement et l’implication des habitant·es est au cœur de la refonte de l’équipement de proximité. Rencontre avec Hélène Geoffroy, Maire de Vaulx-en-Velin.
En 2022, Vous avez fait appel à Léo Lagrange, association d’éducation populaire, pour reprendre la gestion du centre social Georges Levy, pour quelles raisons ?
Je voudrais apporter en amont quelques éléments de contexte.
Pour les villes populaires, les centres sociaux jouent un rôle important, les adultes en parlent comme des lieux de rencontres, d’éveil, d’activités. Aujourd’hui, nous traversons un moment de crise pour ces équipements de proximité : leur gestion devient de plus en plus complexe, qu’il s’agisse de la règlementation, du financement ou encore des demandes de subvention.
En parallèle, le bénévolat évolue et constitue aussi un sujet sensible. De plus, lorsque des personnes sont elles-mêmes en difficulté ou en précarité, la gestion d’un centre social ne représente pas une priorité.
S’agissant du centre social Georges Levy, le noyau de bénévoles s’est progressivement amoindri. Dès 2015 ils m’ont fait part de leurs difficultés à avoir un projet d’établissement qui réponde aux attentes des différents financeurs. Nous avons donc commencé à les accompagner.
Je tiens à ce que le centre social Levy continue d’exister car il a une histoire forte avec ses habitants qui sont à l’origine de sa création. J’ai donc proposé à la Caisse d’allocation familiale (CAF) de trouver un partenaire qui prendrait en compte cette dimension. Je suis très attachée à la concertation avec les habitants, afin qu’ils soient partie prenante de la vie de leur quartier.
En 2019-2020, nous avons donc fait un état des lieux et réfléchi à quel partenaire solliciter. Avec la CAF nous avons rencontré Léo Lagrange Centre Est, que nous connaissions, les bénévoles ont aussi rencontré les représentants de Léo Lagrange, afin de vérifier si l’association leur convenait.
Quelles étaient vos attentes ?
Nos attentes initiales et ce qu’a d’ores et déjà réussi Léo Lagrange : redonner une dynamique à l’équipe et organiser à nouveau des événements et fêtes dans le quartier, tout en posant les bases d’un projet social ambitieux.
Par ailleurs, je suis très attachée à l’éducation populaire, j’ai voulu lui redonner une place importante sur la ville.
Léo Lagrange a un rôle à jouer sur tous les temps de l’enfant, pour sa construction et votre association détient une expertise sur ce point, elle a été créée aussi pour répondre à ce besoin.
De plus, un centre social contribue à l’éveil et au capital culturel de ses usagers tout en animant des instances de démocratie participative et de formation de ses bénévoles pour la prise de responsabilités, je crois beaucoup en l’expertise des habitants. J’ai pensé que Léo Lagrange serait le bon acteur pour cela également.
Aujourd’hui, est-ce que la situation a évolué, quel regard vous portez sur la reprise du centre social et la collaboration entre Léo et les équipes municipales ?
Les habitants reviennent dans la structure. Nous avons le sentiment qu’il y a une belle dynamique à l’œuvre.
Nous sommes encore en cours de finalisation du nouveau portage par Léo Lagrange, avec un comité d’usagers, qui est une instance d’implication des habitants, afin qu’ils puissent donner leur avis sur le fonds et réfléchir aussi aux projets. C’est le grand enjeu actuel.
La collaboration avec les équipes Léo Lagrange est bonne, nos services de la vie associative et la direction générale travaillent avec votre association entre autres sur les prévisions financières et la structuration du centre social.
J’ai également pris l’engagement que la Ville serait au cœur du sujet car en tant que Maire, je représente les habitants. Et nous avons trouvé les bons équilibres, tout le monde est extrêmement coopératif.
Quels sont les principaux objectifs et priorités pour les années à venir ?
Je souhaite que le centre social Levy se réinscrive comme un lieu de vie majeur pour les quartiers de la Grappinière et de Vaulx Village. Qu’il permette et réussisse la rencontre entre les familles qui sont là depuis toujours et celles qui sont nouvellement installées. Une ville réussit lorsqu’il y a une cohésion entre ces 2 catégories. La crèche qui fait partie du centre social Levy est importante aussi pour cela, car c’est un lieu de rencontre des familles.
Nous avons également initié et développé depuis plusieurs années un plan de lutte municipal contre le racisme, l’antisémitisme et les discriminations. C’est un sujet complexe mais essentiel et je tiens à ce que tous les centres sociaux se mobilisent aussi. L’actualité récente nous a montré l’importance d’être tous engagés dans ce combat.
Enfin, nous avons devant nous la restructuration du bâtiment pour laquelle nous avons obtenu le soutien de l’ANRU [Agence nationale pour la rénovation urbaine], et qui sera travaillé avec les habitants.
