Toute l’année et plus encore pendant la période estivale, la Fédération Léo Lagrange se rappelle son héritage et son engagement de toujours pour le temps libre et le droit aux vacances. L’investissement d’un temps libre choisi, permettant de s’épanouir, de se construire en dehors de tout déterminisme et influence, la rencontre de l’altérité, l’ouverture au monde, sont parmi les moteurs fondateurs et essentiels de notre conviction et de notre combat pour un droit aux vacances pour toutes et tous. Un droit aux vacances menacé, par les replis sur soi, la précarité, les inégalités économiques. Plus que jamais, le réseau Léo Lagrange tient à rappeler son engagement de la première heure et renouvelé, pour un droit aux vacances universel et choisi.
Notre héritage : le droit aux vacances et pour un temps libéré
L’homme Léo Lagrange est évidemment couramment associé aux billets SNCF congés payés, aux loisirs et au sport. Mais s’il s’est investi pour permettre à tou.tes de connaître le départ en vacances, c’est parce que le Front Populaire avait bouleversé son époque et entamé une profonde mutation dans le rapport au travail des Français : 2 semaines de congés payés étaient offertes à tou.tes, sans distinction de statut ou de salaire ! Mais que faire de ce temps soudainement libéré ? Ce temps libre est aussi devenu source d’inégalités : ceux et celles qui ne sont jamais parti.es en vacances ne savent pas forcément organiser ce temps tellement attendu et fantasmé. Les héritier.ères de Léo Lagrange et du Front Populaire que nous sommes, à l’instar de nos partenaires de l’éducation populaire, se sont alors organisé.es, au fil des décennies, pour accompagner tous les publics, dont les jeunes, vers cette découverte émancipatrice, épanouissante, rêvée, de l’ailleurs, de l’autre, et aussi d’un nouveau rapport à soi.
Des vacances synonymes d’épanouissement, de joie et à valeur éducative
Notre mouvement revendique tout d’abord le droit de profiter de vacances ludiques, épanouissantes, qui constitueront aussi des parenthèses heureuses dans la vie des publics que nous accompagnons. Qu’il s’agisse des séjours et colonies de vacances que nous organisons ou de l’accompagnement aux départs en autonomie de nos usager.ères, la joie et la qualité éducative vont de pair : « le temps libre des vacances doit être investi par quelque chose d’épanouissant, qui soit synonyme de joie et nous en tant qu’acteur éducatif, nous apporterons du contenu qui contribuera à les aider à tracer leur chemin de vie », argumente Guillaume de Chazournes, chef de projet du secteur adolescent. Benjamin Mauduit, responsable du plaidoyer et des représentations extérieures abonde : « A Léo Lagrange, nous défendons des vacances pour profiter, se faire plaisir, tout en étant curieux de découvrir. »
Lutter contre les inégalités, pour des vacances choisies et de qualité
« Nous voulons que les jeunes et les familles aient des temps libres de qualité, au service d’un progrès social, pour leur émancipation et rompre avec les inégalités », explique Joëlle Doucet, déléguée territoriale à l’animation et en charge du partenariat avec l’Agence nationale des chèques vacances (ANCV). En effet, comme le rappelle Benjamin Mauduit : « Aujourd’hui le temps libre est accessible à tous. Mais tous ces temps qui ne sont ni à l’école ni au travail peuvent être source de nouvelles inégalités ».
Au sein de la Fédération Léo Lagrange, nous savons et revendiquons l’impact de l’accès aux vacances sur les parcours de vie de chacun.e. Capacité à se projeter ailleurs et à se déplacer, découverte de l’autre et de nouveaux environnements culturels et sociaux, ouverture au monde : les impacts sont multiples, immédiats et à plus long terme, qu’il s’agisse des vacances en familles ou en colonies de vacances : « La colo c’est l’autonomie, l’ouverture à l’autre, rompre la solitude, créer de la rencontre. Retrouver un sens de l’accueil. Ces rencontres suscitées par les vacances et les séjours permettent de développer des réseaux de connaissance ailleurs qui vont ensuite faciliter plein de choses, casser la routine, les reproductions sociales » abonde Benjamin Mauduit.
Pour Julie Blaiteau, chargée de mission ANCV, permettre le départ en vacances est crucial et déterminant pour la construction de l’identité des jeunes. A cette période charnière de leur vie, s’ancrent les croyances sur l’égalité, la solidarité, notre modèle social : « un jeune qui ne pourra pas partir en vacances va le vivre comme une résignation acquise, une fatalité. Il se considère déjà comme discriminé, ses parents connaissent plus ou moins la précarité. Le jeune doit s’adapter à son quotidien contraignant et l’assimile ensuite comme tel Pour lui, le départ en vacances va sembler compliqué, il n’aura donc pas forcément cette projection. Les travailleurs sociaux doivent donc aller chercher ces publics pour les accompagner dans leur projet de vacances. »
L’impact des vacances au sein des familles et l’autonomisation des enfants
Les départs en vacances impactent également la cellule familiale, de différentes manières. S’il s’agit de mini-séjours, comme la plupart des accueils de loisirs de Léo Lagrange Ouest (LLO) en organise, c’est la séparation avec la famille et la préparation de départ en colonies de vacances qui est en jeu. Ainsi, Cécile Garnier, directrice des activités de LLO argumente : «grâce à ces mini-séjours, nous montrons aux enfants qu’ils peuvent partir en vacances sans leurs parents. En collectif, ils vivront de nouvelles expériences, cela rassurera les parents qui laisseront ensuite leurs enfants partir en séjours plus longs.»
Pourquoi ces séjours sans les parents nous semblent importants ? Cécile Garnier poursuit : « les vacances entre pairs permettent de tisser des relations que les enfants et les jeunes ne vivent pas lors des vacances en famille. De plus, ils doivent prendre des responsabilités pour l’organisation de leur séjour, s’impliquent dans la vie quotidienne des vacances et donc gagnent en autonomie. »
S’agissant des vacances en famille, la rupture avec un quotidien parfois précaire, occupé par des problématiques socioéconomiques, permet aux parents et aux enfants de retrouver d’autres modes de relations : « les vacances permettent aux parents de lâcher prise et ils vont déculpabiliser car pourront enfin offrir des vacances à leurs enfants. Cela va créer d’autres modalités relationnelles dans la famille, les rôles peuvent changer et les parents découvrent autrement leurs enfants », explique Julie Blaiteau.
Une culture professionnelle Léo Lagrange du départ en vacances pour nos usager.ères
L’accompagnement des professionnel.les Léo Lagrange est centrale pour ce droit aux vacances pour toutes et tous. De nombreuses structures Léo accompagnent leurs usager.ères toute l’année sur divers projets et aussi sur le départ en vacances. La relation de confiance créée au fil du temps va faciliter cet accompagnement : « A Trélazé, nous accompagnons des familles depuis des années, il y a une progressivité dans l’accompagnement, la 1ère année nous accompagnons beaucoup puis les années suivantes de moins en moins, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus d’aide financière » explique Cécile Garnier.
Même argument pour Benjamin Mauduit : « nous avons tous les outils et la pédagogie pour être sur un apprentissage gradué pour découvrir le départ. Notre plus-value c’est l’accompagnement et la culture du choix, au-delà des aides financières. »
Le choix de ses vacances est au cœur de notre démarche, car pour rendre nos publics autonomes, leur permettre de s’épanouir et de se construire leur propre chemin, leurs vacances doivent leur ressembler.
Partager le récit de ses vacances contribue à l’estime de soi
Après les vacances, tout n’est pas terminé, bien au contraire ! Le récit des vacances va aussi contribuer à la construction individuelle et de l’estime de soi. S’agissant des parents partis en vacances avec leurs enfants, Cécile Garnier avance : « la famille va ensuite faire le récit de ses vacances, cela crée du souvenir commun, cela produit une histoire collective. Ce récit contribue à l’estime de soi, en tant qu’individu et en tant que famille. »
Idem pour les départs en autonomie des jeunes, Benjamin Mauduit se rappelle des retours de vacances des jeunes des pépinières nantaises : « nous avions rendez-vous avec les jeunes aussi après leurs vacances, car se créer des souvenirs et les partager, c’est un rapport au monde important. C’est une manière de partager avec d’autres que le départ en vacances c’est possible, c’est accessible. »
La Fédération Léo Lagrange revendique une culture du départ en vacances et notre force est bien d’accompagner tous les publics, les enfants, les adolescent.es, les jeunes, les familles et les seniors, afin de permettre à tou.tes cette ouverture au monde, ce moment de lâcher prise, ce temps libéré et investi des choix réalisés par chacun.e. Si « les vacances permettent de sortir de sa condition quotidienne », pour Guillaume de Chazournes, les vacances sont aussi une fenêtre ouverte sur les mondes sociaux et culturels que nous croisons sans jamais les rencontrer, les vacances permettent de « déconfiner les esprits, d’ouvrir l’imaginaire au monde » conclut Benjamin Mauduit.
Alors cette année, encore et plus que jamais, militons et agissons dans toutes nos structures, auprès de tous nos partenaires et des institutions publiques, pour faire vivre le droit aux vacances pour toutes et tous et rappeler que celui-ci ne devrait jamais rester une option.
Tout l’été, suivez sur nos réseaux sociaux les nombreux séjours organisés dans tout le réseau Léo Lagrange! Enfants, ados, jeunes, adultes, dans toute la France : vous découvrirez au fil de l’été la richesse et la diversité du droit aux vacances mis en œuvre sur le terrain par les équipes Léo !