La Fédération Léo Lagrange, depuis sa création jusqu’à aujourd’hui, a fait du droit aux vacances un engagement fort, et sa démocratisation une nécessité. Libérer du temps choisi, s’épanouir, explorer, voyager… Autant de possibilités qu’offrent les périodes de vacances, auxquels de nombreuses familles peinent à accéder, de par une précarité ainsi que des inégalités économiques et sociales encore prégnantes. Afin de pallier ce décalage, et de permettre à chacun de partir, la Fédération Léo Lagrange poursuit son partenariat historique, tissé depuis plus de 15 ans, avec l’Agence nationale des chèques vacances (ANCV). Du suivi personnalisé à la constitution du dossier, en passant par la suggestion d’une destination, retour sur l’expérience de trois familles qui ont bénéficié, avec l’accompagnement du centre Léo Lagrange Ouest Ginette Leroux à Trélazé (49), d’une aide de l’ANCV pour partir, et profiter des vacances.
Rappeler un droit universel aux vacances
Envisager des vacances est une chose, pouvoir partir en est une autre. Si « historiquement, on navigue autour de la barre des 40 % » concernant les personnes privées de vacances en France, selon Bertrand Réau, sociologue spécialiste du tourisme, ce nombre s’est parfois vu dépassé, comme en 2020, avec 51 % des individus privés de vacances, ou encore 46 % en 2021. Une statistique criante, qui dit les lacunes encore vivaces de l’accessibilité aux vacances pour un pan complet de la population française. Des lacunes qu’un dispositif comme l’ANCV permet de combler, en contribuant, à hauteur d’une certaine somme, au financement des vacances. Joëlle Doucet, chargée de mission ANCV pour le réseau national Léo Lagrange, rappelle l’importance de ces moments, pour les familles : « Les vacances permettent de renforcer les liens parentaux et familiaux. Les familles expriment les bienfaits d’une rupture avec leur quotidien, même si le séjour ne dure que 4 ou 5 jours. Faire cette pause d’avec un quotidien souvent difficile permet de se ressourcer, de retrouver un regain d’énergie et de positivité. »
Ces vacances ne sont pas que l’obtention d’un simple temps libre pour Catherine Launay, animatrice référente famille du Centre Ginette Leroux à Trélazé ; c’est avant tout un droit : « Pour moi le droit aux vacances, c’est déjà un droit d’accès aux loisirs, en référence à nos congés payés, ce pourquoi Léo Lagrange s’est battu […]. Pour moi, c’est aussi important que les familles puissent avoir un repos, une déconnexion, découvrir autre chose, pour sortir du quartier prioritaire, on a beaucoup de mamans seules avec enfants, sans beaucoup de moyens pour découvrir la région et au-delà, ça permet l’ouverture, la mobilité. Pour certains parents, ça permet de retrouver une certaine estime de soi de pouvoir emmener les enfants en vacances, pour que leurs enfants aient quelque chose à raconter en rentrant… »
Ce droit pour tou.tes coïncide évidemment avec la possibilité, pour ces parents, de prétendre au financement ANCV ; un financement dont ils obtiennent la connaissance par Catherine, comme l’indique M. Mataoui, ou bien Mme. Fromont, qui ont pu bénéficier du financement ANCV sur deux années consécutives pour le premier, ou à plusieurs années d’intervalle pour la seconde : « Je n’y portais pas vraiment attention, j’ai connu les chèques vacances par Catherine Launay, qui m’a dit que je pouvais y prétendre pour les vacances d’été. » – « C’est Catherine, qui en relayant la communication de la page Facebook Léo Lagrange Trélazé relative à la campagne ANCV, m’a permis de connaître cette possibilité ». Même cas pour M. Vaimbois, père lui aussi de deux enfants : « On fréquentait régulièrement depuis 15 ans le centre Ginette Leroux. Madame Launay m’a dit que j’avais le droit d’obtenir des chèques si je le souhaitais. On a fait un dossier aussitôt. ». Un dossier ensuite posté, fruit d’une information transmise au sein du centre de Trélazé, qui dit toute l’importance de la proximité, et du lien que peuvent entretenir acteurs sociaux et familles.
Constituer et accompagner le projet de vacances
Un lien qui permet certes l’échange d’informations utiles pour les familles, mais qui permet également un accompagnement pertinent et étroit quant au choix d’une destination, et l’organisation d’un voyage. Un accompagnement que Catherine Launay veut unique pour chaque famille qui le souhaite : « Les projets sont vraiment individuels et personnalisés, l’idée c’est que la famille puisse avoir le choix de son lieu de vacances. Je suis là pour les accompagner selon leur degré de besoin. Pour une famille qui n’est jamais partie, on y va ensemble sur toutes les étapes, on réfléchit ensemble en pensant à beaucoup de critères déterminants. Il peut y avoir une idée ou une envie qui est là depuis longtemps, et puis il y a forcément la question du budget. Ou bien un accompagnement logistique… Dans tous les cas, il y a 3 dépenses majeures : le camping et parfois le transport si en train, puis les activités de loisirs, de découverte, puis les repas à l’extérieur parce que ça fait partie un peu des vacances. Je leur explique comment ça fonctionne sur place, etc.. »
Le suivi n’est pas seulement logistique, comme l’indique Julie Blaiteau, chargée de mission ANCV : « L’accompagnement doit se faire bien en amont pour que la personne gagne en autonomie. » ; Le suivi dure aussi sur le plus long terme, et tend à faciliter, et encourager l’autonomie des familles quant à l’organisation de leur séjour : « C’est un accès progressif à l’autonomisation. C’est long parce qu’on accompagne tout au long du processus. On monte le dossier et on saisit le dossier avec la présentation de la famille, les critères d’éligibilité, un descriptif de l’accompagnement, descriptif du séjour, ce que la famille compte faire pendant ce séjour pour aller vers une ouverture culturelle, de loisirs, et un budget prévisionnel. Les dossiers sont ensuite soumis à une commission qui va statuer en fonction de la demande si c’est viable et fiable. ». Cet accompagnement vers une autonomie accrue est reconnu par ceux qui en ont bénéficié, comme le mentionne M. Mataoui : « On nous explique, nous oriente. Le centre a répondu aux questions, ils nous ont montré un inventaire des destinations, des endroits qui pourraient nous plaire. »
Une place au plus près des familles, que M. Fromont prolonge à chaque retour de vacances : « Au-delà des fiches et documents à remplir, ils sont à l’écoute pour nos questions, nous répondent facilement. Au retour, on fait le point sur les vacances et l’expérience avec eux. On envoie même une petite carte postale que Catherine affiche dans son bureau. » À Catherine Launay de poursuivre : « Des familles m’envoyaient des photos et des vidéos tous les jours ! Même en rentrant ils étaient ravis. ».
Pour les familles, une nouvelle perspective de voyage
Le dispositif ANCV met en lumière une coordination et une cohésion certaine de terrain, toujours dans la perspective d’accompagner et de faciliter l’accès aux vacances. Une collaboration fluide et concrète, que ne manque pas de rappeler Catherine Launay : « Je trouve qu’il y a une grande efficacité et une réactivité de nos accompagnateurs Léo Lagrange Ouest. » Comme celui noué avec les familles, le lien étroit tissé entre référents, acteur.rices et accompagnant.es dit à la fois la dévotion et l’investissement de ceux-ci quant au bon déroulement des démarches, jusqu’à leur accomplissement. Ce maillage de suivi demeure précieux, puisque ceux qui le composent sont en accord avec les principes d’éducation populaire et d’accès aux congés d’été : « A Trélazé, on est 2 à s’occuper du dispositif. On a des personnes de terrain qui sont aussi très impliquées dans le dispositif et qui défendent les mêmes valeurs d’accès aux vacances et aux loisirs par les familles. »
Ainsi ces familles se voient rendues, par l’obtention des chèques ANCV et le suivi du centre Ginette Leroux, une capacité à choisir et décider de leurs vacances, par, et pour eux-mêmes. Les chèques servent aussi bien à financer le logement que les loisirs, ou encore la possibilité de s’offrir quelques restaurants : une offre qui s’adapte aux différentes exigences ainsi qu’aux différents souhaits des familles. M. Vaimbois et M. Mataoui ont pu bénéficier d’un hébergement obtenu par le biais de leurs familles ou d’amis respectifs, leur permettant de garder les chèques vacances pour des activités ludiques et culturelles, telles que le musée du Bois dans les Vosges pour le premier, ou un parc aquatique près de Bretignolles pour le second. Mme. Fromont a, quant à elle, pu utiliser les chèques pour financer une semaine de camping en Vendée avec ses proches. Ainsi les bénéficiaires des chèques disposent d’un budget qui, s’il s’avère vecteur d’une liberté financière accrue, augmente indéniablement leurs marges de manœuvre sur la période de vacances, et le confort associé.
Un confort qui est aussi le dénominateur commun pour chacun.e, répondant aussi bien à une nécessité de repos qu’un besoin d’espace et de découverte pour toute la famille : « J’avais besoin de souffler, de me remettre physiquement j’ai déménagé d’une maison vers un appartement, et j’ai eu ce besoin il y a un an, de partir une semaine pleine, au bord de la mer, avec mon fils et mon neveu » décrit Sandrine Fromont. Une nécessité qui rejoint celle de M. Mataoui, qui souhaitait privilégier lui aussi un séjour au bord de la mer, cette fois pour ses enfants, un an après un premier départ : « On se serait adapté si la maison n’avait pas été disponible, on aurait choisi une autre destination. Le plus important, c’est que mes enfants puissent profiter, que je les vois heureux. ». M. Vaimbois priorise lui aussi ses enfants, puisque « partir avec eux est déjà une opportunité, un dépaysement. ».
Au retour de ces vacances, tous s’accordent sur la préciosité des souvenirs tissés. Une préciosité dont Mme. Fromont, M. Mataoui et M. Vaimbois ont pleinement conscience, et qu’ils souhaiteraient que d’autres puissent connaître : « Ce dispositif correspond à un vrai besoin dont certains n’ont parfois conscience.» Plus qu’une simple aide, le dispositif ANCV ouvre, pour les familles, une fenêtre radieuse sur l’été, et les vacances.