On sait aujourd’hui que les trois premières années de la vie sont déterminantes non seulement pour le développement de l’enfant mais aussi pour la santé globale de l’adulte qu’il deviendra. Les 12 et 13 février derniers, Catherine Brun, directrice du multi-accueil Léo Lagrange Libellule d’Assat (64), s’est rendue au multi-accueil Léo Lagrange Cap au vent moussaillon à Marennes (17) pour sensibiliser les professionnelles et les parents à la santé environnementale et pour réaliser un diagnostic de la structure.
La santé environnementale, c’est quoi ?
Pour l’Organisation mondiale de la santé, la santé environnementale comprend les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, chimiques, biologiques, sociaux, psychosociaux et esthétiques de notre environnement. Si l’environnement a une forte influence sur la santé, c’est tout particulièrement le cas pour les jeunes enfants.
Le rapport des 1 000 premiers jours, sorti en septembre 2020, souligne l’importance de mettre en place un suivi renforcé de la santé de l’enfant, de donner des informations clés sur son développement, son sommeil, son alimentation mais aussi son environnement afin de poser les fondements d’une meilleure santé tout au long de la vie, de repérer précocement les signes de développements atypiques chez le jeune enfant….
Veiller à la santé environnementale dès le plus jeune âge
Catherine Brun est sensible à ces questions depuis longtemps et a initié de nombreuses actions au sein du multi-accueil Les Libellules pour proposer aux jeunes enfants un environnement plus sain et faire évoluer les pratiques. « Cela fait vingt ans que je fais attention à mon environnement, à ma façon de m’alimenter, cela fait partie de moi. En 2019, lors de la convention professionnelle petite enfance, j’ai rencontré Philippe Perrin, responsable d’une formation en santé environnementale. Et l’idée de suivre ce cursus a germé ! »
En 2021, Catherine commence une formation en santé environnementale et en animation d’ateliers Nesting. « C’était important pour moi de me former afin d’avoir du poids, de la légitimité dans le message que je dispense. »
Au-delà de la dynamique lancée au sein de sa structure, Catherine souhaite essaimer, partager ses connaissances et accompagner les changements de pratique des professionnel.les petite enfance de son territoire et du réseau Léo Lagrange : « il est important de changer collectivement nos pratiques, dans l’intérêt de tous : les enfants comme les professionnels. »
Au cours de l’année 2023, Catherine et son équipe ont réalisé une malle thématique sur la santé environnementale en direction des enfants, professionnel.les et parents. Cette malle pédagogique a vocation à voyager dans les structures petite enfance Léo Lagrange Sud-Ouest. Pour aller plus loin, Catherine propose également une formation qui mêle apports théoriques, diagnostic de la structure, échanges de pratique et réflexion autour d’un plan d’actions à mettre en œuvre. C’est pour la première étape de la formation que Catherine s’est rendue au multi-accueil Cap au vent moussaillon à Marennes pour former les équipes et sensibiliser les parents.
En savoir plus : Des malles pédagogiques pour accompagner le projet d’établissement des structures petite enfance
Les ateliers Nesting, pour sensibiliser les professionnel.les à la santé environnementale
Lundi 12 février, l’ensemble des professionnelles du multi-accueil Cap au vent moussaillon se sont retrouvées en fin de journée pour participer à un atelier Nesting animé par Catherine. « Je ne connais pas », explique Sylvie Clémenceau, aide auxiliaire. « C’est un point d’interrogation mais je suis intéressée par tout ce qui est naturel ». « C’est une découverte pour moi aussi », souligne Gaëlle Delouteau Morlon, auxiliaire de puériculture. « Cela m’intéresse aussi bien d’un point de vue personnel que professionnel. »
L’atelier débute par une dimension plutôt théorique qui s’appuie sur les représentations et connaissances des participantes pour identifier les polluants de l’environnement intérieur. Chacune est ainsi invitée à dessiner son lieu de vie puis à réfléchir aux espaces qui leur semblent le plus sain et le moins sain en argumentant les raisons de ce choix. Une partie plus ludique regroupe ensuite les participantes autour de plusieurs tables qui rassemblent des produits alimentaires, cosmétiques, d’hygiène, d’entretien, de soin… L’idée est de s’interroger ensemble sur l’impact de ces produits sur la santé et l’environnement. « L’objectif de cet atelier et de prendre conscience de ce qu’on peut faire et d’accompagner le changement de pratique vers la santé environnementale », commente Catherine. « C’est un levier pour donner l’envie aux professionnelles de mettre des choses en place dans leur environnement. »
Quand la santé environnementale rencontre l’éducation populaire
Le lendemain, l’atelier de la veille est au cœur des conversations. « On en parle toutes aujourd’hui », confirme Corinne Gandin, éducatrice de jeunes enfants et adjointe de direction. « Cette intervention a parlé à tout le monde. On essaie déjà de réfléchir à ce qu’on peut mettre en place ». « En rentrant chez moi hier soir, j’ai repris mon radioréveil et laissé mon téléphone en charge en bas », commente Sandrine Mayaud Pesina, aide auxiliaire. « C’était super intéressant », confirme Doriane Forgeois, cuisinière du multi-accueil. « Inconsciemment, il y a plein de choses qu’on savait déjà. Maintenant, on va essayer de changer petit à petit nos habitudes. En cuisine, je peux rapidement mettre des choses en place en supprimant les spatules en plastique par exemple. »
Pendant la journée, Catherine fait le tour de la crèche afin de faire le point sur les jouets, le matériel de cuisine… « C’est une véritable démarche d’éducation populaire. L’idée est de partager ses savoirs et de créer une dynamique collective pour limiter les polluants au quotidien. Le fait d’en parler, ça infuse. Cela pose des questions sur notre consommation : Y’a –t’il besoin d’autant de jouets ? C’est une démarche qui nous rend acteur de notre quotidien et qui nous permet de prendre soin des enfants mais aussi des professionnels », poursuit Catherine.
De nombreuses initiatives en lien avec la santé et l’environnement sont déjà mises en place au sein du multi-accueil Cap au vent moussaillon. « Cette formation vient renforcer ces actions et apporter un éclairage différent qui nourrit les évolutions que nous souhaitons impulser », explique Corinne. Projet nature, sorties à la plage et en forêt, sieste à l’extérieur, cuisine intégrée, activités manuelles avec des produits faits maison (pâte à modeler, sable magique), journée sans jouets, sont autant d’initiatives mises en place qui font écho à des problématiques liées à la santé environnementale.
Le soir, c’est au tour des parents de prendre part à l’atelier Nesting. Mêmes réactions et intérêt pour le sujet pour les quatre mamans réunies. « Je vais être plus attentive aux labels », souligne l’une d’elles. « C’est un véritable changement de vision », reconnaît une autre participante. « J’ai appris des choses sur le plastique et les nanoparticules. Je vais être plus vigilante. »
Suite à ces premiers échanges avec les professionnelles et ce temps d’observation du multi-accueil, Catherine revient le 19 avril prochain pour continuer à travailler sur la question de la santé environnementale et à réfléchir concrètement et collectivement aux changements de pratique possibles au sein du multi-accueil.
Pour garder le contact
Géraldine Blonay
Directrice du Multi-Accueil Cap au vent moussaillon à Marennes (17)
capauventmoussaillon@leolagrange.orgCatherine Brun
Directrice du multi-accueil Libellule à Assat (64)
libellule@leolagrange.org