La Fédération Léo Lagrange, via ses pôles engagement, dispense la formation « Valeurs de la République » sur l’ensemble du territoire. Cécilia Malet du pôle engagement de Léo Lagrange Ouest a animé début décembre cette formation à Rennes. L’objectif : donner ou redonner aux participant.e.s des clés pour comprendre la laïcité aujourd’hui en France.
Le pôle engagement Léo Lagrange Ouest réalise chaque année deux sessions en Bretagne et deux sessions à Nantes, à destination des salarié.e.s Léo, mais pas seulement. Principalement destinées aux professionnel.le.s qui travaillent face à un public, chacun.e peut décider de se former. En effet, l’agence nationale de cohésion des territoires [1] recense sur l’ensemble du territoire français les sessions de formation, destinées à tous, ou bien aux professionnel.le.s qui souhaitent devenir eux.elles-mêmes formateur.rice.s.
Le cadre historique et juridique de la laïcité
Cécilia Malet, responsable du pôle engagement de Léo Lagrange Ouest a passé deux jours, les 4 et 5 décembre derniers, à Rennes, avec une dizaine de participant.e.s : « nous partons des représentations des stagiaires au début de la formation, ensuite, nous parcourons tout le cheminement historique, je remonte jusqu’à Clovis ! Napoléon, la Révolution française, l’objectif est bien de comprendre l’ancrage historique, le processus qui a mené à la laïcité d’aujourd’hui. Ensuite, nous abordons le cadre juridique global et nous passons aux études de cas. »
La richesse d’une formation tient aussi aux échanges entre participants ainsi qu’à la diversité des profils des stagiaires : directeur.rice d’équipement, salarié.e. d’un centre social, directeur.rice du périscolaire, animateur.rice d’un équipement jeunesse, etc.
Partages d’expériences et études de cas
Les participant.e.s sont incité.e.s à partager leurs propres expériences professionnelles, les formateur.rice.s les accompagnent à construire leurs propres argumentaires et à élaborer leur propre posture de communication.
Parmi les études de cas, la question de la présence ou non d’un sapin et des animations de Noël dans les centres sociaux est récurrente. En effet, si Noël était à l’origine une fête religieuse, celle-ci s’est depuis sécularisée, le sapin et le père Noël n’étant en rien des symboles religieux. Cecilia Mallet précise : « évidemment, pas de crèches au centre social et nous pouvons chanter « vive le vent d’hiver », mais pas « il est né le divin enfant » ! »
Les ateliers cuisine ont également le vent en poupe dans les établissements de quartier, se pose alors la question de la viande hallal ou de l’absence de porc. Cécila rapporte les propos d’un.e participant.e : « les habitants nous disent que ce n’est pas leur religion » et précise : « l’alternative est alors d’organiser des ateliers de pâtisserie ou de cuisine végétarienne, puis d’entamer une réflexion qui mène à un planning à l’année, avec certains ateliers bien identifiés qui permettent aux usagers de partager leurs plats, même avec des viandes certifiées par une autorité religieuse. »
Des stagiaires qui redécouvrent la laïcité
Cécilia Malet intervient également dans les établissements scolaires sur la laïcité, pour le programme Démocratie & Courage. Etre formatrice « Valeurs de la République et laïcité » est très enrichissant, le kit remis par l’État à chaque formateur.rice, ainsi que le livret du stagiaire sont extrêmement qualitatifs.
Cécilia Malet constate que le résultat est plutôt positif car les stagiaires sont enthousiastes à l’issue de la formation, alors que certain.e.s viennent régulièrement à contrecœur : « ils me disent qu’ils ont découvert le principe de laïcité, c’est vraiment ce qui est ressenti car auparavant, pour eux, la laïcité c’était seulement l’absence de signes religieux et la séparation de l’église et Etat. À la fin, je me dis que j’ai réussi mon pari ! »
Savoir appliquer la laïcité même dans les zones d’incertitude
Margot Davoust, chargée d’intervention et d’animation du pôle engagement et citoyenneté chez Léo Lagrange Ouest a suivi les deux journées de formation. Margot intervient en milieu scolaire, au sein de foyers de la PJJ[2], de CFA[3] ainsi que d’établissements pénitentiaires pour mineurs. Parmi ses sujets de prédilection figurent la laïcité et le vivre-ensemble, même si Margot Davoust intervient aussi sur les violences faites aux femmes, la lutte contre le sexisme ou encore les discriminations.
Cette formation était donc indispensable pour Margot Davoust qui se félicite de l’avoir suivie : « j’ai à présent une connaissance bien plus fine du contexte juridique de la laïcité, je suis plus au clair avec les différentes situations possibles. De plus, en terme de partage d’expériences, il y avait une très belle dynamique de groupe ! Les problématiques de chacun étaient exposées, cela permet d’anticiper des situations que nous-mêmes nous serons amenés à vivre. Si demain je suis confrontée à ces situations, je saurai comment réagir. Et lorsque j’animerai des formations, j’aurai déjà des cas concrets à utiliser. »
Si la connaissance du cadre juridique de la laïcité est indispensable, elle n’est pas suffisante. Il existe toujours une zone d’incertitude, Margot s’interroge « comment je me positionne par rapport à mon éthique, à mon contexte territorial ? C’est toute l’importance de ces espaces de réflexion : trouver un compromis éthique dans ces zones d’incertitude et que cette solution reste toujours dans le cadre juridique de la laïcité, c’est un travail d’équilibriste, c’est ce travail là qui est compliqué ! »
Enfin, cette formation avait lieu en présentiel, tout en respectant le protocole sanitaire, Margot Davoust conclue : « nous sommes encore en période de confinement, le télétravail est presque généralisé et cela fait beaucoup de bien d’avoir des interactions humaines en présentiel ! Le cadre était très bienveillant et convivial ! »
[1] https://agence-cohesion-territoires.gouv.fr/formation-valeurs-de-la-republique-et-laicite-185#scrollNav-3
[2] Protection Judiciaire de la Jeunesse
[3] Centre de Formation pour Adultes