Durant l’automne 2024, la Fédération Léo Lagrange a envoyé trois volontaires en service civique dans des associations affiliées au Bénin, au Cameroun et au Sénégal. Plusieurs mois après le début de leur mission, elles partagent leur vécu et leurs conseils sur cette expérience unique, mêlant engagement et interculturalité.
Des motivations variées
Les motivations des volontaires sont aussi diverses que leurs parcours. Anna, engagée dans une mission de promotion de la lecture dans une école primaire au Cameroun, cherchait à découvrir l’Afrique subsaharienne et à transmettre son goût pour la littérature. « Je souhaitais développer de nouvelles compétences, particulièrement pour transmettre mon goût de la littérature auprès de la jeunesse, » explique-t-elle.

Activité de familiarisation avec l’alphabet organisée par Anna dans la bibliothèque de l’école d’Ekité
Léna, en mission au Sénégal, souhaitait développer ses compétences d’assistante sociale tout en restant dans ce pays. Eva, au Bénin, voulait contribuer à un projet porteur de sens en santé sexuelle et reproductive, en accord avec ses valeurs. « J’étais à un moment de ma vie où j’avais un véritable besoin de contribuer à un projet passionnant porteur de sens et résonnant profondément avec mes valeurs, » confie Eva.
Une immersion culturelle totale
Les premières semaines sont riches en découvertes, parfois déroutantes. Anna a été surprise par la chaleur et la poussière au Cameroun. « J’ai donc accueilli avec soulagement la saison des pluies et la fraîcheur qu’elle apporte ! » raconte-t-elle. Attachée à ses moments de solitude, elle s’est adaptée à un mode de vie centré sur les relations sociales, où l’on est constamment entouré. Léna a été frappée par le sens de l’entraide au Sénégal : « Si tu n’as pas assez d’argent pour te payer un ticket dans le bus, les passagers vont payer pour toi ! »
Eva résume bien le choc de l’expatriation : « Ce n’a pas toujours été facile, car il s’agit d’un changement profond et brutal, mais j’ai été guidé par ma curiosité et mon désir d’explorer, d’échanger, d’apprendre et de comprendre. Une fois passé le « choc » initial, cette expérience s’avère être une véritable richesse. »
Une ouverture sur de nouveaux enjeux
Cette immersion permet de découvrir d’autres façons de vivre et d’appréhender des enjeux différents. Anna a constaté la variété des conceptions de l’éducation d’un pays à l’autre. Elle note que les programmes scolaires sont riches, notamment en histoire, et que l’anglais, deuxième langue du pays, est enseigné dès le primaire. Dans les milieux ruraux, de nombreux élèves se préparent à une formation technique après le primaire. Elle regrette toutefois la persistance de châtiments corporels considérés comme les seules méthodes éducatives efficaces.
Léna observe que les enjeux sociaux sont très différents entre l’Europe et le Sénégal, où les enfants peuvent changer d’école du jour au lendemain pour suivre leur famille. Alors que les méthodes d’apprentissage sont majoritairement passives au Sénégal, elle se réjouit des méthodes participatives adaptées au rythme de chacun, adoptées par l’association AJAP où elle effectue sa mission.

Atelier cuisine proposé par Léna dans son association AJAP
Pour Eva, son expérience de service civique international au sein de l’ONG Filles en action est une véritable transformation, tant sur le plan humain que professionnel. « J’ai énormément appris sur le contexte d’un pays en développement, notamment en ce qui concerne les enjeux liés à l’égalité des genres au Bénin. »
Des projets inspirants
L’expérience du service civique est une source inépuisable de projets innovants. Par exemple, Anna souhaite établir un jumelage entre son ancienne école primaire en France et celle de son village au Cameroun, par le biais de correspondances épistolaires. Elle a remarqué que, bien que les livres soient rares dans le quotidien, particulièrement dans les milieux défavorisés, ils suscitent un vif intérêt chez les enfants.
Léna, quant à elle, a lancé un projet de micro-jardinage au sein de son association. Avant sa mission, elle a vécu dans le village de Palamrin sur la côte sénégalaise, où elle a découvert une initiative de tables de jardinage. « J’ai trouvé que c’était une bonne idée pour sensibiliser les enfants à la nature et à l’environnement, » explique-t-elle.
Eva nous présente un projet qui lui tient particulièrement à cœur : She Wants, She Chooses. Ce projet vise à promouvoir l’avortement sécurisé au Bénin. Malgré une évolution législative en 2021, les avortements clandestins restent une réalité, en raison d’enjeux économiques, sociaux et psychologiques, ainsi que d’inégalités flagrantes. « Ce projet a pour objectif de fournir des informations fiables et sécurisées, tout en œuvrant pour un changement des politiques publiques et des mentalités, » précise Eva. Cela passe par la rédaction d’articles, de portraits de femmes inspirantes, de vidéocasts et une campagne de communication digitale.
Conseils pour les futurs volontaires
Anna encourage les volontaires hésitant.e.s à se lancer, car le service civique est une opportunité enrichissante. « Si la mission vous intéresse mais que vous hésitez, allez-y ! Le plus important est que la mission fasse sens pour vous, » conseille-t-elle. Léna conseille de s’immerger dans la vie locale, par exemple en privilégiant le bus au taxi, et d’adapter son rythme. « Adaptez votre rythme au Sénégal car ici tout prend plus de temps ! » Eva souligne l’importance d’être ouvert et curieux, et de ne pas avoir des attentes trop rigides. « La clé réside dans la capacité à être proactif et dans la curiosité. »
Le service civique international avec la Fédération Léo Lagrange offre une immersion totale et l’opportunité de contribuer à des projets porteurs de sens. Une expérience à vivre pour ceux qui souhaitent s’engager et découvrir le monde sous un nouveau jour. Depuis janvier 2025, 5 autres volontaires sont parti.e.s pour animer des centres péri-scolaires au Bénin.
« Je m’appelle Anna, et j’ai choisi de m’engager dans des écoles camerounaises afin d’aider les enfants à apprendre et à aimer la lecture »
« Je m’appelle Eva et je me suis engagée aux côtés de l’ONG féministe Filles en Actions pour contribuer à construire une société plus égalitaire, inclusive et sécuritaire pour tous.tes. »
« Je m’appelle Léna, le Sénégal étant devenu mon pays d’adoption, je me suis engagée auprès de l’Ajap : l’Association des Jeunes pour l’Altruisme et le Progrès pour soutenir les parents et l’éducation populaire de la jeunesse »