Le 8 février dernier, le cycle de webinaires organisé par la Fédération Léo Lagrange en vue de son congrès 2024 s’est étoffé de l’intervention de Véronique Bordes, chercheuse et professeur en sciences de l’éducation et de la formation à l’Université Toulouse Jean-Jaurès. La sociologue, coutumière de l’éducation populaire et des métiers de l’animation, étudie depuis plusieurs années les politiques jeunesses menées en France, et leurs conséquences sur les jeunes populations. Retour sur son intervention dans ce webinaire intitulé « Où est la place des jeunesses dans nos politiques jeunesses ? »
Pour ce second opus des Webinaires jeunesses de 2024, la Fédération Léo Lagrange a convié Véronique Bordes pour un temps d’échange portant sur les politiques jeunesses, d’hier à aujourd’hui. Après une rétrospective des grandes étapes du XXème siècle qui ont façonné tour à tour des politiques en direction de la jeunesse jusqu’à aujourd’hui, la sociologue a proposé une lecture critique de la prise en considération des envies et des besoins de la jeunesse actuelle, dans sa diversité sociale et économique.
Ce que veulent les jeunes
« Ce que veulent les jeunes, c’est pouvoir s’exprimer et être entendus, c’est-à-dire pouvoir agir et voir le résultat de leur action. » Lorsqu’on nie son pouvoir d’agir à la jeunesse, elle se désengage, explique la sociologue. Ce désengagement est néfaste tant pour les jeunes eux-mêmes dans leur construction individuelle, que pour la société tout entière. L’enjeu, pour Véronique Bordes, repose sur une considération des jeunes non pas en tant qu’« adultes en devenir » mais en citoyens prêts à agir. Les orientations de politiques jeunesse menées jusqu’à aujourd’hui manquent d’espaces de concertation et de « conflits autorisés » qui permettent non seulement une culture du débat et le développement d’un esprit critique pour les jeunes, mais également une affirmation des besoins nécessaire à l’élaboration de politiques (locales comme nationales) cohérentes. C’est de ces lacunes que découlent, selon la sociologue, des incohérences entre les politiques menées à différentes échelles qui créentune sorte d’inertie. Véronique Bordes appelle ainsi à une approche politique inclusive et adaptée aux réalités du monde contemporain.
Un débat à l’image de la démarche « Jeunesses : droit au bonheur »
Parmi les participant.es à ce webinaire, on retrouve des administrateurs et administratrices, salarié·es de Léo Lagrange dans les secteurs de l’animation mais également de la formation ou de la petite enfance. Ces rendez-vous convient une pluralité d’acteur.rices qui se sentent concerné.es par l’enjeu de la Fédération de porter en septembre 2024, pour son congrès fédéral, « un manifeste de nouvelles propositions et un point de vue actualisé sur les questions de jeunesse », explique Benjamin Mauduit, responsable du plaidoyer et des relations extérieures.
L’un des principaux objectifs de la démarche « Jeunesses : droit au bonheur » est d’avancer collectivement tout en « cultivant notre héritage » explique Benjamin : « Dans la lignée de notre manifeste ‘’Nous Demain !’’, nous cherchons à interroger nos vieilles certitudes tout en conservant nos valeurs, à redonner à notre communauté le goût de la controverse et du dialogue. Une telle démarche invite ainsi à s’inspirer aussi en dehors de notre organisation auprès de personnalités de la société civile ou du monde universitaire par exemple. Notre défi pour le congrès sera de forger des consensus forts, tout en respectant la diversité des opinions et des idées de chacun. »
Ce deuxième webinaire, à l’image de « Jeunesses : droit au bonheur », a convié différent.es acteur.rices et visions autour d’une même table et a été un espace d’échange et de débat nourrissant les réflexions et arguments de chacun.e. Pour Antoine Racki, responsable d’une structure Alphaléo à Dijon : « c’était un temps fort puissant. J’avais l’impression d’entendre quelqu’un qui connaissait vraiment mon métier : elle a proposé une analyse pertinente qui corrobore ce que nous vivons sur le terrain, ce qui pouvait aussi bousculer certaines certitudes. » Antoine poursuit : « C’est bien de ne pas être d’accord avec tout le monde, c’est tout l’enjeu de l’espace démocratique. Je choisis de participer à un maximum de rendez-vous de la démarche Jeunesses droit au bonheur, parce que je veux comprendre la philosophie de la Fédération et comment est-ce que ça oriente nos missions et notre travail au quotidien. »
Retrouvez le webinaire du 8 février en replay sur notre plateforme « Jeunesses : Droit au bonheur »