Philippe Roulet est formateur chez l’institut de formation Léo Lagrange PREFACE, depuis 6 ans, au sein de la maison d’arrêt de Périgueux (24). Il prépare les stagiaires au métier d’agent de maintenance des bâtiments. 24h par semaine, à raison de quatre jours par semaine pendant neuf mois, Philippe transmet les connaissances théoriques nécessaires à cette qualification et organise les travaux pratiques. Le turn-over étant très important, la plupart des stagiaires démarrent la formation avec Philippe puis la terminent à l’issue de leur incarcération.
Trois modules composent la formation d’agent de maintenance des bâtiments : électricité, plomberie-sanitaire et aménagement-finition. Suivre une formation facilite un aménagement de peine : « Ils peuvent passer le premier module à la maison d’arrêt puis ils demandent au juge d’application des peines un aménagement pour finir leur formation à l’extérieur. » précise Philippe. Toutefois, ils doivent pour cela également disposer d’un lieu de résidence et préparer un dossier avec leur conseiller du service pénitentiaire d’insertion et de probation.
Apprentissages théoriques et mises en pratique sur le plateau technique
La semaine commence en général par les apprentissages théoriques : « ils doivent savoir comment fonctionne une construction, une évacuation de plomberie et comment est constitué le placo, quelles sont les normes de construction. ». Puis ils passent aux travaux pratiques sur le plateau technique de 100 m2 : « Chaque stagiaire dispose de sa propre cabine sur le plateau technique : ils vont monter une cloison, poser de la toile de verre. Ils vont créer entièrement des sanitaires : plomberie, électricité, finitions. »
Philippe les évalue régulièrement, « je prends des photos pour compléter leur dossier professionnel. Les stagiaires doivent décrire à côté de chaque photo ce qu’ils ont réalisé, quelles étapes et quelles techniques ils ont utilisées. » Ce dossier professionnel servira à leur évaluateur lors de l’examen pour chaque module, « Deux professionnels du métier viennent en détention spécialement pour l’évaluation de chaque module. »
Des travaux réalisés dans la maison d’arrêt en guise de chantiers-écoles
La formation dispensée par Philippe est exactement la même que celle dispensée à l’extérieur, à l’exception des trois semaines de stages en entreprise qu’ils ne peuvent pas réaliser, s’ils sont toujours en détention. Toutefois, Philippe entretient de très bonnes relations avec l’établissement pénitentiaire et réalise des chantiers-écoles : « Lorsque des travaux doivent êtres réalisés dans les locaux, la maison d’arrêt me sollicite et me demande un devis. PREFACE signe le contrat, la maison d’arrêt achète les matériaux et nous réalisons le chantier : changement de lavabo, pose de lambris dans un couloir, doublage des murs de la salle des surveillants, etc. » Ces travaux remplacent le stage en entreprise et permettent aux stagiaires de répondre à une demande client et de mettre en application leur connaissance.
Aménagements de peine et réinsertion professionnelle
Cette formation en maison d’arrêt, financée par la Région Nouvelle-Aquitaine et le Fonds social européen (FSE), présente de nombreux avantages pour les personnes détenues : elle leur permet de sortir de leur cellule, elle facilite des aménagements de peine et les stagiaires acquièrent une qualification qui pourra faciliter leur réinsertion professionnelle. Philippe insiste sur ce point : « j’explique bien que c’est un diplôme pour se réinsérer. Ils comprennent que cela leur servira lorsqu’ils seront sortis. De plus, le temps passe plus vite pour eux, car ils sont occupés et impliqués sur un projet personnel. »
Les personnes détenues bénéficient d’une formation favorisant leur réinsertion professionnelle, des travaux peuvent être réalisés par les stagiaires au bénéfice de la maison d’arrêt. Lors de ces « chantiers école », l’administration pénitentiaire achète les consommables et met à disposition de PREFACE ses plateaux techniques. Un cercle vertueux pour tou.tes !
Pour en savoir plus sur l’institut de formation PREFACE
L’expérience de Malika, Benjamin et Philippe, formateur.rices en milieu pénitentiaire
Socialisation, remobilisation et confiance en soi : un préalable au rebond des personnes détenu.es
Une formation horticole en milieu pénitentiaire à Arles, par PREFACE
