En septembre 2023, la Fédération Léo Lagrange inaugurait la petite maison des 1000 premiers jours à Dijon (21). Emilie Carron, référente de la structure, nous a ouvert les portes de cette maison qui lutte contre les inégalités de destin en accompagnant les parents (ou futurs parents) et leurs jeunes enfants.
« S’endormir seul, c’est un apprentissage », explique Vanessa Blanchet Guidon, infirmière puéricultrice et référente santé et accueil inclusif pour les structures petite enfance Léo Lagrange à Dijon. « Pour s’endormir, il faut être sécurisé. Votre bébé doit se sentir en confiance. » Confortablement installé.es en arc de cercle, six parents avec leurs nourrissons évoquent les nuits sans sommeil, les rituels du coucher, leurs inquiétudes et leurs astuces. L’atelier de ce mercredi après-midi porte sur le sommeil de bébé, un vaste sujet pour les jeunes parents ! « Mon objectif est que les parents se sentent compétents et se fassent confiance », poursuit Vanessa.
Quand mon bébé va-t-il-faire ses nuits ? Comment l’aider à s’endormir ? A quelle heure le coucher ? « La vie de parents est une vie de tests ! Il faut au moins trois expériences identiques pour qu’un enfant puisse anticiper la 4e. » L’allaitement et la mort subite du nourrisson sont également au cœur des échanges. Vanessa rassure les parents et les aide à s’orienter dans les méandres de la parentalité. « La parentalité parfaite n’existe pas ! C’est vous qui construisez votre parentalité », rappelle-t-elle. « J’essaie d’éclairer leur lanterne sur le chemin de la parentalité, un chemin complexe pollué par les représentations sociales et des informations en surnombre. »
Un lieu ressources et de répit pour les parents
A destination de futurs parents et parents d’enfants de 0 à 3 ans, La maison des 1000 premiers jours est ouverte à tou.tes, gratuite et en libre accès. C’est un lieu d’écoute, d’accompagnement et de soutien à la parentalité : permettre un développement harmonieux et en santé de l’enfant, éviter l’épuisement parental, les ruptures professionnelles, l’isolement… Chaque mois, la petite maison des 1000 premiers jours propose entre 15 et 20 ateliers autour de la prévention, de la santé, du bien-être mais aussi des ateliers thématiques et pédagogiques ainsi que des temps d’échanges avec et entre parents. Plus de 20 intervenant.es (infirmières puéricultrice, psychomotriciennes, musicothérapeutes, orthophonistes, accompagnantes périnatales…) animent des ateliers ponctuels ou réguliers.
« C’est une structure qui a tout son sens et son utilité dans une société où parents et jeunes parents sont de plus en plus isolés et un peu perdus face aux flots d’information », explique Emilie Carron, référente de la petite maison des 1000 premiers jours de Dijon. « Par ailleurs, de nombreux parents, notamment les mères, sont en recherche de liens que ce soit pour elles ou pour leur bébé. Un lieu pour sortir de chez elles et de leur isolement suite à l’arrivée de leur bébé, un lieu ressources où elles peuvent poser toutes leurs questions. Nous pouvons leur apporter des réponses ou les orienter. »
Echanger avec les parents, les écouter, prendre en compte le cadre dans lequel ils vivent pour répondre au mieux à leurs besoins sont au cœur de la mission de la maison des 1000 premiers jours et font écho aux principes mêmes de l’éducation populaire.
Echanger entre pairs
« J’ai trouvé ça intéressant d’échanger avec d’autres parents, de pouvoir poser des questions, d’exprimer son vécu », témoigne Anaïs venue avec son nourrisson de 5 semaines. « C’est la première fois que j‘assistais à un atelier comme celui-ci. Ça reste intimiste. Ça m’a donné envie de revenir ! » Même engouement pour Pilar accompagnée de Milena, 3 mois. « C’était génial ! J’ai beaucoup aimé l’intervention. On entend un peu de tout sur ce qui concerne les enfants. Ce que je trouve bien pour mon enfant est validé par une professionnelle, c’est rassurant pour moi. Par ailleurs, j’ai apprécié partager des astuces, des conseils avec d’autres parents. Je reviendrai ! »
« J’adore voir les échanges entre parents et constater que ça leur donne des clés. Cela démontre l’importance des échanges entre pairs », abonde Vanessa qui a également animé un cercle des parents la veille à la petite maison des 1000 premiers jours. « C’est un échange libre sans thème imposé. On part des besoins des parents, de ce qu’ils vivent. On se rend compte que beaucoup de questions des parents restent en suspens. Avec notre regard de professionnel, nous pouvons les accompagner et les orienter. »
Une maison ouverte à tou.tes
L’une des réussites de la petite maison des 1000 premiers est de toucher des parents d’horizons différents. Cette diversité des profils apporte une réelle richesse dans les échanges. Depuis l’ouverture de la petite maison, une soixantaine de familles a fréquenté les lieux avec une majorité de parents avec des enfants de moins de 1 an. « Je constate des liens qui se créent entre les mamans qui se sentent moins isolées. Des mamans du CADA voisin fréquentent régulièrement la structure. » La petite maison des 1000 premiers est un lieu vivant de mieux en mieux identifiée que ce soit par les parents ou les acteurs de la petite enfance.
Un des axes forts de la Maison des 1000 premiers reste la prévention santé. En tant que lieu d’orientation et de prévention, elle agit en complémentarité avec de nombreux partenaires locaux : maison de la famille des apprentis d’Auteuil, LAEP, PMI, sages-femmes, médecins… « Toutes les PMI nous connaissent et trouvent le principe nécessaire et utile », explique Emilie.
Un dispositif également apprécié et soutenu par la ville de Dijon, comme le souligne Kildine Bataille, adjointe au maire de Dijon sur les questions de petite enfance et d’égalité femmes-hommes :
« C’est une solution de soutien à la parentalité. C’est un temps de répit qui permet de sortir du quotidien, de trouver un accueil, du réconfort, de l’aide. Dans cette déflagration qu’est l’arrivée d’un enfant, comment favoriser des espaces de parole et d’échange entre parents ? La maison des 1000 premiers jours propose une solution au-delà du mode de garde. Elle permet de lutter contre l’isolement, contre les toutes les inégalités, les ruptures qui se logent dès la petite enfance. C’est un enjeu majeur qui nous fait réfléchir au modèle de société que nous souhaitons. »
Depuis son ouverture en septembre 2023, la Maison des 1000 premiers jours Léo Lagrange de Dijon, c’est :
-entre 15 et 20 ateliers par mois
-plus de 20 intervenant.es (infirmières puéricultrice, psychomotriciennes, musicothérapeutes, orthophonistes, accompagnantes périnatales…)
-5 familles par atelier en moyenne
-une soixantaine de famille a fréquenté la maison des 1000 premiers jours depuis son ouverture
La majorité des parents qui prennent part aux ateliers ont un enfant de moins d’un an
La Petite Maison des 1000 premiers jours de Dijon est lauréate de l’appel à projet 1000 premiers jours 2022 de l’ARS Bourgogne-Franche Comté et de la DREETS de Bourgogne-Franche Comté. Elle a également reçu le soutien de la mairie de Dijon.
Pour garder le contact
Emilie Carron
Référente de la maison des 1000 premiers jours et déléguée territoriale petite enfance Bourgogne France Comté
emilie.tromp@leolagrange.org