Le 9 avril 2021 s’est tenu en ligne une table ronde « Impulser des dynamiques collectives dans les territoires », co-organisée avec la chaire Territoires en Transition de Grenoble Ecole de Management dont la Fédération est partenaire.
Venue alimenter la réflexion dans le cadre de la préparation des Conventions Territoriales de mai, quatre acteurs de l’ESS ont partagé leurs enjeux et retours d’expérience avec 90 participant.e.s, salarié.e.s, administrateur.rice.s de Léo Lagrange et des participant.e.s externes :
- Nikola Jirglova, Responsable Développement et Projets au Labo de l’ESS, think tank qui réfléchit aux problématiques structurantes de l’ESS à partir d’initiatives concrètes issues des territoires. C’est dans ce cadre-là que Nikola a activement contribué à une étude-action sur les dynamiques collectives de transition au sein de différents territoires.
- Josepha Poret, Responsable du développement territorial chez Ronalpia, incubateur en Auvergne-Rhône-Alpes qui accompagne les entrepreneur.se.s sociaux qui développent des solutions à impact positif au plus près de leur territoire.
- Valérie Rozier, en charge de l’animation des coopérations territoriales chez Gaia, structure iséroise qui au-delà de ses missions historiques de finance solidaire et d’accompagnement, est co chef de file de la labellisation French Impact de la Métropole grenobloise.
- Julian Perdrigeat, délégué de l’association de promotion de la Fabrique des transitions, un collectif de collectivités, de réseaux thématiques, d’entreprises, de la recherche et de la société civile qui se sont engagés pour la transition systémique des territoires.
Mieux comprendre les coopérations territoriales
La table-ronde a été introduite par Thibault Daudigeos, enseignant-chercheur à Grenoble Ecole de Management. Il est revenu sur l’importance de s’allier à d’autres dans les territoires, dans un contexte où les frontières entre intérêt général, commun et privé se floutent. La table ronde a permis d’aborder les quatre questions suivantes :
- Pourquoi travaille-t-on ensemble dans les territoires ? Quelles sont les motivations à s’allier, devenir partenaire, … dans les territoires ?
- Comment définir son territoire ?
- Quels sont les facteurs clés de succès de ces coopérations ?
- Quelle valeur créée sur les territoires et comment en rendre compte ?
L’importance du plaisir de « faire ensemble »
On retiendra tout d’abord que les dynamiques collectives existent sur les territoires car elles répondent à une prise de conscience que seul, face à la complexité des transitions, il est difficile d’atteindre ses objectifs. Néanmoins, au-delà de valeurs partagées, d’une vision positive commune du futur, Nikola Jirglova a insisté sur l’importance de nourrir ce « faire ensemble » par des petites victoires, des petits projets qui alimentent le plaisir à travailler collectivement.
Les différentes échelles de territoire
Mais à quelle échelle se matérialisent ces alliances, ces partenariats ? Josepha Poret a témoigné du côté souvent très empirique de la définition du territoire : il est d’abord construit par des coopérations ou collaborations déjà existantes (par exemple deux collectivités qui travaillent déjà ensemble) et par les bénéficiaires capables de renseigner sur l’étendue de leur territoire. D’autres définitions existent, comme celle des bassins de vie, portée par le Labo de l’ESS : « plus petit territoire sur lequel les habitants ont accès aux équipements et services les plus courants ». A retenir : quelle que soit la définition retenue, l’importance d’articuler et de faire dialoguer les différentes échelles (région, département, bassin de vie, autre…) revient systématiquement.
Les facteurs-clés des dynamiques collectives
Quels conseils alors donner aux acteur.rice.s qui se lancent dans des dynamiques collectives ? Valérie Rozier a insisté sur les éléments suivants :
- Le temps nécessaire pour apprendre à se connaître, partager ses valeurs bien qu’il s’agisse d’une denrée rare
- La posture de partage de ses informations, de ses compétences, de ses relations
- La capacité à s’adapter à d’autres façons de travailler
- La prise de risque car la coopération prend du temps sans la garantie du succès
- La présence de catalyseurs sur le territoire qui facilite les coopérations
- L’implication de l’acteur public en prise avec les enjeux collectifs, les habitant.e.s
Penser au récit collectif de ces coopérations
Enfin, quelle valeur créée et comment en rendre compte ? Les effets de ces coopérations ont lieu dans des territoires de plus en plus imbriqués. Comme l’a souligné Julian Perdrigeat, il est alors essentiel de rendre compte de cette valeur créée non plus au niveau d’une seule structure mais au niveau du territoire et de faire de son évaluation un sujet de pilotage interne de la coopération permettant de réinterroger régulièrement les actions.
Julian Perdrigeat rappelle au sujet de l’évaluation que « Tout ce qui compte ne se compte pas toujours mais se raconte », d’où l’importance d’entendre la voix de tou.te.s et d’adopter des démarches participatives.
Pour en savoir plus : compte-rendu complet de la conférence