Mélina, 23 ans, travaille depuis près d’un an au multi-accueil Léo Lagrange Libellule à Assat (64). Porteuse d’une trisomie 21, elle démontre que les personnes atteintes de ce handicap peuvent devenir autonomes et mener une vie presque ordinaire.
C’est le bouche-à-oreille qui a permis à Mélina de rejoindre le multi-accueil Libellule. « J’avais envie de travailler avec les enfants pour les aider à grandir », explique cette dernière. Mélina avait déjà réalisé des stages dans des écoles à Pau et souhaitait travailler avec les tout-petits. « Nous n’avons pas eu besoin de nous mettre d’accord pour l’accueillir ; c’était une évidence », raconte Peggy Ferreira, directrice adjointe du multi-accueil Libellule. «Son éducatrice nous a contactés par l’entremise de l’une de nos professionnelles afin de voir comment nous pourrions mettre quelque chose en place »
Un accompagnement sur mesure
En septembre 2020, Mélina pousse les portes du multi-accueil pour un premier entretien. « Nous ne pouvions pas salarier directement Mélina. Nous devions tout d’abord la former et réfléchir à la manière de l’accompagner pour mettre en avant ses compétences et les valider », explique Catherine Brun, directrice du multi-accueil Libellule. En octobre 2020, Mélina débute par un stage de trois mois au sein de la structure. « C’était l’occasion d’évaluer ses capacités notamment relationnelles », explique Peggy. « L’idée était également de voir si Mélina était motivée sur le long terme et si le quotidien à la crèche correspondait bien à ses attentes et à son projet personnel. »
Mélina n’avait jamais travaillé dans une structure petite enfance. Elle a commencé par observer, a appris à adapter son langage selon qu’elle s’adresse aux enfants ou aux parents. Des outils ont été mis en place afin d’apprécier l’évolution de ses compétences notamment au niveau du savoir-être et du savoir-faire en lien avec le référentiel du CAP petite enfance. « Notre objectif est d’accompagner Mélina dans la formation en faisant attention à sa capacité d’évolution », explique Catherine.
A l’issue de son stage, Mélina est embauchée pour une durée d’un an. Elle travaille quatre matinées par semaine à la crèche soit 16 heures par semaine. « Nous nous sommes battus pour financer son poste et trouver des solutions », se souvient Peggy. « Nous souhaitions vraiment poursuivre avec elle. » L’accès au monde du travail pour les personnes porteuses de la trisomie 21 n’est pas chose aisée. « La situation de Mélina est inédite », abonde Peggy. « Une jeune fille trisomique qui travaille dans une structure petite enfance, c’est novateur ! » « Il est important que son expérience à nos côtés débouche sur de la professionnalisation et sur une reconnaissance de ses acquis professionnels. Notre ambition est que cette démarche devienne pérenne et ouvre la voie à des profils similaires à celui de Mélina », poursuit Catherine.
Trouver sa place
Ce projet n’aurait pas pu voir le jour sans l’adhésion de l’ensemble des professionnelles de la crèche. « Toute l’équipe est impliquée », explique Catherine. « C’est un projet à part entière qui nécessite un accompagnement quotidien de la part des autres professionnelles ». Mélina travaille avec un binôme qui l’accompagne, la conseille. « Chaque semaine, nous faisons le point avec elle pour évoquer la semaine, voir où elle en est et faire le point sur les objectifs poursuivis ».
« Mélina a très envie d’apprendre même si c’est parfois difficile », poursuit Peggy. « Sa progression a été très rapide ». Désormais, Mélina est capable de changer une couche, de préparer les enfants pour le repas, d’assurer les transmissions du matin avec les parents. « J’aide beaucoup les enfants, notamment à se laver les mains », explique Mélina qui est également en charge de fournir le linge nécessaire à la vie quotidienne des enfants de sa section. « Au début, elle ne voulait pas participer aux activités peinture avec les enfants. Le fait de se salir lui déplaisait », raconte Peggy. « Désormais, elle anime des ateliers peinture en binôme avec l’une des autres professionnelles de la section ! »
« Nous partons de ce qu’elle sait faire et nous l’accompagnons », explique Catherine. « La reconnaissance officielle de ses compétences est un enjeu qui nous tient à cœur. Nous avançons à tâtons. C’est un réel engagement de notre part ! » Au fil du temps, Mélina devient toujours plus autonome. Chaque jour, elle prend seule le bus depuis Pau pour se rendre au multi-accueil. « Maintenant, j’aimerais m’installer dans mon propre appartement », lance Mélina qui poursuit sa quête d’autonomie.
A la crèche, les enfants l’ont adoptée et ne font aucune différence entre elle et les autres professionnelles. « Quand elle est arrivée, Mélina a été surprise que les enfants viennent spontanément vers elle », témoigne Peggy. « C’est l’une des raisons pour lesquelles elle se sent bien ici », ajoute Catherine. « On la regarde normalement. C’est très important pour elle. Elle a trouvé sa place ! »
Catherine Brun,
directrice du multi-accueil Libellule
libellule@leolagrange.orgPeggy Ferreira,
directrice adjointe du multi-accueil Libellule
libellule@leolagrange.org