Le Théâtre Paris-Villette a consacré pour la troisième fois un festival dédié à la création en milieu carcéral. Entre le 22 et le 25 janvier 2020, le festival Vis-à-Vis a présenté huit projets culturels (théâtre, danse, expositions) portés par les différents établissements pénitentiaires d’Île-de-France au sein desquels Léo Lagrange Nord-Ile-de-France coordonne et met en place les actions culturelles.
La création en milieu carcéral à l’honneur
Devant une salle comble tous les soirs, des comédiens, des techniciens, des danseurs se sont réunis autour des personnes placées sous main de justice pour présenter leurs projets artistiques menés au sein des différents établissements pénitentiaires d’Île-de-France.
Chaque soir, grâce aux sorties culturelles octroyées pour les personnes détenues, les spectateurs ont pu assister à la restitution d’un projet mené en détention pendant plusieurs mois.
Le centre pénitentiaire Paris La Santé a ouvert le festival avec la restitution de son poème sonore Ouragan ; en partenariat avec la compagnie La Camara Obscura et le Théâtre de la cité internationale. Ce projet a eu comme finalité l’écriture d’un texte poétique fondé sur l’introspection pour cinq hommes détenus.
Le deuxième soir, huit personnes détenues de la maison d’arrêt de Fresnes ont proposé sur scène une réinterprétation des mystérieuses métaphores du classique de Georg Büchner, Woyzeck, homme au banc de la société. Ensuite, sur cette même scène, douze personnes du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin ont mêlées les recherches de Pierre Bourdieu et des films de sport (Rocky, Raging Bull) dans un projet théâtre/cinéma intitulé F(r)ictions 2 : la sociologie est un sport de combat.
Le troisième soir a également mis en valeur la diversité des productions artistiques faites en détention. Ainsi, le Centre pénitentiaire Sud francilien a proposé la restitution d’une création chorégraphique Respirations avec la Cie Point Virgule. Cette performance a regroupé une vingtaine de danseurs professionnels, amateurs et détenus autour du rapport à l’autre et de la bienveillance.
Enfin, la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis a présenté un projet intitulé Ma Gueule de l’Emploi en partenariat avec le Théâtre du Menteur. Projet hybride entre le théâtre et la création vidéo, cette production a rassemblé des textes réalisés par les personnes détenues sur la thématique d’entretiens d’embauche parodiques.
Des expositions et des projections tout au long du festival
Deux installations permanentes ont également accompagné le festival Vis-à-Vis. Le Centre pénitentiaire Paris La-Santé a proposé une exposition de photographies réalisées par les personnes détenues valorisant leurs objets personnels gardés en cellule. Le Centre pénitentiaire Sud francilien a présenté une exposition intitulée Salé & sucré produite par La Rutile qui regroupait des recettes de cuisine concoctées en détention.
Enfin, le 22 janvier, Vis-à-Vis a accueilli la projection du film 5 femmes, réalisé par Sandrine Lanno en 2018 au Centre pénitentiaire Sud francilien. Ce film documentaire/fiction retraçait les attentes de cinq femmes incarcérées en lien avec le film éponyme de Bergman.
Un succès au niveau régional
La collaboration des différents établissements pénitentiaires d’Île-de-France a permis de mettre en avant un ensemble de projets artistiques sur la scène prestigieuse du Théâtre Paris-Villette. Fort du succès de cette troisième édition et des salles remplies chaque jour, le festival Vis-à-Vis prépare une quatrième édition en janvier 2022.