L’Union nationale sportive Léo Lagrange a proposé des solutions favorisant la pratique du sport-santé bien-être durant toute la période de confinement des Français et au-delà. Le projet « Léo Sport Home » porté par l’Union régionale sportive Léo Lagrange (URSLL) d’Occitanie en est l’une des illustrations. Ce programme alternatif à la pratique sportive ordinaire (hors confinement) s’inscrit dans une volonté de maintien des activités physiques régulières et socialisantes dédiées à des personnes fragilisées et/ou isolées issues pour la grande majorité des territoires prioritaires carencés. Il est financé par la Fondation de France, l’Agence Nationale du Sport et le Fonds de dotation de la Fédération Léo Lagrange
L’origine du projet : conçu pour répondre à l’état d’urgence sanitaire mais aussi social
Une période difficile s’annonçait au 15 mars dernier. Les Français se sont retrouvés confinés. Une situation qui peut rapidement devenir pesante, anxiogène ou déprimante. L’objectif était donc de trouver des solutions qui maintiennent un lien social et une activité physique régulière afin de prévenir à la fois l’isolement social et la sédentarité. Le programme « Léo Sport Home » s’adresse à l’origine, aux usagers des activités fédérales d’inclusion sociale par le sport-santé portées par l’URSLL Occitanie : des seniors fragilisés et/ou isolés et des adultes en situation de précarité issus des différents territoires prioritaires (QPV et ZRR) de la région. Ainsi, plusieurs centaines d’entre eux majoritairement issus de Montpellier, Agde, Béziers (34), Narbonne (11), Colomiers (31) et Saint-Paul-de-Jarrat (09) ont été identifiés comme socialement isolés et à risque de sédentarité, afin de leur proposer des solutions de maintien des activités physiques à domicile et de lien social.
Des professionnels du sport-santé, comme Catherine Orcel, éducatrice sportive, ont accompagné les reprises d‘activité sportive (10 jours seulement après le début du confinement) en proposant à distance, des temps d’échanges thématiques, des séances d’activité physique adaptée collectives et/ou individuelles. « J’ai adapté mon activité professionnelle en essayant d’être la plus pédagogue possible. C’est à dire, en prenant compte de la diversité de pratiques, de niveaux et d’attente de chacun. Pour cela, je proposais des mouvements avec diverses options », confie Catherine, animatrice du dispositif « 2ème Souffle » (remobilisation des seniors isolés en QPV) à Agde et Béziers.
Au fil du programme, les solutions se sont multipliées ainsi que les personnes ciblées (+ de 300 actuellement). Des suivis téléphoniques, de l’aide à domicile pour les courses alimentaires par exemple, des séances d’activité physique en live, des astuces santé-nutrition se sont développées progressivement impactant également des personnes issues d’autres régions (via les réseaux sociaux).
« En effet, le premier objectif de nos actions étant l’inclusion sociale, nous avons voulu proposer notre outil à l’ensemble de nos publics cibles pour prévenir cette problématique, mais aussi, à la demande de la fédération sportive, à l’ensemble de nos salariés permettant de prévenir l’inactivité et la sédentarité liées à ce contexte sanitaire « , ajoute Samar Ezzina, chargée de projet innovation sport-santé au sein de l’URSLL Occitanie.
Le paradoxe d’une convivialité à distance
Léo Sport Home propose une alternative pour s’évader tout en restant chez soi. Samar a créé un groupe Facebook et rassemblé autour d’elle une équipe de 11 professionnels dédiés à ce programme : 4 éducateurs sport-santé, 5 enseignants en activité physique adaptée (APA) dont 2 issus des URSLL Hauts-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes venus prêter main forte à la région Occitanie, 2 cadres techniques et une conseillère en communication en service civique.
« C’était un premier essai pour notre structure et on a réussi à capter du monde. Au regard du contexte et de l’urgence de la mise en place, nous n’avons pas pu travailler la communication en amont, ni préparer le format et le contenu… mais cette expérience nous a permis d’évoluer dans le digital, et de s’insérer dans les réseaux sociaux d’une manière originale car il a fallu imaginer de nouvelles solutions et de nouvelles méthodes de suivi. Maintenant, nous sommes déconfinés, mais on doit imaginer la suite de cet outil. Très belle expérience digitale à creuser encore ! » , analyse Samar Ezzina.
Rassemblée au travers d’un groupe Facebook « Live Sport Home – Léo Lagrange », une communauté d’environ 1200 personnes, dont 5 éducateurs sportifs ou enseignants en APA, a pu partager des séances de sports en live, des recettes, challenges et tant d’autres moments.
« Le contexte nous a obligé à nous adapter », exprime Catherine Orcel. Grâce au réseau social, un programme hebdomadaire a été conçu afin de permettre aux membres du groupe de pratiquer du sport tous les jours avec un coach en direct.
Le projet a porté ses fruits et les retours d’expérience sont positifs. Globalement, le soutien mis en place a été fortement apprécié par les pratiquants. Geneviève, montpelliéraine de 73 ans, fait partie des bénéficiaires. « Cela fait 4 ans que je suis à Léo Lagrange et même si l’année avait difficilement commencé, ils m’ont épatée quant à l’accompagnement réalisé lors du confinement ! » Puis, elle ajoute : « Je recevais les tutoriels vidéo via internet, adaptés à notre condition physique et puis des appels téléphoniques qui égaillaient ma journée ! J’ai vraiment beaucoup apprécié tout ce qui a été proposé. Je remercie et félicite l ‘équipe pour le travail réalisé et en particulier Lydia Sanchez(enseignante en APA), notre intervenante cette année. On sentait qu’elle était là pour nous. C’était forcément beaucoup plus entraînant de pratiquer du sport avec elle ! »
Pour chaque intervenant, ce n’était pas toujours évident d’être à son aise derrière la caméra. Également confinés, ils ont tous dû faire avec « les moyens du bord » et « apprendre en faisant » pour se filmer et relayer les vidéos aux pratiquants (en live ou non).
« Cela n’a vraiment pas été facile. Je n’avais jamais donné de cours à travers un écran, ni réalisé de vidéo, c’était une grande première pour moi. Mais je pense que ce type de séance peut être une solution à long terme, une nouvelle option, sans pour autant remplacer les cours en présentiel qui amènent, en plus des bienfaits physiques et psychologiques, un contact essentiel à tous », raconte Rémi Cozette, enseignant en APA de la région Hauts-de-France.
En effet, la technologie, en particulier les logiciels de visioconférence ont eu un franc succès durant ce confinement. D’ailleurs, outre des envois vidéo par mail, séances vidéo en live, les moyens de communication interne ont également été multipliés. Des plateformes telles que Skype ou encore Zoom sont devenues les nouveaux outils privilégiés de l’équipe technique fédérale. Ce projet s’est fait dans l’urgence. Il a fallu être réactif et efficace. Joël Vignau, président de la section retraite active du Club Léo Lagrange de Colomiers raconte les outils qui ont pu être mis en place facilement et rapidement : « Personnellement, je contactais une fois par semaine les animateurs qui étaient en charge de contacter les adhérents. La diffusion des cours de gym a permis d’une part, de maintenir un lien entre tous et d’autre part, de faire découvrir les activités gymniques aux non-adeptes. Nous avons diffusé 2 fois par mois notre journal interne avec des informations et des jeux au lieu d’une transmission mensuelle. Nous avons même créé les jardins du confinement ainsi qu’une exposition virtuelle d’aquarelles le tout réalisé par nos adhérents. »
La suite, vers la poursuite des activités physiques autrement
Le confinement aura eu le mérite de tester de nouvelles choses. L’équipe fédérale s’est ainsi rendue compte des bienfaits d’une pratique d’activité physique à domicile en complément de celle en présentiel. Une pratique sportive se doit d’être régulière et idéalement à raison de 3 fois par semaine. Ces séances à distance offrent plus de possibilités, de temps et d’adaptation à la pratique sportive régulière. Même si le virtuel ne pourra jamais remplacer le réel. « Cette expérience nous a montré que la motivation et le contact virtuel ne peut égaler le contact réel, mais s’inscrit en complément… » affirme Catherine.
Lydia Sanchez confie : « Je pense que cela peut être une solution à long terme à condition que les personnes aient les outils pour les visionner. Ce type de séance s’adapte à toutes conditions notamment le confinement. L’activité prospère malgré la fermeture des établissements. Je pense notamment à ce type de séance pour les personnes ne pouvant pas se déplacer quelques soient leurs difficultés. »
A ce jour, le suivi des personnes isolées du programme Léo Sport Home se poursuit grâce à la reprise de séances en extérieur essentiellement, au maintien du suivi personnalisé (pour une centaine d’entre eux) et à la poursuite des activités physiques à distance.
Il s’agit désormais pour l’URSLL d’Occitanie mais aussi pour l’ensemble des territoires, de maintenir l’accompagnement pendant et en sortie d’été, de ces personnes dans leur parcours d’accès aux activités physiques régulières et sécurisées. Une réflexion est actuellement portée par la Direction Technique Nationale visant la transformation des programmes fédéraux pour la rentrée 2020-2021, intégrant de nouveaux enjeux : maintenir les effets des programmes en situation d’urgence sanitaire (anticiper une 2e vague d’épidémie de COVID19) et favoriser l’accès au numérique pour tous.