La santé globale et le bien-être par le sport deviennent des priorités, l’UNSLL se mobilise pour répondre à cet enjeu sociétal et a réuni ses équipes salariées et bénévoles les 26 et 27 octobre derniers pour créer une dynamique collective autour du sport-santé. Des experts sont intervenus pour nourrir la réflexion, des professionnel.les de terrain ont partagé leurs expériences et projets en sport-santé et activité physique adaptée. L’objectif dès 2024 : essaimer dans tout le réseau UNSLL des projets de promotion de la santé par le sport.
Le sport est appréhendé par l’UNSLL comme un média d’éducation, vecteur de lien social mais permettant aussi de prévenir des problématiques de santé physique et mentale ou encore la perte d’autonomie. Françoise Bouvier, présidente de l’UNSLL introduit l’événement en rappelant l’ambition de l’association : « dès 2011 avec 2ème souffle, puis avec les séjours Oxygénération et plus récemment avec Interαgir, nous développons des programmes d’activité physique adaptée afin de prévenir la perte d’autonomie et d’aider les seniors à bien vieillir. Pour tous les publics, nous promouvons le sport comme outil de prévention. »
Matthieu Vermeil, responsable national sport-santé, et Florent Krim, médecin du sport, bénévole et président de la commission sport-santé de l’UNSLL, rappellent que le sport-santé est l’affaire de tou.tes : le monde médical et le monde du sport doivent apprendre à mieux se connaître et échanger, dans l’intérêt de leurs publics et patient.es : « nous voulons encourager la collaboration avec le monde médical et leur démontrer notre expertise en matière de sport-santé afin qu’ils nous accompagnent dans cette démarche. »
Plusieurs tables-rondes se succèdent au cours des 2 journées, alternant l’intervention de chercheurs en médecine, en sciences sociales, d’institutionnels et de professionnel.les du monde sportif.
Les publics concernés : les seniors, les personnes sédentaires et souffrant de maladies chroniques
L’UNSLL évoque l’intérêt, pour les porteurs de projets Sport Santé Léo Lagrange, d’avoir une connaissance accrue de leurs publics et rappelle l’importance de comprendre les caractéristiques des publics concernés tels que les seniors, les personnes sédentaires et celles souffrant d’affections longues durée et/ou de maladies chroniques. L’objectif est d’adapter au mieux l’approche pédagogique dans l’accompagnement de ces publics par l’activité physique sportive et/ou adaptée.
C’est dans ce cadre que l’UNSLL a sollicité 3 scientifiques experts pour la première table ronde.
C’est dans ce cadre que l’UNSLL a sollicité 3 scientifiques experts pour la première table ronde.
Pierre-Louis Bernard, maître de conférences en sciences du mouvement humain consacre son temps de parole au vieillissement et aux concepts de fragilité et de réversibilité qu’il définit et explique le rôle de l’activité physique adaptée : « certaines pertes d’autonomie peuvent être temporaires et donc réversibles. Les interventions non-médicamenteuses, dont l’activité physique, ont des impacts sur les maladies neuro-dégénératives, l’endurance, la qualité de vie, l’équilibration. »
La sédentarité et l’inactivité physique sont à l’origine de nombreuses pathologies : cancer, diabète, problématiques cognitives, articulaires ou musculaires. Pierre-Marie Leprêtre, professeur des universités, dresse un constat alarmant sur la situation sanitaire en France : les 35-44 ans sont les plus touchés et sont sédentaires en moyenne 12h par jour la semaine et 9h le week-end. 66% des 11-17 ans présentent un risque sanitaire préoccupant et 44% un risque sanitaire très élevé et le temps passé devant les écrans en est principalement à l’origine. Il précise : « cette problématique est plus marquée dans les milieux sociaux défavorisés et impact les résultats scolaires. »
Quel rôle peut jouer l’activité physique adaptée chez les personnes souffrant de maladies chroniques ? Florent Krim explique : « nous pouvons contribuer à améliorer la qualité de vie et l’autonomie, de plus, le sport permet de développer la vie sociale. » Il poursuit en rappelant l’efficacité de l’activité physique sur de nombreuses pathologies et l’amélioration de la qualité de vie en général permet au patient de subir le moins possible sa maladie au quotidien. Il conclut en évoquant le rôle des Maisons sport santé, dont plusieurs responsables interviendront l’après-midi.
Les politiques publiques françaises de promotion de l’activité physique pour la santé
Plusieurs partenaires de l’UNSLL ont été conviés à expliquer la place du sport-santé dans leur institution.
- La Délégation régionale académique à la jeunesse, à l’engagement et aux sports (DRAJES) des Hauts-de-France ouvre cette nouvelle table-ronde avec la stratégie nationale sport santé du Ministère de la santé : « nous nous sommes emparés du sport-santé avec la définition de 26 axes, dont le développement des maisons sport santé comme enjeu de santé publique et d’égalité des chances mais aussi comme espace de socialisation. Nous voulons que ces lieux soient au service de la santé et du bien-être » détaille Ulysse Perrin, responsable du pôle pratique sportive tout au long de la vie.
- L’Agence nationale de cohésion des territoires (ANCT), représentée par Tara de Condappa, chargée de projet santé et sport, explique la place du sport-santé dans la politique de la ville : « l’ANCT promeut la santé par le sport comme déterminant majeur pour la santé et le bien-être. Nous soutenons des projets qui concourent à l’accès aux soins et à la prévention. » Elle illustre ses propos avec les contrats locaux de santé (CLS) et les ateliers santé-ville (ASV) qui visent à faire émerger des dynamiques territoriales en santé et à réduire les inégalités.
Matthieu rebondit et interpelle l’assemblée : « nous voulons former les éducateurs sportifs à l’activité physique adaptée pour que vos associations sportives puissent être partie prenante de ces dispositifs de santé publique. Nous pouvons vous accompagner à développer ces activités. »
- Enfin, Pierrine Aly, médecin de santé publique à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) explique que le sport constitue un levier de prise en charge éducative et est souvent utilisé comme facteur d’intégration et vecteur d’inclusion : 70% des projets sont liés au sport. Elle ajoute : « nous voulons développer le sport comme un déterminant de la santé et pas seulement d’inclusion sociale. »
Quelques concepts-clés en promotion de la santé et cas concrets
Cette table ronde a été organisée pour présenter le sens dans lequel se positionne l’UNSLL en terme de sport-santé. Elle agit pour la promotion de la santé qui est définie comme « le processus qui confère aux populations les moyens d’assurer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’améliorer celle-ci ». Pour cela, elle a fait intervenir des scientifiques et professionnels, des salariés de l’UNSLL, avec qui elle travaille en réponse aux enjeux d’éducation à la santé.
Ils interviennent pour parler de leurs expériences pratiques et de concepts-clés qui sous-tendent leur action.
Sophie Petit, doctorante sous CIFRE, salariée de l’UNSLL, a abordé le concept large de vulnérabilité dans un cadre sociologique. Elle rappelle que cette notion de vulnérabilité, en lien avec les caractéristiques des publics, génère une logique de parcours dans le cadre des interventions « sport santé » impliquant aussi un maillage pluridisciplinaire et interinstitutionnel.
En transition, Fabrice Dosseville, Professeur des Universités, Chargé de l’accompagnement et du suivi au Centre National d’appui au Déploiement en Activité Physique/lutte contre la Sédentarité a détaillé l’approche socio-écologique utilisée dans la démarche ICAPS, une approche fondée sur 5 stratégies (individuel, changement de comportement interpersonnel, organisations, communauté territoriale, politique)
Fabien Riera, anthropologue, a créé « Sentier vous bien », qu’il développe avec un éducateur sportif : « nous avons développé une méthode d’accompagnement de personnes vulnérables, en pleine nature, afin de réaliser une immersion sensorielle en milieu naturel. L’objectif : réactiver leur conscience au monde et celle de leur corps. La santé passe par la connexion et l’écoute de son corps. » L’UNSLL va travailler avec cette association, dans le cadre de la formation, pour sensibiliser, initier les différents intervenants « Sport Santé » à cette méthodologie innovante d’accompagnement.
Dans le cadre du sport sur ordonnance, le professeur Jean Daniel Lalau, Chef du service d’endocrinologie-diabétologie-nutrition, Président de COPEPPI (coordination pour la prévention et l’éducation du patient en Picardie) accompagné de Lydie Boury, Présidente de l’URSLL HDF, de l’association les petits poids et patiente experte et d’Hugo Machado, conseiller technique fédéral de l’URSLL HDF ont traité la question de l’éducation thérapeutique du patient. Le professeur Lalau a évoqué l’éducation du professionnel (de santé), au sens large, et donc l’éducation en pluri professionnalité faisant intervenir et des professionnels et des patients. Il travaille beaucoup avec Lydie Boury, qui met en lumière de par son vécu la notion d’alliance thérapeutique.
5 Maisons sport-santé au sein du réseau Léo Lagrange
La première journée a également été l’occasion de mettre en exergue l’activité des 5 maisons sport santé du réseau Léo Lagrange. Matthieu Vermeil a rappelé l’importance pour nos associations sportives de travailler avec ces structures voire même, pour celles qui sont en capacité et qui souhaiteraient développer une offre Sport Santé, de répondre sur toute ou partie du cahier des charges de l’habilitation des Maisons Sport Santé.
Ces projets et programmes d’accompagnement illustrent de manière concrète la diversité des possibilités en matière de sport-santé et ses nombreux impacts positifs auprès des personnes touchées. Pour compléter ces témoignages, les responsables des 5 associations affiliées Léo labellisées Maison sport-santé (MSS) sont intervenus pour témoigner
- La Maison sport-santé Boug’Era de l’association Ecouter, réfléchir et agir développe de nombreuses actions dont plusieurs réservées aux femmes, d’autres aux enfants ou encore aux seniors
- La maison pour tous Léo Lagrange de Pau anime un espace santé avec une salle de sport dédiée, un parc et des partenariats avec d’autres associations sportives
- Le Club Avignon sports loisirs porte également une MSS et organise entre autres des sensibilisations dans les centres sociaux
- L’association Hope Team East a créé Air sport santé, labellisé MSS et s’est rapprochée de la plateforme en ligne Doctolib pour faciliter l’orientation de patients par leur médecin.
- L’Hôpital de Corbie (80) porte une MSS, au sein de laquelle travaille Florent Krim
- L’association les Petits Poids, créée par Lydie Boury, est également labellisée MSS
La journée se termine par la présentation de la plateforme Goove : l’UNSLL a conventionné avec la société GOOVE lui permettant, ainsi qu’à ses associations affiliées, d’intégrer son protocole d’évaluation et ainsi de structurer, cartographier, mesurer les programmes et les parcours sport-santé des licenciés à travers les clubs affiliés pour le développement de son programme“ Léo Sport Health “. Un travail de co-création sera fait sur l’interface pratiquants afin que son environnement soit adapté aux besoins des ciblés par le projet national.
Exemples de programmes sportifs pour les seniors..
La matinée du lendemain abordait spécifiquement le sport-santé pour les personnes âgées, avec des illustrations concrètes de programmes déployés par l’UNSLL dans toute la France :
- Samar Ezzina, cheffe de projet Sport Santé Innovation UNSLL a présenté le programme 2e souffle (ateliers d’activités physiques adaptés) en réponse à des objectifs de prévention de la perte d’autonomie et le programme Interagir dans le cadre de la prévention de la chute.
- L’organisation des séjours Oxy Génération a également été détaillé par Hugo Machado et Johanne Gratiot, coordonnatrice socio sportive en Occitanie. Sami Benghitoun, chargé de projet « Vieillissement » dans les Hauts de France, a quant à lui, présenté les partenariats avec les mutuelles sociales agricoles permettant la mise en place d’actions auprès des maisons d’accueil rural pour personnes âgées de la région des Hauts de France.
Les actions sport-santé pour la jeunesse
Enfin, des partenaires évoquaient leurs actions de sport-santé pour la jeunesse. Les rencontres se sont terminées par une table ronde « Sport Santé Jeunesse » mettant en avant un travail collaboratif entre l’association de patients les petits poids et le lycée Edouard Gand dans le cadre du dispositif « Ecole promotrice de santé ». Ce dispositif a été exposé par Mme Coralie Alexandre Inspectrice d’Académie, Inspectrice Pédagogique Régionale en EPS, Académie d’Amiens.
Cette table ronde a été l’occasion, pour Florent Boucher, directeur du club socio-culturel et sportif Léo Lagrange de Colombelles, désigné Centre National d’appui au Déploiement en Activité Physique/lutte contre la Sédentarité par Santé Publique France, de discuter de la démarche ICAPS « Intervention auprès des collégiens centrée sur l’activité physique et la sédentarité ». Cette table ronde a initié un travail partenarial et expérimental entre l’académie d’Amiens, l’URSLL HDF et le CNDAPS.
A n’en pas douter, au regard des constats présentés par les chercheurs et des initiatives déjà développées dans le réseau, les associations sportives Léo Lagrange vont se mobiliser pour déployer des projets sport-santé et faire monter en compétences leurs équipes, pour répondre à cet enjeu de santé publique incontournable pour les années à venir.
Pour garder le contact :
Matthieu Vermeil
Conseiller Technique National UNSLL
Responsable sport-santé national
matthieu.vermeil@leolagrange.org
