Eléonore Lavoine, doctorante à la Fédération Léo Lagrange dans le cadre d’une convention industrielle de formation par la recherche (CIFRE), est intervenue pendant un colloque de l’économie sociale. Son intervention portait sur l’évaluation de l’utilité sociale chez les acteurs de l’économie sociale et solidaire. Elle nous en dit plus sur les objectifs de ce colloque.
Vous avez représenté la Fédération Léo Lagrange au cours des Journées de l’Association de l’Economie Sociale. Pouvez-vous nous dire qui est cette association et quel était l’objet de ces Journées ?
L’Association de l’Economie sociale est une association de chercheur.ses qui se rassemble tous les ans pour réfléchir sur un thème différent, avec un fil conducteur autour de la contribution de l’économie sociale (et solidaire) dans notre société. Cette année, la réflexion portait autour de la question suivante : comment le champ de l’économie sociale interroge les limites des activités économiques ? (par exemple, l’ESS propose des modèles qui prennent en compte les limites de la planètes, les limites éthiques, …) On retrouve tout à fait les convictions qui sont portées par le Manifeste de la Fédération !
Le titre de votre intervention était « quelle appréhension du territoire pour quelle évaluation chez les acteurs de l’ESS ? ». Quel était l’objectif de votre contribution ?
La notion de « territoire » nous parle des limites car elle interroge un modèle de développement plus local par rapport à la mondialisation par exemple. Cela pose beaucoup de questions: pour les structures de l’ESS, est-ce que le fait d’être ancrées dans des territoires leur permet d’être plus durables ? de mieux résister aux crises ? est-ce que cela garantit justice et égalité ?
L’objectif de ma contribution était de montrer qu’il y a beaucoup de façons de comprendre le territoire selon les acteurs de l’ESS (sur la base d’une dizaine de cas d’études d’associations de l’ESS qui ont réalisé des évaluations où la question du territoire était importante – Yes We Camp, VoisinMalin, …) et que cela va donner des évaluations qui seront très différentes sur le plan de la méthode (plus qualitative, quantitative, …) et de ce qu’elles démontrent.
La notion de territoire est au cœur de votre recherche, comment pourriez-vous le définir ?
Effectivement, ma thèse est au croisement des questions tournant autour de l’évaluation de l’utilité sociale et de la notion de territoires. Habituellement, les évaluations d’utilité sociale se placent au niveau d’une organisation qui va regarder les effets de son action (ce qu’elle change) au niveau des usagers, des bénéficiaires qu’elle touche directement. Là, il s’agit de démontrer la contribution que l’on peut avoir sur un territoire. Or, ce terme est souvent utilisé à tort à travers et il est essentiel de prendre du temps pour le définir. Ce qu’il faut retenir, c’est qu’un territoire, c’est un croisement de plusieurs dimensions :
- Une dimension matérielle : le paysage (les vallées, les montagnes, la mer, …), le climat, les ressources énergétiques, les infrastructures de transport, les filières économiques, …
- Une dimension symbolique et politique : l’histoire, les groupes qui y vivent, le rapport affectif que l’on peut avoir avec son territoire, …
- Une dimension organisationnelle : toutes les organisations qui travaillent ensemble sur un territoire (fournisseurs, sous-traitants) ou qui font partie de réseaux en commun
- Une dimension administrative : le territoire c’est également celui qui est prescrit par les différents échelons administratifs
Pour avoir une définition de ce qu’est le territoire, il faut alors croiser toutes ces dimensions et se mettre d’accord sur l’échelle pertinente en fonction de ce que l’on cherche à faire.
En quoi c’est important pour la Fédération Léo Lagrange de participer à ce type de colloque ?
Cela permet de montrer que la Fédération se préoccupe de ses questions d’évaluation notamment qui sont essentielles aujourd’hui en ESS et qu’elle se mobilise pour innover dans ce domaine. C’est aussi un premier moyen de diffuser de la connaissance dans le secteur, avant des communications plus grand public.
En savoir plus : https://aes2020.sciencesconf.org/