L’année 2021 fut particulièrement intense pour les équipes impliquées dans le programme au Kurdistan irakien. À mi-chemin de projet, l’impact des actions commence à se faire sentir auprès des bénéficiaires ainsi que la nécessité de poursuivre sur cette bonne lancée. Ce bilan peut alors se faire en suivant les trois axes du programme.
Développement de l’éducation populaire par la formation professionnelle
Inauguré le 26 octobre 2021, un nouveau centre de formation, mis à disposition par le Ministère kurde de l’éducation, a vu le jour. Ce centre est une opportunité majeure pour pérenniser les actions de formation, qu’elles soient ponctuelles ou plus récurrentes. Les formations et autres événements liés au déploiement des actions d’éducation populaire dans la région peuvent désormais compter sur la disponibilité d’un espace dédié.
En 2021, quatre sessions de formation ont été organisées ainsi que près de trente ateliers de dissémination des compétences acquises et mise en pratique. En effet, entre chaque session, les personnes formées doivent mettre en pratique leurs nouvelles connaissances. Celles-ci sont alors partagées avec le groupe pour comprendre les difficultés et les bonnes pratiques à adopter.
Au total, en 2021, 18 animateurs et animatrices ont été formés ainsi que 14 directeurs et directrices de structures liées à la jeunesse.
Construction et suivi d’un réseau de jeunes volontaires kurdes
Le développement d’un réseau de jeunes volontaires est le deuxième axe du programme. Il entend établir un dispositif communautaire actif et réactif qui peut répondre aux problèmes de la communauté pendant une longue période. Les volontaires souhaitent répondre aux besoins identifiés autour d’eux pour y répondre grâce aux méthodes de l’éducation populaire. C’est un véritable engagement citoyen qui est soutenu par ce réseau.
Le groupe volontaires leaders est composé de 24 jeunes, répartis de façon égalitaire dans les gouvernorats de la région du Kurdistan (Erbil, Sulemany, Dohuk et Halabja). Ils ont participé à une première formation de sept jours début juin puis quatre journées en septembre. Suite à cela, ils ont eu pour mission de mobiliser et former leurs propres groupes de bénévoles à raison de 4 à 5 bénévoles pour 1 volontaire leader. Nous disposons donc désormais d’un réseau de près de 96 volontaires formés. L’objectif de ces jeunes groupes était de répondre à un appel à projets pour mettre en pratique leurs acquis avec un financement qui leur permet d’apporter une contribution dans leurs territoires et avoir un impact positif, quel que soit le besoin auquel ils souhaitent répondre.
Ce sont au total 12 micro-projets qui ont reçu un financement pour être mis en œuvre. Certaines activités ont commencé en décembre 2021 mais elles vont être davantage menées au premier trimestre 2022. Parmi ces 12, les thématiques sont diverses et se répartissent comme tel :
Accompagnement des déplacés yézidis dans les camps de Sharya et Khanke (gouvernorat de Duhok)
Agir pour répondre aux besoins de la communauté kurde, c’est aussi agir dans les nombreux camps de déplacés et réfugiés sur le territoire. L’éducation populaire favorisant la résilience des bénéficiaires, une nouvelle approche hybride alliant thérapie, accompagnement social et animation est développée dans deux camps de déplacés yézidis dans la région de Duhok.
L’accompagnement de l’équipe se fait envers trois groupes distincts : les enfants de 9 à 12 ans, les adolescents de 13 à 16 ans et les femmes adultes. Les deux premiers groupes sont mixtes. Une thématique est abordée chaque mois, répondant aux besoins de chaque tranche d’âge. A l’automne, les plus jeunes ont pu parler des questions de discriminations, développé leur créativité et mis en place un cadre tourné vers l’esprit d’équipe par la pratique sportive. Les adolescents ont tout particulièrement bénéficié de la venue sur le terrain d’une chercheuse française, Albane BURIEL, doctorante en sciences de l’éducation (Éducation, conflits armés et situations d’urgence humanitaires). Avec l’équipe, elle a pu former et apporter de nouveaux outils abordant la thématique de la biographie artistique. Les activités sur le sujet, à destination des adolescent.e.s yézidi.e.s, visent ainsi la narration par l’art, des expériences de vie individuelles et collectives. Les thèmes des activités furent l’identité, la culture et l’environnement donc le rapport à soi, aux autres et au monde.
En plus de l’accompagnement individuel et pour répondre à une forte demande d’inscription, des activités supplémentaires ont été créées afin d’accompagner davantage de personnes. Entre le 17 novembre et le 29 décembre, 206 femmes et 140 hommes, tous âges confondus, se sont rendus sur le centre en plus de nos bénéficiaires habituels.
Un soutien important des bénévoles, partenaires et du réseau Léo
S’il y a un aspect qui est fortement développé dans le programme au Kurdistan irakien, c’est l’engagement dans des actions de solidarité internationale. Cet engagement prend de nombreuses formes. Ainsi, cette année, cinq personnes se sont particulièrement investis en se rendant sur le terrain pour soutenir les équipes. En avril tout d’abord, Arya JEMO et Gabriel GAUFFRE ont permis la mise en œuvre d’actions humanitaires et de soutien aux communautés dans le camp de Sharya. Cette intervention est venue renforcer les compétences d’animateurs engagés et a apporté aux jeunes des ateliers relatifs à la sensibilisation autour du mariage précoce et des droits de l’enfant. Enfin, dans le même temps, une formation à destination de managers kurdes, s’est tenue grâce à un binôme de formateurs franco-kurdes. Laurent BRAILLON, Directeur de la Maison Pour Tous du Petit Charran (Valence) et Manon MELENDEZ, Coordinatrice du Pôle Engagement Méditerranée à l’époque, ont mené la formation. Ils ont pu compter sur les travaux initiaux du Comité pédagogique dont ils font partie ainsi que la présence de deux formateurs kurdes, Awara JALAL (Public Aid Organization) et Ranj AZIZ (Kurdistan Save the Children). Cette formation a offert de nouvelles perspectives aux participants concernant leur pratique managériale.
L’action du Service international ne serait rien sans l’aide des donateurs qui ont contribué au projet, que ce soit lors du crowdfunding organisé au second trimestre ou de manière plus ponctuelle tout au long de l’année. Un merci à eux pour leur confiance.
L’occasion est également donnée de remercier les bailleurs qui nous soutiennent dans ces actions. Ainsi, l’Agence française de développement, la Région Ile-de-France, la Fondation Mérieux et le Fonds de dotation Léo Lagrange qui sont des alliés précieux pour la mise en œuvre du projet.