Lever le tabou sociétal des violences sexuelles sur les enfants représente un engagement de tous les instants et d’une vie. C’est celui de Benjamin Perreau, cofondateur de Silence à l’écoute, association affiliée Léo Lagrange depuis 2023. Accompagner les victimes, libérer la parole, sensibiliser et former : tels sont les objectifs de ce militant qui pratique la pair-aidance, c’est-à-dire l’entraide entre personnes ayant vécu les mêmes traumatismes.
« J’ai co-fondé Silence À l’Écoute avec mon frère Simon, car nous avons vécu pendant notre adolescence de multiples agressions et viols en milieu sportif. Comme d’autres victimes, j’ai mis une dizaine d’années à en parler et à élaborer autour de ce traumatisme ». Benjamin introduit presque toujours la présentation de l’association ainsi. Si son association vise à libérer la parole, il se l’applique au quotidien en témoignant de son propre vécu.
10% de la population concernée par l’inceste
Et ce n’est pas anodin car le sujet est tabou malgré l’ampleur du phénomène : un sondage IPSOS de 2021 estime que 6,7 millions de personnes ont subi pendant leur enfance des violences sexuelles à caractère incestueux. 160 000 enfants seraient victimes chaque année de viols ou d’agressions sexuelles. 80% de ces faits se déroulent dans le cadre intrafamilial, les 20% restants concernent les sphères sportives, culturelles, religieuses, scolaires etc.
Le premier pas pour une victime : pouvoir déposer son traumatisme auprès d’un tiers et être entendu d’une manière adéquate. C’est l’objectif de Benjamin : « nous voulons libérer la parole des victimes, pour cela, nous accompagnons les personnes qui ont subi ces agressions pendant leur enfance. Nous proposons des groupes de paroles et des entretiens individuels. Puis nous pouvons aussi apporter notre soutien aux victimes pendant toutes les phases de la procédure judiciaire. »
Groupes de paroles et accompagnement individuel
Deux groupes de paroles se tiennent mensuellement à Evreux (27) : pour les victimes d’une part et pour les proches de victimes d’autre part.
Des rendez-vous individuels sont également proposés « Pour apaiser les souffrances de la victime, nous la recevons puis nous préparons le relais avec le professionnel de santé qui la suivra », détaille Benjamin.
En parallèle, le maillage territorial est aussi mobilisé et les personnes sont orientées, vers des professionnels de santé ou autres partenaires, pour répondre à leurs besoins.
Silence À l’Écoute est lauréat d’un appel au projet du Comité National Olympique et Sportif Français pour l’accompagnement collectif de clubs sportifs qui se retrouvent face à une problématique de violence sexuelles faites aux enfants. Benjamin intervient soit en phase d’urgence, pour désamorcer la situation et limiter l’impact du traumatisme ou bien à postériori, même si les faits sont plus anciens, pour aider et apaiser le groupe. De plus, une psychologue peut mener jusqu’à 5 rendez-vous individuels auprès des personnes qui en ressentent le besoin.
Sensibilisation et formation des professionnel.les au contact d’enfants et d’ados
Mais accompagner les victimes et leurs proches n’est pas suffisant pour faire reculer ce fléau. Donc l’association dispense aussi des séances de sensibilisation et de formation sur les violences sexuelles, principalement en milieu sportif mais pas exclusivement. Tous les environnements qui accueillent des enfants et des adolescents peuvent être concernés. Le cofondateur de Silence à l’écoute explique : « en sensibilisation, je transmets un premier niveau de connaissance sur la pédocriminalité, les lois, les impacts physiques et psychiques, les signaux qui doivent alerter. Pour aller plus loin, lors d’une formation, j’explique comment repérer les signaux, comment les traiter, accueillir la parole de l’enfant et agir. Vers qui se tourner, que faire. »
L’objectif : outiller tous les professionnels afin qu’ils développent la vigilance nécessaire pour détecter des enfants en danger puis qu’ils sachent écouter et enfin agir pour protéger la victime.
L’équipe de Silence À l’Écoute pratique la pair-aidance : 2 des bénévoles, dont Benjamin, ont été confrontés à la pédocriminalité, ils l’annoncent aux personnes qu’ils accompagnent et cela facilite la relation de confiance, indispensable pour démarrer un accompagnement thérapeutique.
Transformer un traumatisme en militant pour lever le tabou et accompagner les victimes
Par cette expérience du traumatisme vécu et dépassé, Silence À l’Écoute porte un message d’espoir. Benjamin estime ne pas l’avoir formalisé en tant que tel, mais le message en filigrane pourrait être le suivant « nous avons fait notre chemin sur ce processus de réparation. Nous avons transformé ce traumatisme en un projet positif en aidant à notre tour des victimes et en contribuant à lever le tabou. »
Silence À l’Écoute peut intervenir lors de séances de sensibilisation et formation dans toute la France !
Qui agit au sein de Silence À l’Écoute ?
Benjamin est sophrologue, il co-anime les groupes de parole et reçoit en individuel les personnes. Il anime également les formations.
Sarah est psychologue, elle co-anime les groupes de paroles et reçoit en rendez-vous individuel.
Marie est une proche de victimes, elle co-anime le groupe de paroles réservé aux proches, souvent des conjoints ou des parents.
Pour garder le contact :
Benjamin Perreau
Président de Silence À l’Écoute
silence.a.lecoute@gmail.com
https://www.silencealecoute.fr/